Le Medef, la CPME ou encore l'U2P sont reçues à l'Élysée pour le déjeuner. Emmanuel Macron veut s'entretenir avec les organisations patronales. Au menu, plusieurs sujets comme la création du conseil national de la refondation promis par le chef de l'État pour plus de concertation, mais aussi le programme économique qu'il souhaite mettre en œuvre pour poursuivre la baisse du chômage, réduire nos déficits, maintenir le modèle social français...
Un dossier sera notamment sur la table : la baisse des impôts de production, ce prélèvement fiscal auquel toutes entreprises sont soumises en plus de l'impôt sur les sociétés, indépendamment de leurs bénéfices ou de leur rentabilité.
Au cours de la campagne, Emmanuel Macron a promis de s'attaquer par exemple à la CVAE, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Et de s'engager à ce qu'elle disparaisse dès 2023, ce qui obligera les collectivités à trouver des sources de financement en remplacement. Chaque année, la CVAE rapporte près de 10 milliards d'euros de produit fiscal.
Une baisse prévue de 7 milliards d'euros des impôts de production
Au total, le gouvernement a prévu de baisser de 7 milliards d'euros ces impôts de production dès l'an prochain... sur les 100 milliards prélevés chaque année, soit quatre fois plus qu'en Allemagne et deux fois plus qu'en Italie. Pour rappel, avec des impôts de production s'élevant à 4% du PIB, la France, selon le cabinet Mazars et l'Institut Montaigne, se classe deuxième dans l'Union européenne, juste derrière la Suède où ils représentent 10% du PIB. Mais en valeur, l'Hexagone reste premier. Cette fiscalité pèse donc sur la compétitivité des entreprises et l'attractivité de la France.
Dans le quinquennat précédent, Emmanuel Macron a déjà réduit de 10 milliards ces impôts de production... mais il avait pour projet d'aller plus loin.
Les scores de la Nupes vont-ils changer la donne ?
Certes, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie à Bercy ou encore Gabriel Attal, ministre des Comptes publics assuraient ces derniers jours que la promesse faite aux entreprises serait tenue. Mais c'était sans compter sur les résultats du premier tour des législatives. Le bon score de la Nupes pourrait, en effet, obliger le gouvernement à revoir ses intentions. Et pour cause, la taxation des sociétés est un point important du programme de la Nouvelle union de la gauche. "On s'attend à ce que la feuille de route change, hélas", rapporte, inquiet, un représentant des entreprises.
Depuis longtemps, la gauche demande moins d'aides pour les entreprises, ou des aides conditionnées à des résultats sur l'emploi ou l'environnement. Reçues la semaine dernière à l'Élysée, les syndicats de salariés ont aussi formulé cette demande.
Les entreprises en font-elles assez ?
Enfin, du côté de l'Élysée, flotte un léger agacement... le chef de l'État estime que les entreprises - qui ont été très soutenues pendant la crise avec le fameux "quoi qu'il en coûte" -, n'ont pas assez pris leur part face à la hausse des prix.
Pourtant le président - comme le ministre de l'Économie - leur a souvent demandé d'augmenter un peu les salaires, de revoir les grilles salariales qui sont encore en dessous du Smic, de recourir à la prime Macron... Le chef de l'État juge d'ailleurs que ce dernier dispositif n'a pas été assez utilisé. Preuve en est, le montant moyen versé l'an dernier aux salariés s'élevait à 500 euros à peine.
Enfin, un dernier élément, et non des moindres, pourrait peser sur un changement de cap à venir : la dégradation du contexte économique.
"Chaque jour, le gouvernement annonce une nouvelle aide pour protéger le pouvoir d'achat des Français , dans un contexte où la charge de la dette s'alourdit", s'inquiète encore un membre du Medef. Ce lundi 13 juin, les taux d'intérêt des emprunts d'État français ont continué à progresser sous la pression de l'inflation et de la remontée des taux de la BCE : le rendement français à 10 ans a dépassé les 2%, un niveau que l'on n'avait pas enregistré depuis 2014.
Nécessité de trouver de l'argent pour le pack "pouvoir d'achat"
Dans ce contexte de tensions budgétaires, garder une partie des 7 milliards d'euros que rapportent les impôts de production pourrait être une option.... Le gouvernement pourrait aussi différer cette baisse en deuxième partie de quinquennat.
Car, pour l'heure, l'urgence se concentre sur les mesures de pouvoir d'achat. Le gouvernement a promis de revaloriser les pensions de retraites cet été, de prolonger la ristourne sur le carburant, de faire un geste à la rentrée pour les plus modestes, de prolonger le bouclier sur le gaz et l'électricité... soit un ensemble à plus de 30 milliards d'euros qu'il espère faire passer - à condition d'avoir une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Ce qui ne semble plus être assuré.