Maintenir l'emploi exige une haute qualité du dialogue social

OPINION. La reprise du travail, comme de la consommation, est attendue avec impatience par nos TPE-PME et inquiétude par nos salariés. Par Bernard Cohen-Hadad, président de la CPME Île-de-France.
Bernard COHEN-HADAD, président de la Cpme Paris Île-de France.
Bernard COHEN-HADAD, président de la Cpme Paris Île-de France. (Crédits : CPME Île-de-France)

Le déconfinement se déroule par étape. Et l'on attend avec impatience les effets de la « 2ème vague du retour à l'emploi » dans les entreprises qui démarre le 1er juin. La France a plébiscité le chômage partiel :  12.9 millions de salariés dont 3 millions en Île-de-France. Mais la reprise marque le pas.

A titre d'exemple, depuis le 11 mai, 500.000 salariés ont emprunté, chaque jour, les transports en communs. Ils sont 1.5 à 2 millions en période normale. La reprise du travail, comme de la consommation, est attendue avec impatience par les TPE-PME et inquiétude par nos salariés quand on évoque des baisses de salaires pour maintenir l'emploi.

Le risque de licenciement existe

La crise sanitaire a été sans précédent et l'on peut justement se demander si les 450 milliards de moyens financiers mis en place par l'Etat et les régions, pour soutenir l'activité économique, suffiront à éloigner le risque d'une crise économique et sociale. D'autant que l'on annonce une baisse du PIB de 10 à 14 %. Sur le front de l'emploi, le chômage partiel n'a pas été une aubaine mais une bouffée d'oxygène. 94 % des patrons de TPE PME le jugent satisfaisant selon notre enquête réalisée entre le 14 au 26 mai. L'épisode de la Covid-19 s'ajoute aux difficultés rencontrées par les TPE-PME depuis bientôt deux ans du fait des mouvements des gilets jaunes et des grèves dans les transports.

Et si les dispositifs de soutiens financiers et d'exonérations de charges aux entreprises ne suffisent pas à maintenir en vie les entreprises, il faut  bien reconnaître que le risque de licenciement existe. Et un frein à l'embauche des jeunes et des seniors. C'est ce que nous voulons éviter ! C'est pourquoi il faut à court et moyen terme que l'Etat s'engage à utiliser pleinement le dispositif du chômage partiel, y compris à faire du sur-mesure dans les territoires et selon les branches d'activités par un dialogue entre les Direccte et les entreprises.

Inventer les nouveaux équilibres

Les débats post Covid-19 auxquels nous participons ont, d'ores et déjà, fait voler en éclats nos espoirs d' un « monde d'après » différent et fait réapparaître les vieilles recettes inopérantes : taxations des riches et des dividendes, retour de l'ISF, baisse du temps de travail ... Il faut au contraire inventer de nouveaux équilibres pour maintenir l'emploi et relancer la consommation « responsable » des ménages. Dans cet esprit, nous devons accepter de consommer, travailler et vivre différemment. L'arrivée du numérique dans l'entreprise, y compris dans les commerces de proximité, est prometteuse. Elle ne vient pas s'opposer à l'humain. Elle requiert, en revanche, d'organiser différemment le fonctionnement de l'entreprise et  d'encourager le télétravail sur la base du volontariat. Sans mettre fin au présentiel ni au pouvoir de contrôle des entrepreneurs. Il convient également d'encourager l'Etat, comme les collectivités territoriales, à privilégier la mise en place de « small business act » pour tous les marchés publics en invitant les TPE-PME des territoires à y répondre. Il faut enfin renforcer la formation des salariés, quels que soient leur âge, car nous sommes à un moment où, face à la concurrence internationale et aux attentes des consommateurs, des métiers vont disparaître mais d'autres vont apparaître.

Un dialogue social « HQE » pour « Haute Qualité d'Échanges »

La solidarité exceptionnelle qui est née ou qui s'est renforcée dans l'entreprise à l'occasion  de cette période agitée ne doit pas nous détourner de notre cap. Celui de l'entreprise citoyenne. Et faire coller les attentes des entrepreneurs et des salariés sur le terrain aux réalités économiques. Nos entreprises vont avoir besoin de souplesse et de compétences pour continuer de vivre et d'adapter au mieux leur trajectoire. Et si des baisses de salaires peuvent être négociées dans le cadre des accords de performance collective (APC), ces derniers doivent être un ultime recours.

Et en cas de baisse négociée des salaires, il faudra compenser par l'augmentation des primes défiscalisées, de la participation et de l'intéressement. Ces derniers dispositifs méritent encore d'être regroupés et simplifiés. On ne peut pas envisager des efforts à sens unique, ni réclamer plus de contraintes pour les entreprises et moins de droits pour nos salariés. Aujourd'hui, ce qui doit être prioritaire c'est de garantir la haute qualité du dialogue social, un dialogue « HQE » au sens de « Haute Qualité d'Échanges ». C'est pourquoi nous devons favoriser le dialogue entre l'Etat et les partenaires sociaux, respecter les organismes paritaires et leur zone d'interventions. Et se donner les moyens politiques de le mettre en place.

Nous avons besoin de retrouver de l'espoir et de la confiance. Sans confiance, il n'y aura pas de redémarrage économique, ni de consommation. Sans espoir, il n'y aura pas d'envie d'entreprendre. Pour maintenir l'emploi, faisons confiance aux entrepreneurs de terrain que sont les chefs de TPE-PME ! La force du dialogue dans l'entreprise, la haute qualité du dialogue sociale entre l'Etat et les partenaires sociaux, le rôle sociétal des entreprises dans les territoires peuvent y contribuer.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 10/06/2020 à 9:06
Signaler
virer tous les drh les salaries ne sont pas des ressource humaines mais des femmes et des hommes qui enrichisse la nation considéré le personnel comme des machines et pire que le racisme et la c'est la philosophie de ces d r h

à écrit le 10/06/2020 à 7:58
Signaler
En France, le dialogue social est une fiction et la manière avec laquelle l'Exécutif exerce son pouvoir en est la démonstration. Il n'est pas contrebalancé par un Parlement devenu une assemblée de Notables, loin d'être les successeurs du Tiers Etat.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.