Sans surprise, le Premier ministre Jean Castex n'a annoncé aucun allègement du confinement décidé le 29 octobre dernier, et ce, jusqu'au 1er décembre, entraînant la fermetures de quelque 200.000 commerces, transports, et activités événementielles ou de tourisme face au Covid-19 partout sur le territoire.
« Il serait irresponsable d'alléger le dispositif maintenant », a-t-il soutenu lors d'une conférence de presse ce jeudi 12 novembre. Le gouvernement a donc décidé de maintenir inchangé « au moins pendant les quinze prochains jours » son dispositif sanitaire. « Les commerces resteront donc fermés pour quinze jours supplémentaires », soit ceux identifiés comme "non essentiels" mais qui pèsent une part importante dans le commerce global français, tant pour les indépendants que pour les enseignes, comme l'a montré La Tribune.
La stratégie de ce deuxième confinement est-elle efficace ? « Les contaminations ont ralenti, de l'ordre de 16% sur une semaine », a justifié Jean Castex.
Tandis que l'économie française est frappée de plein fouet par la décision de reconfiner, qui va coûter 2,5 points de croissance par mois, Jean Castex a tenu à rassurer sur le soutien de l'État aux entreprises. Prolongation du chômage partiel, aides, emplois étudiants, crédits pour l'emploi des jeunes... « toutes les mesures sont maintenues pendant les quinze prochains jours ». Des précisions ont d'ailleurs été à nouveau apportées par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Les loyers, une réponse face au désespoir des commerçants
En première ligne pendant les fêtes, les commerces tentent de trouver une parade face au géant du e-commerce et de la logistique. Avant Noël, « la réouverture est vitale pour eux et nous le savons», a d'abord martelé le ministre de l'Economie. Il a rappelé ensuite que les commerçants bénéficient d'une aide de 10.000 euros provenant du fonds de solidarité, de l'exonération de charges sociales, et du report possible du remboursement du prêt garanti par l'Etat (PGE).
En plus de ces aides, Bruno Le Maire a annoncé un nouveau montage portant sur les loyers, présenté comme un « dispositif simple pour les commerçants ». Cette aide prend la forme d'« un crédit d'impôt de 50% (et non de 30% comme prévu jusqu'ici Ndlr) du montant du loyer pour les bailleurs qui vont renoncer à ces loyers en novembre, pour les entreprises de 250 salariés » Pour les bailleurs louant des locaux pour des entreprises de tailles supérieures (de 250 à 5.000 salariés) le crédit d'impôt pourra atteindre « un tiers du loyer ».
"Nous avons aussi voulu traiter des entreprises plus importantes, de taille intermédiaire, parce qu'il y a des galeries marchandes, des galeries commerciales qui sont concernées et qui sont, elles aussi, menacées", a détaillé le ministre.
Engagé dans un soutien sans limite budgétaire face la seconde vague de la pandémie, et après avoir revu sa copie budgétaire pour la quatrième fois, le gouvernement serait donc amené à préparer un nouveau budget de crise si la situation devait s'aggraver. De fait, Jean Castex a promis de « tout faire pour sauver nos petits commerces ».
Les commerçants ne sont pas les seuls touchés. Avec une baisse de « 22% des déplacement domicile-travail par rapport à septembre dernier, -55% sur la fréquentation des métros à Paris (...) Le train a chuté de 85% (...) Le réseau aérien domestique est à 10% de ses capacités normales », selon Matignon, l'Etat va devoir stopper l'hémorragie sur de nombreux fronts.
Prolongations des aides pour les chômeurs en fin de droits
Le Premier ministre a aussi annoncé une prolongation "exceptionnelle" des droits à l'assurance-chômage pour les chômeurs en fin de droits "le temps du confinement", comme au printemps.
« Pour les demandeurs d'emploi qui arrivent en fin de droits, tout doit être fait pour éviter le risque de bascule dans la précarité. »
"Une prolongation de deux mois" concernerait quelque "220.000 personnes", a fait savoir le ministère du Travail. Cette mesure avait déjà été adoptée pendant le premier confinement qui avait duré trois mois, du 17 mars au 10 mai.
Elisabeth Borne a également indiqué qu'un "délai supplémentaire pour s'inscrire à Pôle emploi" serait accordé. "Un demandeur d'emploi qui doit réunir les pièces pour s'inscrire bénéficiera d'un délai supplémentaire pour rassembler tous les justificatifs nécessaires, ce qui peut être plus difficile dans la période de confinement", a relevé la ministre.
Le gouvernement promet de la visibilité, malgré l'incertitude
« Il est important que nous donnions de la visibilité », a renchéri le Premier ministre. Mais force est de constater que la situation sanitaire repose encore sur de nombreuses inconnues non maîtrisées.
« L'impact sanitaire reste très lourd. Nous avons connu plus de 42.500 décès au total », a indiqué le locataire de Matignon qui note néanmoins « un fléchissement du nombre de cas positifs». Selon l'exécutif, « le pic (dans les services de réanimation dans les hôpitaux, Ndlr) pourrait être atteint en début de semaine prochaine ». A partir de là, le gouvernement attend une baisse du nombre de personnes en réanimation.
Si, à l'inverse, ce nombre augmente « des mesures plus strictes seront envisagées ». Autrement dit, pour le gouvernement, toutes les options, - du durcissement du confinement à la réouverture tant attendue -, restent sur la table. « Nous avons dépassé le pic d'hospitalisations par rapport à avril », oppose Jean Castex.
Un Noël inédit et un réveillon limité à "une dizaine de personnes"
D'ores et déjà, le gouvernement prépare donc les esprits à des fêtes de Noël rythmées par des limitations... et des sanctions en cas de non respect. Au total, « 580.000 contrôles ont été effectués depuis le début de ce deuxième confinement » et « 88.855 verbalisations (...) dont l'ouverture d'établissements recevant du public », a détaille Jean Castex.
Si le gouvernement a prévu « un allègement au moment des vacances de Noël », les vacances de la fin 2020 seront néanmoins différentes.
Il sera ainsi possible de « se retrouver avec les siens, mais pas plus d'une dizaine de personnes, notamment pour le réveillon du 31 décembre », a indiqué celui qui avait alors joué un rôle lors du premier déconfinement de juin, pour devenir ensuite le « Monsieur Déconfinement » d'Emmanuel Macron.
Une attestation pour se déplacer sera toujours nécessaire au-delà du 1er décembre, même si une amélioration des indicateurs de l'épidémie de coronavirus permettraient un allègement. "Oui, oui", a répondu le Premier ministre, interrogé par l'AFP pour savoir si cette attestation, actuellement obligatoire pour circuler, serait encore nécessaire après le 1er décembre, date à laquelle le chef du gouvernement envisage un allègement du confinement qui serait "strictement limité" aux commerces.
Au cours de la dernière semaine, la France a compté « entre 400 et 500 décès, 1 décès sur 4 est du au virus » a résumé Jean Castex qui a aussi tenu a rappelé que « 40% des personnes en réanimation ont moins de 65 ans. »
(Avec AFP)