Baisse de la durée d’indemnisation chômage des seniors : Élisabeth Borne met la pression sur les partenaires sociaux

La Première ministre Élisabeth Borne a affirmé ce jeudi qu'elle considérait comme « un immense gâchis » le fait de se passer de l'expertise des seniors au travail et appelle les partenaires sociaux à « trouver des solutions ». Une déclaration qui va de paire avec celle de son ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui a annoncé vouloir diminuer la durée d'indemnisation chômage des seniors pour augmenter le taux d'emploi des 60-64 ans.
« Nous passer de leur expertise et de leur expérience est un immense gâchis, et nous ne pourrons pas atteindre le plein-emploi sans relever ce défi », a affirmé Élisabeth Borne
« Nous passer de leur expertise et de leur expérience est un immense gâchis, et nous ne pourrons pas atteindre le plein-emploi sans relever ce défi », a affirmé Élisabeth Borne (Crédits : POOL)

Le gouvernement a entamé une nouvelle bataille politique : celle  d'« atteindre le plein emploi »... notamment chez les seniors. Pour rappel, le taux d'emploi des 60-64 ans est actuellement de 36,2%. Un sous-emploi que la Première ministre à encore jugé problématique ce jeudi, lors de l'évènement « Impact PME » organisé par la CPME à Paris et qui réunit cette année 2000 dirigeants de TPE-PME autour de la thématique « Talents, IA, transition écologique : comment réussir 2024 ».

« Nous passer de leur expertise et de leur expérience est un immense gâchis, et nous ne pourrons pas atteindre le plein-emploi sans relever ce défi », a-t-elle affirmé.

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Pour résoudre ce que le gouvernement considère comme un problème, Élisabeth Borne s'est dite « convaincue » des mérites du dialogue social, « une méthode qui a fait ses preuves ». « Je compte sur les partenaires sociaux pour trouver des solutions nouvelles et ambitieuses », leur a-t-elle notamment lancé en précisant que de nombreux chantiers attendaient ses interlocuteurs. Et pour cause, l'exécutif a annoncé l'ambitieux projet de faire monter le taux d'emploi des 60-64 ans à 65% « à l'horizon 2030 ».

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Pour y parvenir, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, s'est dit favorable à un abaissement de la durée d'indemnisation chômage des plus de 55 ans pour l'aligner sur celles des autres chômeurs. Autrement dit : passer d'une durée de « 27 mois » à « 18 mois ».

Bruno Le Maire défend son projet

Bruno Le Maire a d'ailleurs précisé ses propos ce jeudi. Il a répété sur France Inter « vouloir qu'on mette fin à toutes les hypocrisies du modèle social français » au sujet des plus de 55 ans. Il a noté que sa proposition de baisse du temps de cotisation, pour l'instant reprise par aucun membre du gouvernement, avait « peut-être cassé de la vaisselle », mais avait mis la lumière sur le fait qu'en France, « on discrimine les plus de 55 ans » au travail.

Pour ramener plus de seniors vers l'emploi, le ministre s'est targué de mettre sur la table des « mesures très concrètes ». Il a, par exemple, proposé que dans « tous les métiers difficiles », les 35 à 45 ans aient « un droit automatique à une nouvelle formation », pour « ne pas finir (son) activité dans des métiers qui sont pénibles physiquement ». Bruno Le Maire a aussi proposé de travailler avec les partenaires sociaux « à une sortie progressive et non pas brutale du marché du travail pour les plus de 55 ans » : « par exemple, les plus de 55 ans pourraient avoir droit à des contrats dans lesquels ils travaillent à 4/5, 80% du temps de travail, mais avec 90% de leur salaire et 100% de leurs cotisations retraite », a-t-il avancé.  « Ça a un coût, a-t-il convenu, il faut que nous regardions qui peut assumer ce coût ». Pour lui, « les entreprises ont un rôle majeur à jouer » dans cette affaire.

Le gouvernement tient d'ailleurs tellement à ce projet d'augmentation du taux d'emploi des 60-64 ans qu'il a estimé ne pas avoir suffisamment de garanties concernant l'indemnisation des seniors, pour ratifier la convention d'assurance chômage, pourtant conclue le 15 novembre.

Élisabeth Borne fait une concession sur les « tests PME »

La Première ministre a aussi annoncé jeudi être d'accord pour la mise en place de « tests » avant l'entrée en vigueur de nouvelles normes concernant les PME. « J'ai entendu votre demande de mettre en place un "test PME" pour évaluer en amont l'impact des normes sur les PME: c'est une mesure de bon sens, je vous annonce que nous la mettrons en œuvre », a déclaré Élisabeth Borne.

Quelques minutes auparavant, le président de la CPME François Asselin avait confié que « à l'heure où on multiplie sans cesse les normes, notamment en matière environnementale, où le reporting extra-financier des entreprises, la fameuse CSRD, va se traduire par un véritable tsunami administratif (...) Envoyez-nous des signaux, mettez en place un test PME qui impose une période d'expérimentation avant la mise en place de nouvelles règles nous concernant », avait-il plaidé. François Asselin a ainsi indiqué à l'AFP être très satisfait de l'annonce de la Première ministre. Il prévoit des « panels » d'expérimentation d'une centaine de PME des différents grands secteurs de l'économie avant la mise en place d'une nouvelle norme. « Si ça fonctionne, on déroule, sinon, revoyons la copie! », a-t-il dit.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 30/11/2023 à 20:29
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Il est très probable que le gouvernement anticipe une vague de suppressions d'emplois, la rupture conventionnelle étant souvent utilisée pour faire sans le dire des plans sociaux, un plan social en bonne et due forme coûtant plus cher, faisant de la ...

à écrit le 30/11/2023 à 18:58
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Bah tout ça pour finir par un 49.3 quoi...

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