Après s'être stabilisé, le déficit commercial se creuse à 8 milliards d'euros en août

Après plusieurs mois d'embellie, l'amélioration du solde commercial « marque le pas », notent les douanes ce vendredi. Sur douze mois cumulés jusque fin août, le déficit commercial de la France sur les échanges de biens s'établit à 130,6 milliards d'euros. Ce creusement s'explique par la dégradation du solde des échanges de produits énergétiques.
Hors énergie, le déficit sur les échanges de biens est resté quasi stable, s'établissant à 4,0 milliards d'euros en août (Photo d'illustration).
Hors énergie, le déficit sur les échanges de biens est resté quasi stable, s'établissant à 4,0 milliards d'euros en août (Photo d'illustration). (Crédits : CHINA DAILY)

Le déficit commercial de la France sur les échanges de biens s'est creusé de 0,3 milliard d'euros en août. Il atteint désormais 8 milliards d'euros, ont indiqué les douanes ce vendredi 6 octobre. « Sur le mois, les importations augmentent légèrement (+0,3 milliard d'euros) et atteignent 59,8 milliards d'euros, tandis que les exportations se maintiennent à 51,8 milliards d'euros », ont détaillé les douanes dans leur communiqué.

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Après plusieurs mois d'embellie, l'amélioration du solde commercial « marque le pas », notent les douanes. Sur douze mois cumulés jusque fin août, le déficit commercial de la France sur les échanges de biens s'établit à 130,6 milliards d'euros. Sur l'année 2022, il avait culminé à un montant record de 164 milliards d'euros, plombé par le coût de l'énergie importée de l'étranger par la France.

Le creusement du déficit commercial en août s'explique par la dégradation du solde des échanges de produits énergétiques (-6,1 milliards d'euros en août, contre -5,9 milliards d'euros en juillet). Hors énergie, le déficit sur les échanges de biens est, en effet, resté quasi stable, s'établissant à 4,0 milliards d'euros en août, contre 3,9 milliards en juillet. Du côté des échanges de services, la France a enregistré en août un excédent de 3,3 milliards d'euros, meilleur qu'en juillet (2,0 milliards d'euros), a indiqué la Banque de France dans un communiqué également publié vendredi.

Une « forme de myopie » ?

Au total, le solde des transactions courantes (un indicateur qui englobe à la fois les échanges de biens, de services et de revenus) est déficitaire de 0,8 milliard d'euros en août, précise la banque centrale. En juillet, le même indicateur était déficitaire à hauteur de 1,8 milliard d'euros.

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La situation de la France est-elle pour autant catastrophique ? Publiée au début de l'été, une étude du centre de réflexion La Fabrique de l'Exportation et de l'Ecole supérieure du commerce extérieur (ESCE) a bénéficié fin septembre d'un nouveau coup de projecteur, à l'occasion d'un débat organisé par le Cepii (Centre d'études prospectives et d'information internationales, placé auprès de la Première ministre).

« On peut être surpris de la forme de myopie qui caractérise l'analyse des échanges internationaux de la France en réduisant ceux-ci aux seuls échanges de biens », s'y étonnait son auteur Daniel Mirza, chercheur associé au Cepii et professeur à l'université de Tours.

« Depuis les années 1970 se sont développées de nouvelles formes d'échanges économiques internationaux », comme « les échanges commerciaux de services et les implantations d'entreprises à l'étranger », rappelait Daniel Mirza. En élargissant la focale, il établissait ainsi que les échanges de services de la France ont triplé en 20 ans et que le pays a augmenté « ses parts de marché à l'exportation de services », là où celles de l'Espagne, de l'Italie ou du Royaume-Uni ont baissé.

Attention toutefois, les échanges de services sont « très mal mesurés », avait averti l'économiste Isabelle Méjean auprès de l'AFP. « Historiquement les biens passent par la frontière, donc par un bureau de douane », ce qui en facilite la mesure, « alors que les services ce sont des déclarations en ligne », moins faciles à tracer, avait ajouté la professeure à Sciences Po, spécialiste du commerce international.

