Attractivité : la liste des communes bénéficiaires « d'Action Coeur de Ville » s'allonge

EXCLUSIF. Eprouvé depuis 2018 dans 234 villes moyennes, le programme gouvernemental « Action Cœur de ville » va se poursuivre d'ici à 2026, moyennant 5 milliards d'euros supplémentaires. Combien la Banque des territoires va-t-elle flécher ? Action Logement va-t-il revenir dans le dispositif ? Quelle somme va annoncer l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) le 23 mai ? Eléments de réponse.
César Armand
À date, le ministère de la Transition de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires revendique plus de 6.500 actions dont la rénovation de 79.000 logements, la construction ou la réhabilitation de plus de 250 locaux commerciaux ou encore la relocalisation de 56 directions générales des Finances publiques.
À date, le ministère de la Transition de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires revendique plus de 6.500 actions dont la rénovation de 79.000 logements, la construction ou la réhabilitation de plus de 250 locaux commerciaux ou encore la relocalisation de 56 directions générales des Finances publiques. (Crédits : Vincent Kessler)

Saint-Omer (Pas-de-Calais), Haguenau (Bas-Rhin), Bourg-en-Bresse (Ain), Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence), Dax (Landes), La-Roche-sur-Yon (Vendée), Fécamp (Seine-Maritime)... Depuis cinq ans, ces communes ainsi que 227 autres reçoivent des espèces sonnantes et trébuchantes dans le cadre d'« Action Cœur de ville ». Mis en place en mars 2018 par le gouvernement Philippe et doté de 5 milliards d'euros à travers la Banque des territoires (Caisse des Dépôts), Action Logement (ex-1% Logement) et l'Agence nationale de l'habitat (ANAH), ce dispositif vise à revitaliser 234 villes moyennes.

Lire aussiLogement : quel bilan pour « Action Cœur de ville » à la veille de la présidentielle ?

Au programme : réhabilitation et restructuration de l'habitat en centre-ville, développement économique et commercial, mise en valeur de l'espace public et du patrimoine et accès aux équipements et services publics.

Un dispositif reconduit jusqu'en 2026

Ces collectivités comprises entre 15.000 et 100.000 habitants accueillent en effet 23% de la population française et 26% de l'emploi, mais rencontrent des problèmes de désertification des centres-villes ou concentrent des logements de moindre qualité qu'ailleurs.

À date, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires revendique plus de 6.500 actions dont la rénovation de 79.000 logements, la construction ou la réhabilitation de plus de 250 locaux commerciaux ou encore la relocalisation de 56 directions générales des Finances publiques.

Le dispositif a rencontré un tel succès auprès des élus locaux que dès septembre 2021, le président de la République a décidé de le reconduire jusqu'en 2026, date des prochaines élections municipales.

Lire aussi« Action cœur de ville » : Macron l'adapte à l'envie de ville post-Covid

5 milliards d'euros supplémentaires

Tant est si bien que lors du congrès des maires de novembre 2022, Caroline Cayeux, alors ministre des Collectivités territoriales, a confirmé le lancement d'un deuxième volet doté de 5 milliards d'euros supplémentaires au service du recyclage des friches, de la transformation des entrées de ville et des quartiers de gare.

Selon nos informations, sept nouvelles communes viennent de rejoindre l'aventure. Il s'agit de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), Châteaudun (Eure-et-Loir), Hazebrouck (Nord), Saint-Gaudens (Haute-Garonne), Sélestat (Bas-Rhin), Sin le Noble (Nord) et Pontoise (Val-d'Oise). Cette liste sera bientôt officialisée par l'exécutif. D'autres villes avaient candidaté mais n'ont pas obtenu gain de cause.

Par exemple, la maire (LR) de cette ville de 32.000 habitants, Stéphanie Von Euw, compte se saisir de cet outil pour repenser, notamment, l'attractivité de son centre-ville historique.

Combien la Banque des territoires va-t-elle flécher ?

Après avoir mobilisé 2,4 milliards d'euros au lieu de 1,7 milliard et accompagné plus de 4.000 projets sur la première édition d'« Action Cœur de ville » (ACV), la Banque des territoires va ainsi flécher 1,2 milliard d'euros vers ces 241 villes moyennes : 700 millions d'euros de prêts, 500 millions d'investissements en fonds propres et 90 millions de subventions en ingénierie.

