De nombreux retraités modestes attendaient ce coup de pouce financier. Selon la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav), la dernière réforme des retraites a bien permis de rehausser, à hauteur « de 30 euros en moyenne », les petites pensions des personnes parties à la retraite depuis septembre.
Un chiffre confirmé par le directeur de la Cnav, Renaud Villard, lors d'une audition ce mercredi 25 octobre au Sénat. Ce chiffre est « conforme à nos prévisions », a-t-il insisté. Il n'a, en revanche, pas précisé le nombre de personnes qui avaient été concernées par cette revalorisation.
Pour les personnes déjà en retraite, la réforme a revalorisé « de 50 euros en moyenne » le minimum contributif pour environ 500.000 personnes, a-t-il ajouté. Parmi elles, 20.000 personnes ont touché le montant maximal de 100 euros. La moyenne de 50 euros « est un peu inférieure » à la prévision de la Cnav, qui était de 60 euros, a précisé Renaud Villard.
Prévision maintenue
La Cnav maintient toutefois sa prévision à terme, dans la mesure où les 500.000 personnes bénéficiaires, pour l'instant, sont plutôt des retraités récents, qui ont besoin d'un coup de pouce moins important, a expliqué le directeur. Avant d'ajouter : « Le montant pour les retraités qui sont partis il y a 20 ans sera plus important (...). On pourra vérifier ex-post le montant de 60 euros. »
Au total 1,7 million de retraités doivent bénéficier d'une revalorisation d'ici septembre 2024, selon les prévisions de la Cnav. Le soutien financier aux petites pensions a été au centre de nombreuses polémiques durant le débat parlementaire sur la réforme des retraites, tant sur le périmètre des bénéficiaires que sur le montant. A terme, ce coup de pouce doit permettre la mise en œuvre de la promesse gouvernementale d'une retraite minimale brute à 85% du Smic (1.200 euros au moment de la réforme), pour tous les salariés ayant effectué une carrière complète au Smic.
Déficit du régime général persistant
S'agissant de l'évolution du déficit du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse, la Cnav prévoit un solde négatif de 7,4 milliards d'euros en 2027, alors qu'il aurait été de 11,7 milliards sans la réforme, selon les chiffres du président de la Cnav, Eric Blachon. A l'horizon 2030, le déficit sera de l'ordre de 10 milliards, « alors qu'il aurait été de 17 milliards sans la réforme », affirme le directeur, Renaud Villard.
La persistance, malgré la réforme, d'un déficit de 10 milliards d'euros « peut surprendre », a reconnu le directeur de la Cnav. « Il ne faut pas oublier » que la réforme des retraites « ne prévoyait pas de remettre à l'équilibre le régime général, mais l'ensemble des régimes de base et complémentaires », a-t-il indiqué.
Le problème de financement se reposera de facto dans les années suivantes, a-t-il averti. « La dernière réforme a contribué à réduire fortement le besoin de financement, mais celui-ci n'est pas encore complètement couvert au-delà de 2030 et 2040 ».
« En 2070, avec la démographie actuelle, (...) le ratio cotisant retraité atteint le chiffre fatidique de 1 », souligne-t-il. « Cela veut dire que chaque actif devra porter sur ses épaules 1 retraité, alors qu'aujourd'hui c'est 1,4 ».
Premiers impacts de la réforme
D'après le rapport 2023 du comité de suivi des retraites (CSR), la réforme des retraites réduira de 0,6 à 0,7 mois le temps passé à la retraite. Cette diminution est la conséquence directe du recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
De même, la garantie d'une retraite minimale de 85% du Smic (pour une carrière complète au Smic) est désormais assurée, « moyennant qu'Agirc-Arrco (l'organisme de retraite complémentaire) y prenne aussi sa part » à l'automne, a déclaré Didier Blanchet, le président du CSR. Cette garantie rend la réforme « redistributive », vue sous l'angle du « bilan global des prestations sur toute la durée de la retraite », a-t-il estimé.
Dans un autre rapport, publié au mois de juin, le comité d'orientation des retraites (COR), affirme, lui, que le système de retraites sera « durablement » dans le rouge dès l'an prochain. Il ne sera donc pas à l'équilibre en 2030, comme promis par l'exécutif.
(Avec AFP)