Confiner sans enfermer ? Le gouvernement obligé d'expliciter

S'agit-il vraiment d'un confinement ? "Libération" a titré: "Reconfinement : les montagnes virus", un jeu de mots qui illustre bien les interrogations ("Restez chez vous, mais allez dehors"?) suscitées par ce nouveau concept de lutte contre la flambée des contaminations qui consiste à "confiner sans enfermer", à rebours de tout ce que l'on a connu jusqu'à présent. Voici le point sur ces étonnantes mesures annoncées par Jean Castex hier, et dont le gouvernement continue ce vendredi de détailler et d'expliciter les modalités d'application.
(Crédits : Reuters)

Reconfinés, vraiment? A quelques heures du début de nouvelles restrictions pour un tiers des Français, le gouvernement continue vendredi de préciser les modalités de ces mesures, vues au mieux comme un "compromis" et au pire comme une solution insuffisante face à l'épidémie de Covid-19.

Des "mesures de freinage massif"

Au total, 16 départements vont connaître dès samedi de nouvelles "mesures de freinage massif", toutefois moins strictes que le premier confinement national d'il y a un an: les huit d'Ile-de-France, les cinq des Hauts-de-France ainsi que la Seine-Maritime, l'Eure et les Alpes-Maritimes.

Cela représente 21 millions d'habitants, dont les 12 millions de la région parisienne, de loin la plus densément peuplée et le poumon économique du pays.

Ces habitants pourront sortir de chez eux seulement "dans un rayon limité à 10 kilomètres", avec une attestation, "sans aucune limitation de durée". Dans le reste du pays, le couvre-feu est repoussé d'une heure, à 19H00.

Exode urbain de Franciliens pressés de se mettre au vert

Comme à chaque annonce de confinement, les trains au départ de la gare Montparnasse à Paris étaient pleins vendredi matin, de voyageurs pressés de partir en week-end et de futurs confinés voulant se mettre au vert.

"En refusant toute anticipation et toute prise de décision forte fin janvier, l'exécutif se retrouve à la mi-mars obligé de durcir +mais pas trop+ les dispositions, en confinant sans confiner, avec une efficacité qui sera faible", a déploré le collectif de médecins Du côté de la science.

S'agit-il vraiment d'un confinement ?

Alors, confinement ou pas? "Je ne suis pas un fétichiste du mot", a assuré le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, vendredi sur RTL.

"Il vaut mieux passer un peu de temps dehors plutôt qu'en intérieur avec d'autres personnes", où le risque de contamination est plus grand, a-t-il poursuivi.

Lire aussi : Et Macron plia face à Castex et à l'APHP sur le « reconfinement »

"Confinement aéré" et refermeture des commerces "non essentiels"

Par ailleurs, les déplacements interrégionaux seront interdits, sauf "motifs impérieux ou professionnels", selon M. Castex. Comme à l'automne, écoles et collèges resteront ouverts mais les lycées basculeront tous en "demi-jauge".

Principal changement concret, les commerces dits non-essentiels devront baisser le rideau. Ils rejoignent les bars et les restaurants, clos depuis le précédent confinement en novembre-décembre.

Après leur mobilisation à l'automne, les librairies et disquaires ont gardé le droit de rester ouverts. Et alors qu'on pensait que les coiffeurs seraient obligés de fermer, Gabriel Attal a annoncé qu'ils pourraient finalement y échapper.

Selon lui, un décret va préciser quels petits commerces pourront rester ouverts, avec des protocoles "améliorés".

Le travail en présentiel, au bureau, fortement réduit

Enfin, le gouvernement insiste sur la nécessité de télétravailler au moins quatre jours sur cinq.

Toutes ces restrictions seront en place pour quatre semaines et pourront être étendues "à d'autres parties du territoire" selon l'évolution de l'épidémie, a prévenu M. Castex.

Ce confinement nouvelle formule, "c'est probablement un bon compromis entre les contraintes sanitaires et sociales et économiques", a commenté sur France Inter Karine Lacombe, responsable du service des maladies infectieuses à l'hôpital parisien Saint-Antoine.

"C'est un confinement aéré (...) Si on veut que ce soit respecté, le compromis est assez intelligent", a renchéri Jean-Michel Constantin, chef du service anesthésie-réanimation à la Pitié-Salpêtrière.

En tout cas, la "3e vague", comme l'a nommée le chef du gouvernement, a eu raison de la volonté affichée d'Emmanuel Macron le 29 janvier d'éviter tout confinement.

