Chômage : les craintes des Français s'amplifient

La crise du Covid-19 a fortement accentué les craintes des Français pour l'emploi, plus de 7 Français sur dix estimant que la situation se dégrade, selon un baromètre Unédic de la perception du chômage publié ce jeudi.
Grégoire Normand
Selon cette étude réalisée par Elabe, 73% des personnes interrogées jugent ainsi que la situation de l'emploi se dégrade. Un chiffre qui bondit de 27 points par rapport à la première vague du baromètre réalisée avant le confinement et publiée en avril.
Selon cette étude réalisée par Elabe, 73% des personnes interrogées jugent ainsi que la situation de l'emploi se dégrade. Un chiffre qui bondit de 27 points par rapport à la première vague du baromètre réalisée avant le confinement et publiée en avril. (Crédits : Reuters)

Le spectre du chômage de masse prend de l'ampleur dans la tête des Français. Selon le dernier baromètre de l'Unédic réalisé par Elabe et publié ce jeudi 24 septembre, 73% des répondants estiment que le marché du travail s'est dégradé. Il s'agit d'une très forte hausse par rapport à la dernière enquête (+27 points). À l'opposé, 23% des personnes interrogées jugent que le marché du travail est resté le même (-16 points) et seulement 4% pensent qu'il s'est amélioré (-11 points).

La propagation du virus sur l'ensemble du territoire depuis le printemps a plongé l'économie française dans l'incertitude la plus totale. Des millions de salariés se sont retrouvés en chômage partiel en seulement quelques jours. Avec la mise sous cloche de secteurs entiers comme la restauration ou l'hôtellerie pour limiter la propagation du virus, l'activité tricolore a enregistré une chute brutale et violente pendant les huit semaines de confinement avant de pouvoir redémarrer progressivement. Depuis la rentrée et la résurgence du virus, les craintes se multiplient dans la population active.

> Lire aussi : La crainte d'une seconde vague menace la reprise économique

Un sentiment qui traverse toutes les catégories

Ce sentiment d'inquiétude est partagé par l'ensemble des catégories socioprofessionnelles. Ainsi, 93% des Français déclarent que tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière. Et ils estiment qu'aucun profil ne se dégage.

"La crise sanitaire et économique amplifie la crainte liée à l'emploi. La dégradation assez forte est perçue de manière assez homogène par toutes les catégories socioprofessionnelles", a expliqué Christophe Valentie, directeur général de l'Unédic lors d'un point presse.

Cette idée de vulnérabilité pourrait encore se renforcer dans les mois à venir avec la multiplication des plans sociaux et de la montée du chômage.

> Lire aussi : Le spectre du chômage de masse hante les États

Le chômage partiel a plutôt été bien vécu

La montée en puissance du chômage partiel pour limiter la casse sociale et préserver le revenu des travailleurs a été plutôt bien vécu par les personnes interrogées. Selon l'enquête de l'Unédic, la grande majorité (83%) des bénéficiaires de l'activité "partielle" ne s'est pas sentie comme "chômeurs", un ratio qui monte à 90% chez les actifs qui ont été en activité partielle une partie seulement de leur temps de travail.

Au final, le chômage et le chômage partiel sont perçus comme "deux univers strictement distincts" expliquent les auteurs du baromètre. "Pour les personnes interrogées, le chômage partiel a permis de préserver une grande partie des revenus et des emplois. En revanche, 68% des répondants affirment que les entreprises ont abusé de ce dispositif pour ne pas payer leurs salariés. Ce système ne fait que retarder la cessation d'activité".

Les délocalisations, première cause du chômage en France selon les Français

Une majorité de Français indique que le chômage est avant tout une situation "subie". Parmi les facteurs contribuant au chômage, les "évolutions de la société" au sens large sont d'abord citées par les répondants. Viennent en premier les délocalisations à l'étranger (39%, + 5 points), les destructions d'emplois par l'évolution des technologies, la numérisation et la robotisation (28%), la tendance des entreprises à faire plus avec moins de collaborateurs (26%).

De manière globale, les répondants évoquent également la responsabilité des entreprises pour expliquer la montée du chômage. "La réticence des entreprises à embaucher" (25%), "le manque de postes à pourvoir" (22%) et "les exigences excessives ou contradictoires de la part des recruteurs" sont les trois principales raisons avancées.

