Coup de pouce pour les populations habitant en zone rurale. Dans le cadre du « programme de reconquête du commerce rural », du gouvernement, la ministre du Commerce, Olivia Grégoire, a annoncé ce lundi l'octroi de subventions pour 43 projets de création de commerce dans des communes rurales, pour un montant de 1,2 million d'euros. Dans le détail, ces commerces seront répartis dans 28 départements et la moitié d'entre eux s'installeront dans des communes n'ayant aucun commerce de proximité.
Les commerces ayant pignon sur rue pourront recevoir jusqu'à 80.000 euros d'aides à l'investissement quand la subvention atteindra 25.000 euros pour les commerces itinérants. Au total, avec cette vague de subvention, « 50.000 Français vont voir un commerce ouvrir dans leur commune », s'est félicitée la ministre, lors d'une conférence de presse.
Redynamiser les communes rurales
Cette annonce, qui est en réalité la troisième salve du programme débuté en mars 2023 par le ministère du Commerce et celui des Collectivités territoriales, a pour but de lutter contre la désertification des communes rurales. Et pour cause, plus de 21.000 communes ne disposent d'aucun commerce, soit 62% des communes françaises contre 25% en 1981, selon le gouvernement. « Ces territoires font face à un cercle vicieux, a affirmé Olivia Grégoire. Moins il y a de commerce dans une commune, moins il y a d'habitants, moins il devient attractif pour les commerçants de venir et même de rester dans cette commune. » Un problème qui crée des conséquences en cascade.
« D'abord, cela oblige les habitants de ces territoires à faire des kilomètres en voiture pour faire leurs courses mais le manque de commerces a aussi des conséquences sociales puisque cela crée une perte de lien entre les habitants et un sentiment d'abandon », a rappelé la ministre.
Un problème que le gouvernement ne tient pas à prendre à la légère depuis que le centre d'analyse économique (CAE) a révélé dans une note publiée en janvier 2020 que « la perte des lieux de socialisation semble participer au mal-être des territoires mobilisés dans le mouvement des gilets jaunes. A contrario, lorsque le tissu associatif local est plus dense, les expressions de mécontentement sont plus rares ». Derrière l'opération communication du gouvernement qui espère séduire les électeurs ruraux, se tient donc aussi un véritable enjeu de stabilité politique pour le quinquennat en cours.
C'est donc en partie pour éviter une nouvelle crise des gilets jaunes que le gouvernement à lancé, au printemps 2023 ce programme devant s'étaler jusqu'en 2025.
224 commerces subventionnés
D'ailleurs, toujours dans cette optique de réponse aux critiques, Olivia Grégoire a tenu à rappeler que l'étude des appels à projets « est décentralisée au niveau des préfectures et des sous-préfectures, ce qui permet d'être au plus proche de la physionomie des territoires ruraux ».
Une méthode qui permet au gouvernement de vanter un bilan de 224 projets de commerces subventionnés sur les six premiers mois du programme. Le tout pour un montant total de 6,5 millions d'euros d'aides publiques investies. Ces commerces, « majoritairement des multi-services, mais aussi des bars-restaurants, et des épiceries sociales et solidaires », selon le cabinet de la ministre, seront répartis dans 72 départements. « Ils permettront à 151.000 Français de voir une activité revenir dans leur commune », s'est encore félicité le ministère, en précisant « qu'une dizaine de commerces lauréats au printemps 2023 ont d'ailleurs déjà ouvert leurs portes. »
Le gouvernement compte d'ailleurs capitaliser sur ce projet qui doit bénéficier d'une enveloppe de 12 millions d'euros ferme par an, jusqu'à fin 2025. Objectif affiché pour le cabinet d'Olivia Grégoire : « Nous visons le financement de 500 projets, au printemps prochain et au moins 1.000 commerces d'ici 2025, ce qui bénéficierait à 500.000 habitants ». Mais alors, le gouvernement ne risque-t-il pas de financer des projets non viables... avec l'argent des contribuables? Non, se défend le ministère. « Dans la sélection des lauréats, nous jugeons avant tout la crédibilité des projets, affirme le cabinet de la ministre. Surtout, nous veillons à ce que les commerces bénéficient du soutien de leur commune pour assurer leur viabilité. » L'avenir nous dira si la sélection du gouvernement s'est montrée à la hauteur de ses attentes.