Covid : l'Insee table sur une baisse du chômage à 7,6% d'ici à juin 2022

Omicron, cinquième vague, tensions inflationnistes, difficultés d'approvisionnement... malgré les menaces qui planent au dessus de l'économie, l'Insee table sur un niveau de croissance supérieur à celui d'avant-crise, au cours des six prochains mois, et dans l'hypothèse où le gouvernement ne prendrait pas de nouvelles mesures sanitaires. Pour 2021, les statisticiens n'ont pas dégradé leurs prévisions pour la croissance du PIB à 6,7%. Le taux de chômage pourrait s'établir à 7,6% de la population active, un niveau inédit depuis la crise de 2008. Il était à 8,1% à la fin du troisième trimestre. L'objectif d'Emmanuel Macron "de ne pas viser seulement 7% mais le plein emploi" est loin d'être atteint.
Grégoire Normand
La consommation des ménages devrait retrouver son niveau d'avant crise au cours du premier semestre 2022 indique l'Insee.
La consommation des ménages devrait retrouver son niveau d'avant crise au cours du premier semestre 2022 indique l'Insee. (Crédits : Reuters)

Variant Omicron, chaînes d'approvisionnement perturbées, tensions hospitalières, durcissement des mesures sanitaires partout en Europe... les nuages s'amoncèlent sur la reprise économique. Les gouvernements qui espéraient une crise sanitaire rapide au printemps 2020 se retrouvent de nouveau à gérer des milliers de malades en dépit d'un taux de vaccination élevé. Malgré toutes ces menaces, l'Insee table sur une croissance au-dessus de son niveau d'avant-crise jusqu'en juin 2022 d'environ 1,4%. Le rebond de l'économie française se poursuivrait de 0,5% au dernier trimestre 2021, 0,4% au premier trimestre 2022 et 0,5% au second trimestre 2022. L'acquis de croissance serait d'environ 3% à la mi-année.

Évidemment, cette projection reste soumise à de nombreux aléas sanitaires. "Dans les principales économies de la zone euro, la France a retrouvé son niveau d'avant-crise dès cette année. L'Allemagne et l'Italie sont encore à -1 point par rapport à leur niveau d'avant-crise. L'Espagne est à environ -6 points en-dessous", a déclaré, le chef du département de la conjoncture, Julien Pouget lors d'un point presse mardi. L'optimisme chez les conjoncturistes est moins prononcé qu'en octobre. La découverte du nouveau variant Omicron à la fin du mois de novembre en Afrique du Sud a jeté un froid dans un grand nombre d'entreprises. Du côté de Bercy, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé un nouveau prêt de 700 millions d'euros pour les entreprises industrielles pour faire face aux pénuries persistantes.

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Les services, moteurs de la croissance

La pandémie avait mis un coup d'arrêt à de nombreuses activités du tertiaire au moment du premier confinement en mars 2020. Beaucoup de secteurs dans les services à forte interaction sociale ont subi de plein fouet la dégradation de la situation sanitaire et les fermetures administratives à répétition pendant près de deux ans. Depuis la réouverture de l'économie au printemps dernier, les services sont clairement le moteur de la croissance tricolore. Beaucoup d'établissements dans l'hébergement-restauration, les loisirs, la culture ou le tourisme ont bénéficié d'un effet de rattrapage au cours du second semestre 2021. Le tourisme international est en revanche toujours à la peine. Le prolongement des règles sanitaires et la fermeture des frontières dans certains pays devraient encore plus affaiblir ce secteur déjà étouffé depuis de longs mois. Compte tenu du poids des services marchands et non-marchands dans le produit intérieur brut (75% du PIB environ), la croissance devrait résister si de nouvelles restrictions ne sont pas mises en place au cours des six prochains mois.

Dans l'industrie, les indicateurs sont loin d'être au vert. La pagaille dans les chaînes logistiques et la dépendance de l'Europe aux pays fournisseurs provoquent de fortes tensions d'approvisionnement à des niveaux historiques selon l'institut basé à Montrouge (département des Hauts de Seine). La situation dans l'automobile et l'aéronautique reste toujours critique. L'activité devrait encore rester en deçà de son niveau d'avant-crise au moins jusqu'à la mi-2022.  Enfin, la construction, après avoir profité d'un effet de rattrapage au premier semestre 2021, serait moins dynamique au cours du premier semestre 2022. Là aussi, le niveau d'activité jusqu'en juin prochain resterait inférieur au dernier trimestre 2019.

Un chômage à 7,6% à la mi-2022, de moindres créations d'emplois

Sur le front de l'emploi, la conjoncture est relativement favorable. Après une année 2020 cataclysmique, les créations d'emplois ont été relativement fortes en 2021. Près de 620.000 emplois seraient crées au cours de l'année 2021 après 315.000 destructions l'année dernière. Au cours du premier semestre 2022, l'Insee prévoit environ 80.000 créations d'emplois, soit un rythme bien moindre que cette année. L'emploi serait ainsi supérieur de 387.000 en juin prochain à son niveau d'avant-crise. Un des éléments importants pour expliquer ces chiffres favorables de l'emploi est la hausse de l'apprentissage et l'alternance chez les jeunes. Le taux d'activité chez les jeunes est 3 points au-dessus de son niveau d'avant-crise pour atteindre 41% à la fin du troisième trimestre 2021.