Le déficit commercial des Etats-Unis, lui, se réduit

De leur côté, les Etats-Unis peuvent se targuer de voir leur déficit commercial se réduire de nouveau au mois d'août, selon les données publiées jeudi 5 octobre par le département du Commerce. Le déficit des biens et services avec le reste du monde est retombé à 58,3 milliards de dollars, en baisse de près de 10% par rapport au mois précédent.

« Le déficit s'est contracté plus qu'attendu en profitant de la baisse des importations et de la hausse des exportations, mais jusqu'ici le volume global des échanges reste en deçà des niveaux atteints en 2022 », a toutefois souligné dans une note la cheffe économiste de HFE, Rubeela Farooqi.

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Au mois d'août, les exportations de biens ont rebondi de 1,6% par rapport à juillet, profitant en partie de la reprise de la hausse des prix du pétrole, mais également d'une bonne tenue des secteurs de l'équipement informatique et de semi-conducteurs et des produits pharmaceutiques. Les importations ont de leur côté reculé de 0,7%, principalement du fait d'une baisse des importations de ces mêmes équipements informatiques et semiconducteurs ainsi que des smartphones et équipements de la maison.

L'OMC craint un ralentissement du commerce mondial

A l'échelle internationale, l'OMC s'est inquiétée du ralentissement plus fort que prévu de la croissance du commerce mondial de marchandises cette année, minée par les tensions géopolitiques et l'inflation. Ainsi, le volume du commerce mondial de marchandises ne devrait augmenter que de 0,8% cette année. « Le ralentissement projeté du commerce pour 2023 est préoccupant, en raison des conséquences négatives pour le niveau de vie des populations du monde entier », a indiqué, jeudi 5 octobre, la directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, dans un communiqué.

« Les causes exactes du ralentissement ne sont pas claires, mais l'inflation, les taux d'intérêt élevés, l'appréciation du dollar et les tensions géopolitiques sont autant de facteurs qui y contribuent », indique l'organisation, qui pointe aussi du doigt les difficultés du marché immobilier en Chine qui empêche une reprise plus forte après la pandémie de Covid-19.

Les perspectives pour le commerce en 2024 s'annoncent plus favorables. Mais l'OMC continue de mettre en garde contre l'impact négatif que pourrait avoir une scission du commerce mondiale en deux blocs géopolitiques le long d'une ligne de fracture liée à l'invasion russe en Ukraine, avec d'un côté les alliés de Kiev et de l'autre les pays proches de Moscou. Les économistes de l'OMC craignent en particulier une « démondialisation du commerce international ».

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 05/01/2024 à 12:37
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Notre déficit est lié en grande partie à la quasi disparition de notre industrie .Face à une concurrence sauvage l'union Européen doit exiger une révision des règles du commerce international au nom du respect des droits des salariés .En l'absence d...

à écrit le 06/10/2023 à 23:16
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On devrait demander à l italie, l'Allemagne ou aux pays Bas de nous conseiller.

à écrit le 06/10/2023 à 15:23
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130 milliards a l'année et 8 milliards sachant qu'il y a eu une embelliie ?!!!!!! ramener a l'année c'est un peu moins de 11 milliards par mois de déficite, du coup cela montre bien qu'il n'y a pas un gramme d'espérance et d'investissement !!!

à écrit le 06/10/2023 à 12:06
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Dans l'article on laisse entendre que si on tenait compte des échanges commerciaux de services la situation de la France paraîtrait moins catastrophique. On dit que la France aurait augmenté ses parts de marché dans les services mais après on dit que...

à écrit le 06/10/2023 à 11:39
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Nos riches nous coutent trop cher, je propose d'étudier cet article extraordinaire forcément interdit de Frederic Lordon qui a imaginé une pays dans lequel tous les riches et normalement leurs larbins politiciens donc vu qu'ils ne servent qu'à ça à e...

à écrit le 06/10/2023 à 10:32
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Et la balance des paiements? Elle en est où?

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