Budget sécu : comment le gouvernement compte économiser 3,5 milliards d'euros

Dans le cadre de l'examen du financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui débute mardi à l'Assemblée nationale, le gouvernement vise une économie de 3,5 milliards d'euros sur les dépenses de la branche maladie qui plombent principalement les comptes de la Sécurité sociale, dont le déficit est revu à la hausse à 8,8 milliards d'euros en 2023 puis à 11,2 milliards en 2024.
Les oppositions parlementaires ont infligé un revers symbolique au camp présidentiel, en rejetant vendredi en commission le projet de budget de la Sécu pour 2024.
Les oppositions parlementaires ont infligé un revers symbolique au camp présidentiel, en rejetant vendredi en commission le projet de budget de la Sécu pour 2024. (Crédits : Reuters)

Le 49.3 devrait rentrer sur le terrain bien avant la fin de l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) qui débute demain à l'Assemblée nationale.

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Les oppositions ont en effet infligé un revers symbolique au camp présidentiel, en rejetant vendredi en commission le projet de budget de la Sécu pour 2024. Le camp présidentiel fait donc peu de mystère du recours prévu à cet outil constitutionnel, qui permet une adoption sans vote, sauf celui d'une motion de censure. Le gouvernement aura alors le choix des amendements qu'il retiendra ou non dans le texte.

Economiser 3,5 milliards d'euros sur les dépenses de la branche maladie

L'exécutif vise notamment une économie de 3,5 milliards d'euros sur les dépenses de la branche maladie qui plombent principalement les comptes de la Sécurité sociale, dont le déficit est revu à la hausse à 8,8 milliards d'euros en 2023 puis à 11,2 milliards en 2024 dans les prévisions du PLFSS. Il compte atteindre cet objectif notamment par des baisses des dépenses pour les médicaments, les laboratoires d'analyse ou encore les arrêts maladie, et la lutte contre la fraude.

 -  Optimiser les achats à l'hôpital et faire baisser les prix des médicaments

Le gouvernement vise une économie de 600 millions d'euros liés aux dépenses hospitalières (développement de l'ambulatoire, régulation de l'intérim médical, « optimisation » des achats...), 1,3 milliard sur les produits de santé (essentiellement des baisses de prix des médicaments), 300 millions sur les soins de ville, en particulier les laboratoires d'analyses, et 1,25 milliard lié à la « responsabilisation » des professionnels et patients. L'exécutif veut aussi réformer la « clause de sauvegarde » une contribution financière versée par les entreprises pharmaceutiques à l'Assurance maladie lorsque leur chiffre d'affaires médicaments croit très vite. Elle sera désormais calculée différemment, et abaissée à 1,6 milliard pour 2023 et 2024 (contre 1,7 puis 2 milliards attendus). En contrepartie, il « sera demandé aux entreprises des efforts de baisse des prix de 1 milliard d'euros dont 850 millions sur les médicaments », et de « participer de façon très active » à la maîtrise des volumes. Par ailleurs, en cas de ruptures d'approvisionnement sur un médicament, la délivrance à l'unité pourra être rendue obligatoire par arrêté. Les pharmaciens devront alors délivrer « la quantité adaptée » plutôt qu'une boîte entière. Le gouvernement pourra aussi rendre obligatoire la réalisation d'un test rapide d'orientation diagnostique, pour délivrer par exemple certains antibiotiques.

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-  Lutter contre les fraudeurs

Pour lutter contre la fraude aux cotisations sociales, le gouvernement veut s'attaquer à la « sous-déclaration » de chiffre d'affaires des micro-entrepreneurs employés par les plateformes numériques, un manque à gagner évalué à 800 millions d'euros en 2021. D'ici 2027, les plateformes numériques devront directement prélever ces cotisations. Le gouvernement prévoit d'autres mesures, comme la possibilité, en cas de fraude avérée d'un professionnel de santé, de supprimer des aides financières octroyées par l'assurance maladie. Par amendement, le gouvernement propose également de créer un délit d'incitation à la fraude sociale « par quelque moyen que ce soi », puni d'une peine de 2 ans de prison et 30.000 euros d'amende. Cette mesure fait suite à la diffusion d'une vidéo largement relayée où un jeune homme prétendait percevoir 1.800 euros net de revenus mensuels, en cumulant diverses allocations.

