Parce qu'un salarié du secteur marchand sur sept travaille pour une entreprise étrangère, que les investissements directs étranger ont permis en 2013 de créer ou de maintenir plus de 29.600 emplois selon Business France, renforcer l'attractivité économique de la France est une priorité du gouvernement. En témoignent la création de Business France, fruit de la fusion d'Ubifrance et de l'agence française pour les investissements internationaux (AFII), et le lancement du Conseil stratégique de l'attractivité.
Jusqu'à présent, l'attractivité de la France reste forte. En Europe, elle fait partie des trois pays, avec l'Allemagne et surtout le Royaume-Uni, qui aimantent le plus d'investissements directs étrangers. Mais ces positions sont attaquées, notamment par l'Italie et l'Espagne.
Lutter contre le "french bashing"
Pour renforcer l'attractivité du site France - et lutter contre le "french bashing" ("le dénigrement de tout ce qui est français"), notamment de la part des pays anglo-saxons-, le Quai d'Orsay et la direction du Trésor ont rédigé un document qui résume de la façon la plus objective les atouts de la France dans le domaine économique.
Ce document de travail servira à un groupe de cinquante ambassadeurs qui, dès ce mardi et pendant un mois, devront porter la bonne parole auprès des investisseurs étrangers et des relais d'opinions, notamment les journalistes et les blogueurs.
Comment ont été sélectionnés les cinquante pays ciblés ? Quatre critères ont été retenus : les investissements déjà réalisés en France, le montant de leurs réserves de change, la taille de leurs fonds souverains et enfin, les revenus tirés des matières premières. Sans surprise, compte tenu de leurs investissements déjà réalisés en France, les pays européens sont surreprésentés dans ce groupe. Quelques pays plus exotiques, comme l'Azerbaïdjan, le Kenya, le Chili ou encore les Philippines sont également visés.
Outre ce document, le Trésor et le quai d'Orsay se sont également attachés à décortiquer les classements internationaux dans le domaine de l'attractivité, en particulier les plus fameux que sont le « Doing business » de la Banque mondiale et celui du World economic forum (WEF) dans lesquels la France peine à briller. " Nous avons découvert que ces classements ne reposaient pas seulement sur des critères objectifs mais aussi sur des éléments subjectifs comme des sondages d'opinion. Il ne s'agit pas de casser le thermomètre pour oublier que la température monte, il s'agit de faire en sorte que ces classements reflètent une image la plus objective des réalités ", explique-on au ministère des Affaires étrangères, où l'on se réjouit de la qualité d'écoute des interlocuteurs en charge de la réalisation de ces classements.
Les Agences régionales de développement dans la boucle ?
Si cette initiative doit être saluée, ne vient-elle pas tardivement ? Comment expliquer que les gouvernements précédents et notamment les ministères du Commerce extérieur n'aient jamais eu l'idée de créer un document de ce type qui se résume en un " power point " de quelques pages ? Comment faisaient les ambassadeurs pour vanter les atouts du site France ? " Chacun, dans son coin, devait faire avec les moyens du bord pour définir ses propres éléments de langage ", explique-t-on au Quai d'Orsay.
Puisque l'idée lui a été soumise par des relais d'opinion français, ce document de travail pourrait être adressé aux agences régionales de développement qui, dans le cadre de la Loi NOTRe et la création de 13 grandes régions, verront leurs compétences dans le domaine économique renforcé.
En attendant, le ministère des Affaires étrangères et le Trésor comptent sur le soutien actif du gouvernement. Lors de son déplacement en Chine la semaine prochaine, Michel Sapin, le ministre des Finances consacrera une partie de son emploi du temps cette question. Ce sera également le cas d'Emmanuel Macron, qui a déjà défloré le contenu de ce document en Israël le 9 septembre, lors de son déplacement le 24 septembre à Londres.