Climat des affaires : le moral des chefs d'entreprise se tasse

Au mois d'août, le climat des affaires poursuit sa décrue entamée au mois de juillet pour s'établir à 110 points, un chiffre qui était attendu et qui reste élevé. Dans le commerce de détail, le moral des chefs d'entreprises perd cependant 5 points en un mois.
Grégoire Normand
L'application du pass sanitaire peut peser sur le moral des entrepreneurs dans la restauration et la brasserie.
L'application du pass sanitaire peut peser sur le moral des entrepreneurs dans la restauration et la brasserie. (Crédits : Reuters)

Le pic de la reprise a-t-il déjà été atteint ? Après avoir grimpé en flèche depuis avril dernier, le climat des affaires marque le pas depuis le mois de juillet. L'indice mesuré par l'Insee et dévoilé ce jeudi  est en repli au mois d'août pour s'établir à 110 points contre 112 en juillet. Il reste néanmoins élevé, au dessus de son niveau d'avant crise (106) et de sa moyenne de long terme (100). "Cette baisse du climat des affaires était attendue" a expliqué l'économiste d'ING Charlotte de Montpellier en charge du suivi de la France interrogée par La Tribune. "Le premier message à tirer de cet indicateur est que la reprise économique en France continue. Mais, plusieurs mois après le dernier confinement, la dynamique de la reprise économique commence à diminuer, notamment dans le secteur des services et dans celui du commerce de détail [...] Ce tassement peut d'abord s'expliquer par "un effet de base" important. Après avoir progressé très fortement pendant des mois, cette hausse ne peut pas se poursuivre à un tel rythme indéfiniment. La plupart des restrictions importantes sont désormais levées. Ce n'est pas forcément une mauvaise nouvelle, compte tenu de la hausse des mois précédents" ajoute-t-elle.

La propagation du variant Delta et la mise en application du pass sanitaire ont sans doute pesé sur le moral des entrepreneurs. A l'approche de la rentrée scolaire, les craintes d'une nouvelle flambée épidémique planent au-dessus de l'économie tricolore. A cela s'ajoute la fin du "quoi qu'il en coûte" annoncée par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire devant le patronat à l'université d'été du Medef (REF), hier mercredi 25 août.

Chute importante dans le commerce de détail

Le climat des affaires dans le commerce de détail perd du terrain au mois d'août. L'indicateur a perdu au total 5 points sur les deux mois au coeur de l'été passant de 114 à 109 alors qu'il avait atteint un pic en juin dernier. Le confinement du mois d'avril a fortement pesé sur le moral des entrepreneurs avec la fermeture de certains magasins. "Cette deuxième détérioration consécutive est principalement due au fort repli du solde d'opinion sur les perspectives générales d'activité du secteur, après un vif rebond en mai-juin", indiquent les statisticiens.

Dans les services plus globalement, le climat des affaires perd 3 points pour passer de 111 à 108 points. Le moral des entrepreneurs demeure malgré tout à un haut niveau. La levée des barrières sanitaires et l'avancée de la vaccination ces dernières semaines ont permis à la plupart des entreprises dans le tertiaire de reprendre leur activité dans des conditions plus favorables. Même si l'application du pass sanitaire pèse sur certains secteurs dans l'hôtellerie ou la restauration par exemple, elle ne devrait pas freiner l'économie en général d'après plusieurs économistes interrogés par La Tribune ces derniers jours.

Enfin dans l'industrie, le climat des affaires augmente légèrement (+1 point) pour passer de 109 à 110 points. Ce secteur, qui a été moins touché par la crise, doit faire face à des problématiques d'offre actuellement. Entre les difficultés d'approvisionnement en matières premières et en composants et les pénuries de main-d'œuvre, les industriels sont parfois contraints de réduire les cadences de production ou mettre sur pause les chaînes de montage. Plusieurs usines dans l'automobile notamment ont récemment fait part de leurs pénuries pour les semi-conducteurs par exemple.

L'emploi résiste, les difficultés de recrutement persistent

Sur le front de l'emploi, les indicateurs sont au vert. Après la baisse du nombre de demandeurs d'emploi sans activité en juillet enregistrée par les services de Pôle emploi, le climat de l'emploi se stabilise à 108 points en août contre 107 en juillet. "L'économie française fait face à des difficultés inédites. Il s'agit d'abord des difficultés de recrutement. Les enquêtes de la Banque de France indiquaient en juillet que 48% des entreprises étaient confrontés à ce type de difficultés, contre 37% en mai" indique Charlotte de Montpellier.

Alors que la plupart des économistes redoutaient une catastrophe sur le marché du travail, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail s'est stabilisé autour de 8%. L'activité partielle a permis d'éviter une hécatombe lors des périodes de confinement. La moindre prise en charge des aides depuis le début de l'été par l'Etat et l'Unedic pourrait laisser des traces à la rentrée.

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Grégoire Normand
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