Résultat, le taux de chômage en France au sens du bureau international du travail (BIT) pourrait atteindre 7,6% de la population active au cours des six prochains mois. Il reste cependant beaucoup d'incertitudes sur le plan sanitaire.

"S'agissant du taux de chômage, il n'a pas diminué au troisième trimestre 2021. C'est une surprise. Cela s'explique par une hausse de la population active. Au plus fort de la crise, la population active s'était fortement contractée. On s'attendait à un retour de cette population active sur le marché du travail. L'un des enseignements est qu'il est difficile de prévoir le taux de chômage dans ce contexte", a affirmé le statisticien Olivier Simon lors du point presse. "Cette prévision dépend de l'évolution de la population active", a-t-il ajouté.

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Une inflation supérieure à 2,5% au premier semestre 2022

La pandémie continue de provoquer des remous sur les indicateurs des prix. La reprise économique d'abord en Asie puis aux Etats-Unis a provoqué de vives tensions sur les marchés de l'énergie, des matières premières et des biens. La réorientation de la consommation dans les pays occidentaux vers des biens manufacturés après de longues périodes de confinement a semé le trouble sur les chaînes d'approvisionnement. Résultat, la plupart des pays occidentaux sont touchés par ces pressions inflationnistes.

En France, l'indice des prix à la consommation a accéléré de 2,8% en novembre après avoir frôlé la déflation en décembre 2020.  Cette hausse est portée par celle des prix de l'énergie mais cette tendance pourrait changer dans les mois à venir. "Le prix du pétrole a fait augmenter les prix des carburants. Sous l'hypothèse d'un baril de pétrole de 75 dollars, l'inflation se maintiendrait autour de 2,5%. Cette stabilité s'expliquerait par un mouvement contraire avec une baisse des produits pétroliers et une hausse des prix des produits manufacturés", a déclaré Olivier Simon.

Enfin, l'inflation sous-jacente qui exclut les éléments les plus volatils comme l'énergie, les produits frais pourrait atteindre 2,2% en juin prochain soutenue notamment par le dynamisme des produits manufacturés. Les prix à la production ont grimpé en flèche dans certains secteurs industriels. Cette hausse a commencé à se répercuter dans les prix à la consommation. Dans ce contexte, la Banque centrale européenne a des difficultés pour trouver la bonne riposte. Un resserrement trop brusque des politiques monétaires pourrait mettre à mal la reprise économique encore fragilisée par une crise sanitaire à rallonge.

Grégoire Normand
Commentaires 9
à écrit le 16/12/2021 à 16:00
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Leur technique à pôle emploi est assez simple : quand vous n'avez plus de droits ils vous convoquent vous embêtent et vous partez alors rejoindre le halo. Mot qui veut simplement dire que vous ne faites plus partie des effectifs de chômeurs. Et le ch...

à écrit le 15/12/2021 à 9:10
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Tweet de martin blachier hier: Données danoises Omicron: 8% chez les triples vaccinés 5,5% chez les doubles vaccinés 1,2% chez les non-vaccinés Omicron sélectionne les vaccinés car l'échappement vaccinal lui confère un avantage chez ces per...

le 15/12/2021 à 15:24
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Chiffres totalement farfelus inventés de bout en bout. "au Danemark, ils ont vacciné la totalité de leur population vulnérable".

à écrit le 15/12/2021 à 8:25
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En parlant de Variant Omicron : Mauvais timing. C'est ce qu'on pourrait croire de l'extérieur en découvrant l'histoire de ce couple coincé depuis son retour de voyage, raconte Le Parisien. Mais leurs déboires n'ont rien d'amusant. Car leur voyage ...

le 15/12/2021 à 17:08
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Tant qu’on parlera de Covid et de pandémie,moi,je ne sors plus du territoire national.Aucun risque de confinement ou de retour en catastrophe comme pour le Maroc ,récemment.

à écrit le 14/12/2021 à 23:28
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Chomage ou dessert !

à écrit le 14/12/2021 à 19:34
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La manipulation des chiffres suivra les dires de la "boule de cristal"! A moins que l'on ne change de gestionnaire!

le 15/12/2021 à 4:59
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Depuis 40 ans la meme rengaine, droite gauche.... Les francais ont une chance inouie de bousculer les mafias au pouvoir. Sauront-ils la saisir ?

à écrit le 14/12/2021 à 18:08
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D’où le marché douteux des formations qui permettent non seulement de capter l'argent public mais en plus de sortir les chômeurs des stats.

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