-  Maîtriser les dépenses d'arrêts maladie

Pour lutter contre l'explosion des dépenses liées aux arrêts maladie, le gouvernement renforce les pouvoirs de contrôle de l'assurance maladie et des entreprises. Le médecin contrôleur mandaté par l'employeur -médecins agréés- pourra suspendre le versement des indemnités aux patients lorsqu'il estime l'arrêt injustifié, avec une possibilité de recours de l'assuré. Le texte limite aussi à trois jours la durée des arrêts prescrits par téléconsultation (sauf exceptions, notamment pour le médecin traitant).

- Incitation aux transports partagés

Les patients qui refuseront une offre de transport sanitaire (véhicule sanitaire léger ou taxi conventionné) partagée avec un autre patient, sans raison médicale valable, devront faire l'avance de frais, et ne seront remboursés que sur la base du prix d'un transport partagé.

Des mesures plus consensuelles

Ce PLFSS contient aussi des mesures consensuelles, comme la gratuité pour les préservatifs distribués sans prescription en pharmacie pour les moins de 26 ans, le remboursement pour les femmes de moins de 26 ans des protections périodiques réutilisables, l'octroi d'un « statut temporaire » pour cinq ans au cannabis thérapeutique ou encore la possibilité pour les femmes de bénéficier d'un arrêt de travail indemnisé sans délai de carence après une interruption médicale de grossesse. Le Medef s'inquiète quant à lui de l'adoption probable d'un amendement supprimant les exonérations de cotisations sociales sur les salaires entre 2,5 et 3,5 Smic, une mesure souhaitée par des députés de la majorité comme de la gauche.

L'ombre d'un doublement des franchises médicales et la mise à contribution de l'Agirc-Arrco planent sur le projet de loi

Toutes les oppositions se rejoignent face à une mesure inflammable, envisagée par l'exécutif : le doublement du reste à charge des assurés pour les médicaments (actuellement 50 centimes par boîte) et les consultations (1 euro). Si cette hausse des franchises médicales ne figure pas noir sur blanc dans le budget, son impact est inclus dans les projections financières, selon un cadre de la majorité. Le gouvernement pourra trancher par la voie réglementaire, mais les députés souhaitent avoir ce débat dans l'hémicycle. Une autre mesure, absente du texte pour l'instant, est dans tous les esprits la mise à contribution de l'Agirc-Arrco, la caisse de retraites complémentaires du privé, pour participer à « l'équilibre » du système de retraite. Les partenaires sociaux, qui gèrent ce régime, ont opposé une fin de non-recevoir à la demande de l'exécutif de récupérer au moins un milliard d'euros dans ses excédents. L'hypothèse d'un amendement du gouvernement lors des débats budgétaires pour l'imposer hérisse les oppositions, qui dénoncent par avance un « hold-up ».

 (Avec AFP)

Commentaires 18
à écrit le 24/10/2023 à 21:09
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C est une honte, s ils prennent l argent de nos retraites.. déjà que le privé paie largement pour les retraites du publique....pour les négociations des médocs, faites donc revenir les entreprises en France, le patient est de toute façon perdant si ...

à écrit le 24/10/2023 à 6:21
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Arrêter les cures ça fera un bon pactole

à écrit le 23/10/2023 à 21:41
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@Raymond: Vous, qui êtes toujours bien informé ou savez pêcher l'information où elle se trouve, sauriez-vous nous dire combien nous coûte la horde (de Huns) de ministres et leurs cabinets ainsi que le parlement et sa cour d'assistants (effectifs et h...

