Baisse des impôts de production : pourquoi Macron pourrait ne pas tenir sa promesse

Avant son départ en Roumanie, aujourd'hui, Emmanuel Macron reçoit à déjeuner les chefs d'entreprise. Au menu, entre autres, le dossier emblématique de la baisse des impôts de production, dont la France est championne dans l'UE. Les entreprises attendent que le président tienne sa promesse de campagne de baisser -à nouveau- cette fiscalité qui pèse sur la compétitivité des entreprises, mais le président pourrait avoir quelques raisons d'en différer l'exécution. Explications.
Fanny Guinochet
Photo d'illustration: le président du Medef Geoffroy Roux de Bezieux (à droite) s'entretient avec le dirigeant syndical français de la CPME François Asselin après leur rencontre avec le président Emmanuel Macron et les syndicats français à l’Élysée à Paris, le 4 juin 2020.
Photo d'illustration: le président du Medef Geoffroy Roux de Bezieux (à droite) s'entretient avec le dirigeant syndical français de la CPME François Asselin après leur rencontre avec le président Emmanuel Macron et les syndicats français à l’Élysée à Paris, le 4 juin 2020. (Crédits : Reuters)

Le Medef, la CPME ou encore l'U2P sont reçues à l'Élysée pour le déjeuner. Emmanuel Macron veut s'entretenir avec les organisations patronales. Au menu, plusieurs sujets comme la création du conseil national de la refondation promis par le chef de l'État pour plus de concertation, mais aussi le programme économique qu'il souhaite mettre en œuvre pour poursuivre la baisse du chômage, réduire nos déficits, maintenir le modèle social français...

Un dossier sera notamment sur la table : la baisse des impôts de production, ce prélèvement fiscal auquel toutes entreprises sont soumises en plus de l'impôt sur les sociétés, indépendamment de leurs bénéfices ou de leur rentabilité.

Au cours de la campagne, Emmanuel Macron a promis de s'attaquer par exemple à la CVAE, la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Et de s'engager à ce qu'elle disparaisse dès 2023, ce qui obligera les collectivités à trouver des sources de financement en remplacement. Chaque année, la CVAE rapporte près de 10 milliards d'euros de produit fiscal.

Une baisse prévue de 7 milliards d'euros des impôts de production

Au total, le gouvernement a prévu de baisser de 7 milliards d'euros ces impôts de production dès l'an prochain... sur les 100 milliards prélevés chaque année, soit quatre fois plus qu'en Allemagne et deux fois plus qu'en Italie. Pour rappel, avec des impôts de production s'élevant à 4% du PIB, la France, selon le cabinet Mazars et l'Institut Montaigne, se classe deuxième dans l'Union européenne, juste derrière la Suède où ils représentent 10% du PIB. Mais en valeur, l'Hexagone reste premier. Cette fiscalité pèse donc sur la compétitivité des entreprises et l'attractivité de la France.

Dans le quinquennat précédent, Emmanuel Macron a déjà réduit de 10 milliards ces impôts de production... mais il avait pour projet d'aller plus loin.

Les scores de la Nupes vont-ils changer la donne ?

Certes, Bruno Le Maire, ministre de l'Économie à Bercy ou encore Gabriel Attal, ministre des Comptes publics assuraient ces derniers jours que la promesse faite aux entreprises serait tenue. Mais c'était sans compter sur les résultats du premier tour des législatives. Le bon score de la Nupes pourrait, en effet, obliger le gouvernement à revoir ses intentions. Et pour cause, la taxation des sociétés est un point important du programme de la Nouvelle union de la gauche. "On s'attend à ce que la feuille de route change, hélas", rapporte, inquiet, un représentant des entreprises.

Depuis longtemps, la gauche demande moins d'aides pour les entreprises, ou des aides conditionnées à des résultats sur l'emploi ou l'environnement. Reçues la semaine dernière à l'Élysée, les syndicats de salariés ont aussi formulé cette demande.

Les entreprises en font-elles assez ?

Enfin, du côté de l'Élysée, flotte un léger agacement... le chef de l'État estime que les entreprises - qui ont été très soutenues pendant la crise avec le fameux "quoi qu'il en coûte" -, n'ont pas assez pris leur part face à la hausse des prix.