« Quand nous intervenons sur une commune comme Angoulême, ville du dessin animé et de l'image, nous travaillons sur de nouveaux locaux pour le festival de la BD, du foncier pour du logement et des écoles. Idem à Vichy qui parie sur le thermalisme pour relancer le tourisme ou à Dieppe qui mise sur la rénovation industrielle. Chaque fois, il y a une cohérence de projet spécifique », confie son directeur Olivier Sichel à La Tribune.

Lire aussiCrise du logement : « Il n'existe pas de solution miracle » (Olivier Sichel, CDC-Banque des territoires)

Des sommes colossales auxquelles il faut ajouter une nouvelle enveloppe de 1,2 milliard d'euros de la filiale dédiée au logement, CDC Habitat, pour 8.000 logements dans 70 communes en France métropolitaine et dans les Outre-Mer.

« En termes d'attractivité, nous avons même un indicateur indiscutable : la reprise de l'immobilier et l'arrêt de la chute du prix du mètre carré. Bonne nouvelle : le prix du m² est reparti, même si, avouons-le, le Covid nous a aidés », poursuit Olivier Sichel.

Le directeur délégué de la Caisse des Dépôts ne croit pas si bien dire. Selon les chiffres officiels de l'Etat, le nombre de transactions immobilières y a augmenté de 17% dans ces communes entre 2018 et 2021, de même que la fréquentation des centres-villes sur la même période a crû de 15%.

Lire aussiCrise du logement : la Caisse des Dépôts sort le carnet de chèques pour relancer l'immobilier neuf

Action Logement va-t-il revenir dans le dispositif ?

De son côté, Action Logement revient aussi dans le dispositif, après avoir déjà apporté 3,8 milliards d'euros de financement total sur les villes « ACV » dont 1,5 milliard pour 25.220 logements déjà sortis de terre ou en cours de production.

Selon une source proche du dossier, le premier bailleur social vient de trancher : il contribuera à hauteur de 1 milliard d'euros d'ici à 2026 dont 250 millions d'euros dès cette année, à savoir 75 millions en subventions et le reste en prêts.

Lors du congrès des maires de novembre dernier, son président Bruno Arcadipane avait pourtant fait savoir qu'il n'était pas « en mesure d'annoncer ce que sera la contribution » de l'ex-1% Logement. En cause : une ponction de 300 millions d'euros sur son budget adopté, par 49-3, dans la loi de finances 2023.

Lire aussiRevitalisation des villes moyennes : Action Logement renonce (pour l'instant) à contribuer à « Action Cœur de ville » 2

Depuis, l'organisme paritaire administré par le patronat et les syndicats négocie avec le gouvernement sa convention quinquennale 2023-2027 pour sortir du statut d'administration publique, qui assimile sa dette à celle de l'Etat, et confirmer sa participation complète au programme.

Quelle somme va annoncer l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) ?

Troisième acteur et non des moindres : l'Agence nationale de l'habitat (ANAH) avait engagé 1,2 milliard d'euros sur la première phase.

A son actif : 181.348 logements rénovés pour 1,09 milliard d'euros, 190 opérations programmées d'amélioration de l'habitat et de renouvellement urbain (OPAH-RU) pour requalifier l'habitat privé ancien et 182 chefs de projets financés pour 16 millions d'euros afin de coordonner localement l'ensemble des parties prenantes.

Lire aussiAttractivité: la Cour des comptes appelle à « maintenir » les moyens d'« Action cœur de ville »


Selon nos informations, lors d'un événement organisé le 23 mai par l'Agence nationale de la Cohésion des territoires (ANCT) au Palais des Congrès porte Maillot, l'ANAH annoncera un montant équivalent de plus de 1 milliard d'euros, en prenant en compte également MaPrimeRénov' versée aux collectivités territoriales.

Autant de milliards d'euros sur lesquels le Sénat se penchera sans doute tôt ou tard. En juillet dernier, les délégations aux collectivités territoriales et aux entreprises de la « Chambre des territoires » avaient dressé un bilan sévère du premier jalon...

Lire aussiRevitalisation des petites et moyennes villes: les dispositifs gouvernementaux revus et corrigés par le Sénat

César Armand
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.