Commerce extérieur : la France souffre-t-elle du ralentissement chinois ?

Les exportations tricolores vers la Chine restent relativement dynamiques, quand celles de l'Allemagne décélèrent. Faut-il sérieusement se réjouir de cette résistance du commerce extérieur français ?
Fabien Piliu
Les exportations françaises continuent de progresser en Chine, tirées par les grands contrats, notamment aéronautiques.

Il y a parfois des avantages à être faible. Mais ils ne durent pas longtemps. Alors que l'Allemagne subit le ralentissement de l'économie chinoise, la France en ressent à peine les effets. Tel est le principal enseignement de l'étude publiée ce matin par les services des Douanes, en marge de la publication des statistiques portant sur le déficit commercial, une nouvelle fois très décevantes.

La période faste est en effet terminée. Au cours des années 2005-2011, la plupart des pays de l'Union européenne bénéficient de l'essor des exportations vers la Chine. L'Allemagne fait mieux que tous les autres, affichant une progression moyenne de ses exportations de 21%. De leur côté, la France, l'Italie et l'Espagne ont vu leurs exportations vers la Chine progresser de 14% en moyenne.

Depuis 2011, la croissance chinoise ralentit

Mais cette période d'euphorie ne dure pas. A partir de 2011, la croissance chinoise s'essouffle, avec une croissance moyenne du PIB en volume de +7,4% l'an sur la période 2011-2014, contre +10,9% entre 2005 et 2011.

"En même temps, sa demande intérieure ralentit et les exportations des Etats membres de l'Union européenne vers la Chine progressent plus lentement. Sur cette seconde période, elles ont augmenté de 6,4% par an, un rythme trois fois moins élevé qu'au cours de la période précédente", constatent les Douanes.

En 2015, le ralentissement de l'économie chinoise se poursuit. Son taux de croissance du PIB s'élève à 6,9%, soit le plus faible rythme enregistré depuis 25 ans.

"Dans ce contexte, les importations de la Chine reculent, ainsi que sa part dans les importations mondiales, entraînant une importante décélération de ses achats en provenance des pays européens", poursuit l'étude.

En 2015, à l'export, la France progresse mais l'Allemagne se replie

Premier exportateur mondial avec 13% de parts de marché, l'Allemagne souffre davantage que la plupart de ses concurrents de ce ralentissement, et notamment que la France.

En effet, entre 2011 et 2014, les ventes à la Chine marquent le pas dans tous les pays, avec un rythme de croissance revenant à +6% l'an en moyenne en France, comme en Allemagne. En 2015, les exportations vers la Chine continuent de progresser en France et en Espagne. Mais elles se replient en Allemagne et en Italie!

"L'Allemagne qui a profité de l'expansion chinoise, est aussi la plus touchée par le ralentissement de son économie. La Chine est en effet son quatrième client, avec un poids croissant dans ses exportations, passant de 2,7% en 2005 à 6% en 2015. Les exportations allemandes vers la Chine, composées essentiellement de machines-outils et de voitures, sont très sensibles aux aléas conjoncturels", avancent les Douanes.

En effet, n'ayant pas l'intention de dépendre du savoir-faire étranger dans le domaine des biens d'équipement, les entreprises chinoises taillent désormais des croupières aux entreprises japonaises, sud-coréennes et... allemandes.

Les grands contrats sauvent la mise

De leur côté, les exportations françaises restent tirées par les grands contrats, notamment dans l'aéronautique qui représente un tiers des ventes tricolores. Tant que le secteur aérien chinois aura des besoins, et que les appareils fabriqués localement ne seront pas encore mis en service, les entreprises françaises bénéficieront de ce relais de croissance important. Sorti d'usine en novembre 2015, le C919, le moyen-courrier chinois de Comac qui dispose de plus de 150 sièges et qui concurrencera l'A320 d'Airbus, pourrait être mis en service d'ici la fin de l'année, bien plus tôt que prévu. Déjà, l'ARJ21, un avion régional de 78 à 90 places fabriqué par Comac, vole depuis le mois de juin.

Un avantage de la France... à relativiser

Cet avantage de la France sur l'Allemagne doit toutefois être relativisé. Chaque mois, cette dernière affiche un excédent commercial proche d'une vingtaine de milliards d'euros quand la France enregistre un déficit compris entre 3 et 4 milliards d'euros. L'année dernière, notre partenaire et rival commercial opposait un excédent de 260 milliards d'euros à notre déficit de 45,7 milliards d'euros. Pour mémoire, la France recense d'environ 120.000 entreprises exportatrices, trois moins qu'en Allemagne.

Ce n'est pas la première fois que la France tire son épingle du jeu. Après la crise de 2008-2009, parce qu'elle était - elle l'est toujours - moins dépendante que l'Allemagne au commerce mondial, la France a moins souffert que sa voisine. Le PIB tricolore n'a reculé "que" de 2,8% quand il sombrait de 5% de l'autre côté du Rhin, le commerce extérieur étant le principal moteur de la croissance allemande. Depuis, l'Allemagne a regagné le terrain perdu. A l'exception de l'exercice 2013, la croissance allemande a toujours été plus élevée que la croissance française. Ce devrait encore être le cas en 2017 et en 2017.

Fabien Piliu
Commentaires 8
à écrit le 09/09/2016 à 11:33
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S'il y a effectivement un "rebalancing" de l'economie chinoise vers la consommation et les services, cela peut être favorable à la France. le déficit 2015 de nos échanges a été de 10 milliards.

à écrit le 09/09/2016 à 11:02
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c'est compensé... Première hausse des importations chinoises en près de deux ans: http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/premiere-hausse-des-importations-chinoises-en-pres-de-deux-ans-1162515 cdt.

à écrit le 09/09/2016 à 10:28
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http://www.marketwatch.com/sto... French state budget deficit widens on year Ca va mieux mdr !

à écrit le 09/09/2016 à 9:29
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La croissance chinoise se casse la gueule et entraine la croissance mondiale ou plutôt c'est l'inverse, la crise du pouvoir d'achat mondial entraine la Chine, usine du monde, dans son sillage. Ces études donc sont valables aujourd'hui mais demain tou...

le 09/09/2016 à 15:16
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c est sur que subventionner les gens pour qu ils achetent des produits fait en chine c est l avenir. Surtout si pour pouvoir payer ces subvention on doit taxer le secteur productif francais pour qu il ait encore un handicap de plus ... Vous coryez...

le 09/09/2016 à 16:43
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Je confirme ce que répond cd, nous avons déjà assez d'assistés et pas assez d'éléments déterminés à se battre pour la production, l'innovation et l'export. Les sociétés qui encouragent l'inaction et l'assistance sont condamnées à terme, car c'est l'e...

le 09/09/2016 à 18:17
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@Pas encore blasé l'assistanat n'est qu'à son début.Lorsque la croissance devient impossible et que, par conséquence, le chômage explose, il faudra bien nourrir les chômeurs sinon c'est la révolution. Et malheureusement, pour le système capitalis...

le 09/09/2016 à 21:19
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Entierement d'accord ces dernieres annees les flux financiers ont ete mal diriges. Que de milliards investis pour gonfler des bulles dans l immobilier et dans des valeurs high tech ephemeres. Maintenant l'essentiel de la valeur ajoutee est captee par...

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