Budget 2024 : les éleveurs bovins vont bénéficier d'un coup de pouce

Les éleveurs bovins ont vu leur imposition augmenter en raison de la hausse de la valeur de leur cheptel. En conséquence, le ministre de l'Economie a annoncé une mesure de défiscalisation. Elle doit prendre la forme d'une provision de 150 euros par vache, à hauteur de 15.000 euros par exploitation. Le coût de cette mesure est évalué à quelques dizaines de millions d'euros.
La France a perdu plus de 850.000 vaches à viande et laitières depuis 2016.
La France a perdu plus de 850.000 vaches à viande et laitières depuis 2016. (Crédits : Pascal Rossignol)

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé ce vendredi 6 octobre une mesure de défiscalisation en faveur des éleveurs bovins, qui ont vu leur imposition augmenter en raison de la hausse de la valeur de leur cheptel. « Dans le budget 2024, une mesure exceptionnelle de soutien à l'élevage français prendra la forme d'une provision de 150 euros par vache à hauteur de 15.000 euros par exploitation, soit cent vaches, afin de réduire l'imposition des éleveurs qui résulte de l'augmentation de la valeur de leur stock », a indiqué le locataire de Bercy, dans un entretien au quotidien régional La Montagne.

« C'est une demande forte du monde de l'élevage. En ces temps de disette budgétaire nous avons voulu malgré tout y accéder », a ajouté celui qui fut ministre de l'Agriculture de 2009 à 2012.

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Bercy évalue le coût de la mesure à « quelques dizaines de millions d'euros ». Cette défiscalisation était réclamée par la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire. Ce dernier souligne qu'avec l'inflation, la valeur comptable des vaches augmente, ce qui gonfle artificiellement le bénéfice imposable des exploitants. Sur le plan comptable, les vaches sont du « stock immobilisé ».

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« Nous devons stopper la décapitalisation (baisse, ndlr) du cheptel bovin francais », a asséné Bruno Le Maire au Sommet de l'élevage. « Nous devons stopper cette hémorragie comme nous sommes arrivés depuis quelques années à stopper l'hémorragie industrielle ».

Le ministre attendu de pied ferme

Cette mesure est aussi perçue comme un moyen de lutter contre la baisse du cheptel. Sans défiscalisation, « des éleveurs pourraient être tentés de vendre quelques vaches » pour réduire leur impôt, ce qui risque de se traduire par une « perte de capacité de production », avait pointé le président de la FNSEA Arnaud Rousseau mercredi lors d'une conférence de presse.

Cette annonce intervient alors que le ministre de l'Economie était attendu de pied ferme au sommet de l'élevage, ce vendredi. « On besoin de clarifier les choses », a affirmé mercredi la FNSEA. L'organisation attend des politiques qui viennent au salon d'avoir « une vraie vision de long terme » pour l'élevage et pas simplement de s'afficher « au cul des vaches », a déclaré son président.

Pour lui, le ministre doit « montrer qu'il a compris » la nécessité de préserver l'élevage pendant une visite de l'évènement qui draine plus de 100.000 visiteurs jusqu'à vendredi près de Clermont-Ferrand. Exploitants et coopératives agricoles critiquent de plus en plus ouvertement l'ex-ministre de l'Agriculture (2009-2012), en particulier depuis qu'il a vanté en mai dans un tweet le bilan carbone des substituts végétaux à la viande.

Les professionnels craignent aussi de faire les frais de sa volonté de baisser le coût de l'alimentation. Bercy porte un projet de loi pour avancer les négociations annuelles entre les supermarchés et leurs grands fournisseurs de l'agroalimentaire (Mondelez, Nestlé, Danone...) dans l'espoir de faire baisser les prix plus vite dans les rayons. Mardi au sommet de l'élevage, un éleveur a dénoncé auprès du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau les « conneries » du ministère de l'Economie.

La consommation de bœuf ne baisse pas

La Cour des comptes a heurté les éleveurs bovins en mai en recommandant de « définir une stratégie de réduction » du nombre de vaches élevées en France pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Ces ruminants émettent naturellement, en rotant, du méthane au cours de leur digestion, ce qui alourdit considérablement le bilan carbone de l'agriculture française.

Pour baisser les émissions de la France, la planification écologique portée par le gouvernement prône un régime alimentaire « moins émissif » avec « plus de végétaux (légumes et légumineuses), moins de viande, mais de meilleure qualité et produite en France, des produits plus locaux et de saison ». Cette stratégie ne prévoit pas d'accélérer la réduction du cheptel, mais compte sur la poursuite, au rythme actuel, de la baisse du nombre de têtes du fait des arrêts d'activité d'éleveurs.

La France a perdu plus de 850.000 vaches à viande et laitières depuis 2016. Dans le même temps, indique Interbev, la consommation de bœuf « se transforme (plus de consommation hors domicile, plus de viande hachée) », mais « ne se réduit pas en volume global » ce qui se traduit par une hausse des importations.

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 07/10/2023 à 9:09
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Gonfler c'est polluer et c'est un secteur qui pollue déjà énormément. Je propose de n'aider financièrement qu'une filière vertueuse bovine à savoir viande de qualité car animaux bien traités et surtout abattage dans le respect de la vie de l'animal q...

à écrit le 06/10/2023 à 18:48
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J'ai l'impression qu'un coup de corne sera nécessaire.

à écrit le 06/10/2023 à 14:41
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"Le coût de cette mesure est évalué à quelques dizaines de millions d'euros. " En plus des aides de la PAC, donc.

à écrit le 06/10/2023 à 13:07
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Y a trop de vaches...et si on rajoute les bœufs nous avons une catastrophe écologique et societale😃

le 06/10/2023 à 14:35
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je suppose que vous dénigrez l élevage industriel ! ! car l élevage raisonné contribue à l écologie au tourisme tout en façonnant le paysage

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