à écrit le 23/10/2023 à 20:20
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bref, a la fin, la seule economie sera la baisse du prix des medicaments.......' et en meme temps', il y aura une loi qui exigera qu'il y ait des stocks sous peine d'amendes, donc les produits seront dereferences mais toujours dispos dans la filiale ...

à écrit le 23/10/2023 à 15:56
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il y aurait une solution simple pour faire des economies: un bonus/malus. Plus tu consommes de soins medicaux, plus tu paies. Evidement ca favorise les jeuens en bonne santé par rapport aux vieux, qui fort logiquement consomment bien plus de soins me...

le 23/10/2023 à 20:15
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Et si vous attrapez un jour un cancer ou un AVC, vous prenez la double peine? Belle mentalité, c'est quoi l'étape suivante.

le 25/10/2023 à 19:50
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@Raymond C'est même une excellente mentalité car c'est le principe même d'une assurance qui facture le risque à une clientèle indélicate (cf. tabagisme, alcoolisme, malbouffe, sport extrême, etc) Malheureusement dans les faits la sécurité soc...

à écrit le 23/10/2023 à 15:55
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A quand le commencement du début de l'attaque à la fraude sociale ?!

à écrit le 23/10/2023 à 12:44
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Agirc /Arco , c'est un organisme privé bien géré , l'État en revanche est criblé de dettes et administré par des incompétents. L'argent des salariés du privé ne doit pas servir à renflouer les caisses de la sécu , sorte de tonneau des danaïdes en déf...

le 23/10/2023 à 15:29
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Deficit à cause des allègements de charges non ? N'y a-t-il en France que les beneficiaires du rsa qui soient assistés ? Je ne crois vraiment pas ...

à écrit le 23/10/2023 à 11:20
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Ça me rappelle un voyage en Afrique de l'Est y a bien des décennies où j'ai du attendre un taxi-brousse bondé pour rejoindre sur une civière la ville de Nairobi. Relativement "bien soigné" avec un personnel au compte-goutte, des infrastructures vétus...

à écrit le 23/10/2023 à 9:50
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Depuis les années JUPPE, le gouvernement n'a pas fait la preuve qu'il était un bon gestionnaire quel que soit les secteur; voyons ce que le Privé peut faire pour la maladie et l'accident du travail.

le 23/10/2023 à 10:22
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Les aides sociales touchées par les immigrés représentaient 20,7 milliards d’euros en 2018 en France, selon des estimations de l’OCDE. Dans le même genre: les prisonniers étrangers (82 nationalités) représentent 25% du total (50% à Fresnes) et couten...

à écrit le 23/10/2023 à 9:01
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Y a pas de lien entre le nombre d'arrêts maladie et l'âge croissant des travailleurs ? On est moins solides quand vieux. Ne pas garder les anciens, en fait, les employeurs pensaient à la Sécu, lui éviter des frais d'arrêt maladie. :-) A quoi former l...

le 23/10/2023 à 12:30
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C'est d'ailleurs sans doute là un des facteurs d'absentéisme plus élevé dans le public : alors que le statut assure au fonctionnaire de rester en poste jusqu'à la retraite, dans le privé, on devient généralement persona non grata passé un certain âge...

à écrit le 23/10/2023 à 8:36
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En tapant sur les pauvres et les productifs, classique.

le 23/10/2023 à 9:51
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Il est temps de rompre avec la réthorique taper sur les pauvres. Ce ne sont pas les pauvres qui financent la sécu. On parle ici de lutte contre la fraude et d'optimisations: partager un taxi -qu'on ne paie pas- avec qqn d'autre, c'est tellement scand...

le 23/10/2023 à 10:27
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Tant que les paradis nous narguent toutes ces déclarations sont de l'hypocrisie pure et dure. Que notre classe dirigeante se remette à diriger au lieu de ne faire qu'encaisser !

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