Pourtant le président - comme le ministre de l'Économie - leur a souvent demandé d'augmenter un peu les salaires, de revoir les grilles salariales qui sont encore en dessous du Smic, de recourir à la prime Macron... Le chef de l'État juge d'ailleurs que ce dernier dispositif n'a pas été assez utilisé. Preuve en est, le montant moyen versé l'an dernier aux salariés s'élevait à 500 euros à peine.

Enfin, un dernier élément, et non des moindres, pourrait peser sur un changement de cap à venir : la dégradation du contexte économique.

"Chaque jour, le gouvernement annonce une nouvelle aide pour protéger le pouvoir d'achat des Français , dans un contexte où la charge de la dette s'alourdit", s'inquiète encore un membre du Medef. Ce lundi 13 juin, les taux d'intérêt des emprunts d'État français ont continué à progresser sous la pression de l'inflation et de la remontée des taux de la BCE : le rendement français à 10 ans a dépassé les 2%, un niveau que l'on n'avait pas enregistré depuis 2014.

Nécessité de trouver de l'argent pour le pack "pouvoir d'achat"

Dans ce contexte de tensions budgétaires, garder une partie des 7 milliards d'euros que rapportent les impôts de production pourrait être une option.... Le gouvernement pourrait aussi différer cette baisse en deuxième partie de quinquennat.

Car, pour l'heure, l'urgence se concentre sur les mesures de pouvoir d'achat. Le gouvernement a promis de revaloriser les pensions de retraites cet été, de prolonger la ristourne sur le carburant, de faire un geste à la rentrée pour les plus modestes, de prolonger le bouclier sur le gaz et l'électricité... soit un ensemble à plus de 30 milliards d'euros qu'il espère faire passer - à condition d'avoir une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Ce qui ne semble plus être assuré.

Fanny Guinochet
Commentaires 9
à écrit le 15/06/2022 à 10:00
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"baisse des impots de production " quelle belle hypocrisie , dès que l'état baisse les aides en tout genre aux entreprises et même aux collectivités c'est la levée de boucliers de la part des professionnels !!! J'ai vu ainsi la fédération locale du...

à écrit le 15/06/2022 à 3:44
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Je ne vois pas la nécessité d'un "repas d'affaires" pour ce genre de consultation. Le point positif de la baisse des impôts de production est la baisse du chômage, mais est-elle corrélative? J'espère que oui; si elle est confirmée, on pourra en dédui...

le 15/06/2022 à 9:51
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L'impot et les charges sociales ont bon dos et ne sont qu'un prétexte à l'immobilisme , la clef du succès c'est l'innovation et l'investissement tant en matière grise , c'est à dire la formation qui relève de la responsabilité des entreprises, à elle...

à écrit le 14/06/2022 à 17:15
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il me semble que ca avait ete decide par Hollande et vu la rapidite de l administration ca a ete mit en place sous Macron. De toute facon c est pas des economies de 5 € qu il faut faire ! PS: les APL ca enrichit les proprietaires pas le locataire ...

à écrit le 14/06/2022 à 15:24
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Maintenant qu'il a été réélu, il s'en fiche complètement de ce qui arrivera au pays. Ce qui lui plaît, ce sont les virées à l'étranger, les visites de chefs d'Etats et de Gouvernements, les occasions de faire de longs discours largement diffusés, et...

à écrit le 14/06/2022 à 14:07
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le probleme n est pas de supprimer un impot (quelqu il soit) mais de supprimer des depenses (ou d augmenter un autre impot pour compenser). Macron est incapable de baisser les depenses (il a eut 5 ans pour prouver le contraire) donc au mieux il y aur...

le 14/06/2022 à 16:13
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N'importe quoi et scrogneugneu, les dépenses il sait les faire baisser, vous oubliez les 5 euros d'apl. Ne désespérez pas.

le 14/06/2022 à 18:10
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Il suffirait de ne pas les augmenter et de laisser faire l'inflation mais l'assistanat et la démagogie gauchistes c'est dur à combattre. Il serait sans doute plus efficace de leur laisser le pouvoir et d'attendre que quand la France sera en faillite,...

le 14/06/2022 à 20:54
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Comment baisser les impôts et donc les dépenses avec des gilets jaunes zappatistes- melenchonistes, 18 mois de covid ensuite … vous charger la barque non ? Par contre si cela avait été fait au fil de l’eau depuis 40 ans on en serait pas là …

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