Anne Hidalgo a placé la lutte contre le réchauffement climatique et ses conséquences néfastes au cœur de sa politique municipale, par exemple en réduisant la présence de la voiture dans les rues de la capitale. En ouverture du Forum Zéro Carbone, qui s'est tenu ce mercredi 30 novembre à l l'Hôtel de Ville, la maire de Paris s'est insurgée contre les climato-sceptiques qui profitent de la situation actuelle pour conserver leur position dominante : « tout ce que disent les scientifiques, comme Jean Jouzel (ancien vice-président du Conseil scientifique du GIEC, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, Ndlr) ici présent, se réalise. Arrêtons de mettre en doute leur parole ! ». De l'avis général, la Cop 26 de Glasgow a été un échec. Pour autant, Anne Hidalgo refuse le défaitisme : « la question n'est plus de savoir pourquoi il faut engager de nouvelles politiques économiques, sociales, industrielles mais comment le faire », a-t-elle indiqué.
Or, le chemin qui mène à cet objectif ne fait pas l'unanimité. Pour arriver à tempérer la hausse des températures à horizon 2050, il est nécessaire de mettre d'accord toutes les parties prenantes concernées - élus, responsables politiques, médias, acteurs économiques, citoyens - : « il faut construire un consensus pour accélérer cette transformation de nos modes de vie et de nos économies vers le zéro carbone », a expliqué la candidate socialiste à l'élection présidentielle.
Pour illustrer son propos, elle a rappelé sa volonté, exprimée en 2014, d'engager le combat sur la question de la pollution de l'air, sujet majeur dans les grandes agglomérations partout en Europe.
« Et dans quoi nous sommes nous retrouvés ? Dans un affrontement sans précédent contre le lobby du diesel qui a essayé de nous convaincre que les filtres à particules étaient l'alpha et l'oméga de leur révolution industrielle », a-t-elle fait valoir.
Le social, enjeu majeur de la transition verte
Le combat a également été politique. « Nous voulons mettre en place dès 2024 une voie dédiée au covoiturage, aux taxis, aux bus sur le périphérique parisien. Or, la Région Île-de-France a mis en ligne une consultation dont la question est : « pour ou contre la suppression d'une voie de circulation pour tous ? » ? C'est une fake news que je dénonce devant la justice », s'est insurgée la Maire de Paris, faisant référence à une autre prétendante à l'Elysée, Valérie Pécresse, présidente la Région Île-de-France.
Anne Hidalgo en appelle à la responsabilité de tous car l'accélération du changement climatique est « une course contre la montre ». Une hausse exponentielle illustrée par la fonte des glaces et ses conséquences : montée des eaux et submersion annoncée de certains pays et régions côtières très peuplées. Avec comme corollaire un chaos « dont on mettra des siècles à se relever », alerte Anne Hidalgo. Pour aboutir à ce consensus d'une économie décarbonée, il faut une prise en compte des conséquences sociales : « il n'y aura de transition écologique réussie que si nous arrivons à créer des outils pour aider les travailleurs concernés dans l'automobile, l'aéronautique, l'agriculture et les énergies fossiles ». Soit des plans de formation et un accompagnement de secteurs nouveaux comme les énergies renouvelables.
Sans oublier la santé : « nous avons vu notre dépendance à la Chine ou l'Inde en matière de médicaments », a expliqué la maire de Paris. Autrement dit, il est temps d'arrêter d'opposer fin du monde et fin du mois, celle-ci pesant essentiellement sur les classes moyennes et populaires. Penser en grand cette transition : c'est le message que veut faire passer Anne Hidalgo avec ses collègues maires de tous bords politiques. « Il faudrait que nos dirigeants nationaux pensent comme des maires », a martelé la première élue de Paris, qui a annoncé que l'Association Internationale des Maires Francophones (AIMF), qu'elle préside, se déroulera en 2022 à Ouagadougou au Burkina Faso. Ce sera « la Cop des villes », qu'on espère plus efficace que sa grande sœur.
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