Enfin, une minorité de répondants estime que le chômage est une situation "choisie" en affirmant que les gens ne veulent pas travailler (18%). Ils évoquent également "le trop faible contrôle des chômeurs fraudeurs"(18%) et "le montant des allocations versées aux chômeurs" (15%) pour expliquer cette situation.

Un sentiment ambivalent sur l'assurance-chômage

L'opinion des Français sur ce système assurantiel est partagé. Si la perception des indemnités au chômage comme "droit utile et bouclier protecteur" s'est renforcée après la fin du confinement, le sentiment de "soupçon" augmente à l'égard des chômeurs qui ne voudraient pas reprendre une activité.

"38% (+5 pts) des Français considèrent que les demandeurs d'emploi sont des assistés, touchant des allocations trop élevées (36%, +4 pts), dont une partie d'entre eux fraudent (35%, +4 pts). Une majorité estime toujours qu'ils ne travaillent pas car ils ne font pas assez de concessions lors de leurs recherches d'emploi (56%) ou parce qu'ils ont peur de perdre leurs allocations (52%). Au total, 45% considèrent que la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi" affirme l'étude.

Ce soupçon est alimenté par le sentiment pour 4 Français sur 10 que ce système est "trop protecteur". Il n'encouragerait pas le retour à l'emploi. La crise n'a pas alimenté un plus grand sentiment de bienveillance à l'égard des chômeurs, au contraire.

L'étude montre également que les préjugés persistent dans l'opinion d'une partie des Français. Or, l'Unédic a rappelé lors de son point presse qu'un allocataire à l'assurance-chômage sur deux travaille, 2,6 millions de demandeurs sont indemnisés sur 6,1 millions d'inscrits et que le montant mensuel moyen de l'allocation chômage perçue est de 910 euros, soit 1.040 euros pour ceux qui ne travaillent pas et 610 euros pour ceux qui travaillent.

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Méthode : Elabe a interrogé plusieurs échantillons avant le confinement et après le confinement. Le premier panel est constitué d'un échantillon représentatif de la population française. Le second s'appuie sur un échantillon représentatif des demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi. Pour obtenir les résultats de l'ensemble des Français, les deux cibles ont été fusionnées et les demandeurs d'emploi issu du fichier national des allocataires remis à "leur bon poids".

Grégoire Normand
Commentaires 6
à écrit le 24/09/2020 à 19:44
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pas d'angoisse, vous aurez le revenu universel, mais avec la reconnaissance faciale attention ! cracher dans la rue -50e, traverser hors des clous -50e, laisser une crotte de chien -50e etc.... vous verrez comme vous deviendrez docile....

le 26/09/2020 à 18:19
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2016 : Le projet Aadhaar, porté par le gouvernement indien, a déjà numérisé les empreintes digitales, les iris et le visage de plus d’un milliard d’habitants. Objectif annoncé : intégrer l’ensemble des Indiens dans les registres de l’administration,...

à écrit le 24/09/2020 à 17:20
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Avec de tels résultats des sondages (3000 personnes interrogés parmi le public et 1500 qui sont à Pole Emploi, donc nombres assez représentatifs; référence site Elabe), il est difficile de comprendre pourquoi tout le monde est dans la rue lorsque les...

à écrit le 24/09/2020 à 17:18
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Retraités en couple, économisez. Ce gouvernement avec la réforme des retraites va vous faire perdre beaucoup, beaucoup d'argent sur la pension de réversion. On le voit déjà comme il veut taxer arbitrairement et injustement les véhicules électriques n...

à écrit le 24/09/2020 à 16:32
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le chômage ne nous guette pas, il nous est promis..... économisons, pas d'autre solution.... laissons les riches rentiers dépenser leur fric, ils sont à l'abri, pas les salariés ni les petits commerçants,artisans, indépendants......

à écrit le 24/09/2020 à 16:18
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"Interdiction des licenciements" Autant demander directement l'interdiction du capitalisme, ce serait bien plus intelligent efficace et productif à long terme permettant de changer un système à l'agonie, qui était intéressant mais qui a été rapide...

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