Bercy veut muscler la lutte contre les fraudes fiscales et sociales

Le gouvernement a lancé un nouveau conseil d'évaluation des fraudes. Celui-ci est chargé de plancher sur le chiffrage de ces phénomènes encore bien difficiles à mesurer. Composée d'une trentaine d'experts et d'économistes reconnus, cette instance doit se réunir en décembre prochain pour faire un point d'étape.
Grégoire Normand
Le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave souhaite mobiliser toutes les administrations publiques dans la lutte contre la fraude.
Le ministre délégué aux Comptes publics Thomas Cazenave souhaite mobiliser toutes les administrations publiques dans la lutte contre la fraude. (Crédits : Reuters)

La grande banque suisse UBS est dans le collimateur de la justice française. Dans quelques semaines, les juges vont devoir se prononcer sur le pourvoi en cassation de l'établissement contre sa condamnation pour blanchiment aggravé de fraude fiscale et démarchage bancaire illégal. Le mastodonte de la gestion de fortune a été reconnu coupable par la Cour d'appel de Paris en 2021 de démarchage illégal de riches contribuables français, afin de rapatrier leurs comptes en Suisse. La banque risque d'écoper d'une amende colossale de 1,8 milliard d'euros. Un record dans l'Hexagone.

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À l'approche de ce verdict très attendu, Bercy veut montrer qu'il sort les muscles sur la lutte contre la fraude fiscale et sociale. Réunis au ministère de l'Economie, ce mardi 10 octobre, une trentaine d'experts nationaux et internationaux reconnus ont été consultés par le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave. Parmi les personnalités présentes figurent Pascal Saint-Amans, ancien monsieur impôt à l'OCDE, Gabriel Zucman, président de l'Observatoire européen de la fiscalité, mais aussi la présidente de la fondation IFRAP, Agnès Verdier-Molinié.

« L'objectif est de lancer le conseil national d'évaluation des fraudes. Nous avons décidé de faire de la lutte contre la fraude une priorité », a déclaré le ministre lors d'un point presse.

Cinq mois après la présentation des mesures anti-fraude par son prédécesseur, Gabriel Attal, le nouveau ministre des Comptes publics entend dérouler cette feuille de route au pas de charge. A l'époque, le plan avait pourtant soulevé des doutes chez les spécialistes de la fraude fiscale interrogés par La Tribune.

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Un arsenal législatif renforcé

Les textes budgétaires présentés fin septembre comportent un arsenal législatif renforcé. Bercy a prévu de déployer des moyens sur les contrôles (impôt sur le revenu et impôt sur les sociétés). Parmi les outils évoqués, figure la possibilité pour les agents de fisc de traquer les fraudeurs grâce à des enquêtes en ligne « sous pseudonyme ».

« On doit pouvoir garantir que toutes celles et ceux qui doivent s'acquitter de l'impôt l'acquittent véritablement. Et que celles et ceux qui bénéficient d'aides sociales en bénéficient à bon escient », a-t-il justifié.

Le projet de loi de finances va également créer « un régime de sanctions pour les aides aux entreprises », a poursuivi le locataire de Bercy. S'agissant de la fraude sociale, le ministère des Finances compte mettre l'accent sur la fraude à l'assurance-maladie. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) prévoit également « la création d'un délit de fraude sociale » avec une intention portée sur « les indemnités journalières » et « les travailleurs de plateforme ». Du point de vue de la méthode, Bercy devrait également renforcer « les contrôles aléatoires ».

Une fraude difficile à chiffrer

Le montant des fraudes fiscales et sociales fait l'objet d'âpres débats en France. « Il est très difficile d'avoir un chiffre qui permet de montrer l'ampleur de la fraude », a pointé Thomas Cazenave. « Nous avons besoin d'y voir plus clair sur la réalité de la fraude », a-t-il ajouté « pour pouvoir se fixer des objectifs précis ».

Interrogé par La Tribune sur le montant que pourrait rapporter ce renforcement de la lutte contre la fraude, le ministre a botté en touche. « C'est la question que je me pose justement. Aujourd'hui, il est difficile d'avoir des objectifs sans un montant précis de fraude », a-t-il expliqué.

Au cours du premier quinquennat Macron, plusieurs règles ont permis d'assouplir le régime des contrôles fiscaux, comme le droit à l'erreur. L'exécutif avait également permis de régler les litiges par des transactions ou des accords entre le contribuable ou l'entreprise mis en cause et l'administration fiscale. Des règles largement contestées par les syndicats à Bercy et des élus d'opposition. La semaine dernière, les élus de la Nupes ont tenu un colloque sur l'évasion fiscale à l'Assemblée nationale en espérant que certaines propositions seront retenues à l'occasion des discussions budgétaires de l'automne.