Castex vacciné pour l'exemple

Contrairement aux espoirs du chef de l'Etat, la situation sanitaire se dégrade rapidement, comme le redoutaient nombre d'épidémiologistes: la France a enregistré jeudi près de 35.000 nouveaux cas de Covid-19 en 24 heures, dépassant la barre des 30.000 pour la deuxième journée consécutive.

La pression sur les services de réanimation est repartie à la hausse, avec 4.246 malades, un nouveau pic depuis fin novembre. Plus d'un quart de ces patients sont hospitalisés en Ile-de-France.

"Déjà à un niveau intense, la circulation (du virus) continue de croître et accentue les tensions hospitalières qui sont critiques dans certaines régions", a prévenu l'agence sanitaire Santé publique France dans son bulletin hebdomadaire vendredi.

"Ce type de confinement à lui tout seul ne permettrait probablement pas de juguler l'épidémie telle qu'on l'a maintenant. Mais on a la promesse du vaccin qui va probablement tout changer", a espéré Karine Lacombe.

Pour l'instant, 5,7 millions de personnes ont reçu au moins une injection, dont 2,4 ont eu leurs deux doses, selon le ministère de la Santé.

Jean Castex lui-même se fera vacciner vendredi à 14h30 à l'hôpital des armés Bégin, avec le vaccin AstraZeneca. Objectif: rassurer les Français après la fin de la suspension de ce vaccin, causée par des soupçons d'effets secondaires graves. Jeudi, l'Agence européenne des médicaments a répété que ses bénéfices dépassaient très largement ses risques.

Commentaires 13
à écrit le 20/03/2021 à 14:54
Signaler
Cela va faire fonctionner la SNCF ;)

à écrit le 20/03/2021 à 14:47
Signaler
Ou comment exporter le virus en province, où il y a peu de problèmes.! En confinant sans vraiment confiner. Pourquoi ne pas admettre une bonne fois pour toutes que nous allons devoir vivre (et parfois mourir) avec le virus ? Faire au mieux avec la v...

à écrit le 20/03/2021 à 13:34
Signaler
confinement !!! quand on voit la liste de plus en plus longue des autorisations de deplacement derogatoire cela ne veux plus rien dire et ne sert a rien pour soit disant 4 semaines le coiffeur et le fleuriste sont ils vraiment indispensable la simple...

à écrit le 20/03/2021 à 11:37
Signaler
Confiner sans enfermer ça veut dire vous pouvez aller contaminer les autres .

le 20/03/2021 à 20:25
Signaler
C'est qui les autres ,tu penses être dedans ?

à écrit le 19/03/2021 à 21:21
Signaler
Ils sont devenus fous ! La dernière salsa d'axa zeneca est hallucinante . Pas bon pour les vieux , pas bon pour les jeunes mais bon pour les personnes âgées , excellent vaccin pour les agences sanitaires mais ne sera pas utilisé pour le personnel s...

à écrit le 19/03/2021 à 17:19
Signaler
Encore un acte fort du gouvernement (pour rassurer quelques chefs de service médiatiques) qui va nous coûter un fortune, emm le monde et ne servir épidémiologiquement a rien. Déjà il y a plus de 100 ans l'état sedéjà mêlait de sciences et de santé...

le 19/03/2021 à 17:38
Signaler
D'ailleurs l'absinthe avait été interdite le 17 mars 1905 date anté anniversaire du premier confinement et du dernier conseil de défense. C'est un signe, c'est un signe, foi de lapin

à écrit le 19/03/2021 à 14:46
Signaler
Ce n'est pas du confinement ils peuvent rester toute la journée dehors . Le virus a de beau devant lui .

à écrit le 19/03/2021 à 13:48
Signaler
Sachant qu'un maximum de personne veulent échappé au confinement, on les invite par la même a propager leur virus au reste de la population française... ça c'est de l'anticipation politique!

à écrit le 19/03/2021 à 13:48
Signaler
Encore heureux que le gouvernement s'explique même si cela reste totalement idiot à tendance fortement inhumaine et même si leurs explications n'ont aucune justification.

à écrit le 19/03/2021 à 13:20
Signaler
Resto, spectacles, cinémas, centres commerciaux de plus de 20000m2 et maintenant a nouveau les commerces ""non essentiels"", on pourra acheter un cd mais pas une paire de chaussettes. Ca va nous couter une fortune, et c'est même pas efficace, on se c...

à écrit le 19/03/2021 à 13:04
Signaler
On voit bien que ces mesures du "en même temps", ne servent à rien et mécontentent tout le monde. La sagesse aurait été encore de ne rien faire, et de laisser les hôpitaux faire leur travail.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.