1,5 milliard d'euros récupéré par Tracfin

Dans un communiqué publié à l'occasion de la sortie de cette ultime partie du rapport Tracfin pour 2022, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire et le ministre des Comptes publics Thomas Cazenave « saluent l'action » de l'organisme, qui a signalé l'an dernier « plus de 2,1 milliards d'euros d'enjeux financiers, dont près de 1,5 milliard en matière de fraude fiscale, sociale ou douanière ».

Grégoire Normand
Commentaires 15
à écrit le 11/10/2023 à 8:40
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LOL ! Ben fermez les paradis fiscaux ! Quels hypocrites c'est à se demander s'ils ne se font pas un concours entre eux quand même.

le 02/11/2023 à 17:13
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Surtout que deux paradis fiscaux dépendent de la France : Andorre et Monaco.

à écrit le 11/10/2023 à 5:15
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Loin, tres loin de cet enfer fiscal.

le 11/10/2023 à 9:22
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Ça n'a pourtant pas l'air de te rendre plus épanoui et serein.

à écrit le 10/10/2023 à 19:53
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Ou absence de détermination ? De temps en temps, le sujet est ressorti avec moultes déclarations tonitruantes. Ça y est, cette fois c'est la bonne ! Puis, rien, ou si peu, au regard des estimations les plus basses du consensus des observateur...

à écrit le 10/10/2023 à 19:43
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Bonjour, comment cela ils y a de la fraude a tous les étages... Des plus riche au plus pauvres... Ils y a bien longtemps que le ministère des comptes publics devrait fortement se sentir concerné... Ils est si simple de spolié les caisse de retrait...

à écrit le 10/10/2023 à 19:40
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176 MILLIARDS de Francs à l'union européenne et 100 MILLIARDS de Francs à des pays et des organisations étrangers (Aide publique au développement) en 2022 ! Le régime gauchiste de macron a pris tous ces MILLIARDS au Peuple Français pour les envoyer à...

à écrit le 10/10/2023 à 19:31
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BIZARRE IL A QUELQUES ANNEES LA COUR DES COMPTES AVAIT CHIFFRE LA FRAUDE SOCIALE ET FISCALE DES EMPLOYEURS A 140MILLIARDS LA FRAUDE FISCALE ET SOCIALE DES PARTICULIERS 80-90 MILLIARDS BREF SI TOUT LE MONDE PAYAIT ON AURAIT PAS DE DEFICIT ET BEAUCOUP ...

à écrit le 10/10/2023 à 19:31
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BIZARRE IL A QUELQUES ANNEES LA COUR DES COMPTES AVAIT CHIFFRE LA FRAUDE SOCIALE ET FISCALE DES EMPLOYEURS A 140MILLIARDS LA FRAUDE FISCALE ET SOCIALE DES PARTICULIERS 80-90 MILLIARDS BREF SI TOUT LE MONDE PAYAIT ON AURAIT PAS DE DEFICIT ET BEAUCOUP ...

à écrit le 10/10/2023 à 18:52
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Et c'est reparti pour le serpent de mer des fraudeurs! A ce propos, nous pourrions, à juste titre, traiter de fraudeurs ces parlementaires qu'il faut remettre dans le droit chemin à coups de 49-3 et ces ministres (et présidents) qui parlent redressem...

à écrit le 10/10/2023 à 18:15
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Ben c'est pas trop tôt !!!! La fraude fiscale et sociale s'est téllement développée au profit des plus riches; elle est devenue un sport national, un pseudo critère d'intelligence. Les revues libérales ont largement contribué à cela en développant l...

à écrit le 10/10/2023 à 17:00
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L’enquête de Cash Investigation « Hold-up sur la Sécu : à qui profite la fraude ? », diffuséeen 2022 tordait le cou à certaines idées reçues. Des propos étayés par un rapport de l’Assurance maladie : sur les fraudes détectées en 2021, soit 219,3 mi...

à écrit le 10/10/2023 à 15:58
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Très bien mais quand on lit que on va créer un un nouveau conseil d'évaluation des fraudes et que parmi les membres il y a: monsieur impôt à l'OCDE, monsieur président de l'Observatoire européen de la fiscalité, madame présidente de la fondation IFRA...

le 10/10/2023 à 21:42
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Je me souviens d'avoir côtoyé un donateur (défiscalisé) de l'IFRAP, forcément le retraité à 4000€ par mois en appelant pratiquement à faire de LR un parti unique... Ce n'est pas un hasard si Mélenchon fait 20% en multipliant les références à Robespie...

à écrit le 10/10/2023 à 15:58
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Le fisc comme la sécu disposent d'indicateurs d'alertes , exemple quand un professionnel de santé dépasse un certain nombres d'actes sur la journée ou le mois l'intéressé peut recevoir un message de mise en garde et s'il persiste lui couper son lec...

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