Fermeture des boîtes de nuit, renforcement du télétravail, accélération de la vaccination chez les plus jeunes..., face à la menace du variant Omicron, le gouvernement a annoncé une salve de nouvelles règles sanitaires à l'approche des fêtes de fin d'année. La flambée des contaminations et la hausse des hospitalisations ont à nouveau mis les services hospitaliers sous pression. Dans ce contexte sanitaire dégradé, la Banque de France table sur une hausse de la croissance au mois de décembre sous réserve de l'évolution de la pandémie. Le produit intérieur brut serait en hausse de 0,75 point par rapport à son niveau d'avant-crise. Pour autant, la banque centrale qui a interrogé les entreprises entre le 26 novembre et le 3 décembre dernier fait part de l'incertitude qui pèse dans les secteurs déjà lourdement frappés par la pandémie comme l'hôtellerie-restauration, l'aéronautique ou les loisirs.
"C'est la première enquête de conjoncture réalisée après l'apparition du variant Omicron. Le début des incertitudes sur le contexte sanitaire était connu par les entreprises. En dépit du retour des incertitudes sanitaires, les entreprises interrogées déclarent que l'activité a progressé en novembre par rapport à octobre. Surtout, l'activité continuerait de progresser en décembre" a déclaré l'économiste Olivier Garnier lors d'un point presse ce mardi.
La Banque de France n'a pas fait de révision de sa croissance au dernier trimestre. En revanche, les économistes n'ont pas annoncé de nouvelles projections pour 2021 et 2022. De nouvelles annonces sont attendues le 20 décembre prochain
Les dernières mesures annoncées par l'exécutif lundi 8 décembre devrait un avoir un impact relativement limité sur l'économie française. Compte tenu du poids des secteurs soumis aux fermetures dans le produit intérieur brut tricolore, la croissance tricolore devrait être épargnée dans les prochaines semaines si un nouveau durcissement n'est pas annoncé.
"Les annonces du Premier ministre n'ont pas entraîné de changement dans nos prévisions par rapport à novembre [...] Même s'il y a une forte incertitude, les mesures annoncées ne devraient pas avoir d'impact significatif sur l'activité. En revanche, il peut y avoir un impact sur les comportements des agents encore difficile à évaluer. Dans certains secteurs, il peut y avoir un impact comme l'hébergement-restauration" a affirmé Olivier Garnier interrogé par La Tribune.
Les services tirent la croissance, l'industrie retrouve un peu de couleur
L'économie du tertiaire reste le moteur de la croissance en cette fin d'année. Les services dans le secteur marchand se situent un point au dessus de leur niveau pré-crise. Dans le détail, les secteurs financiers et l'immobilier affichent une bonne santé (2 points au dessus). La hausse serait également marquée dans le travail temporaire et la location de voitures.
En revanche, l'activité stagnerait dans l'hébergement restauration d'après les chefs d'entreprise interrogés. La propagation du variant Omicron dans les chaînes de contamination peut affecter la confiance des restaurateurs, hôteliers et des clients déjà marqués par ces deux longues années de pandémie.
Du côté de l'industrie, l'optimisme gagne un peu de terrain. La production devrait accélérer en fin d'année dans la plupart des secteurs selon les conjoncturistes. Les industries chimique et pharmaceutique, la fabrication de produits en caoutchouc et plastique ainsi que les équipements électriques seraient concernées par cette hausse. De même que l'automobile qui avait plongé ces derniers mois devrait retrouver des couleurs au mois de décembre. Enfin, dans le bâtiment, l'activité serait stable.
Difficultés d'approvisionnement
La pandémie continue de perturber les chaînes d'approvisionnement partout sur la planète. En France, la part des entreprises dans l'industrie exprimant de telles difficultés a continué d'augmenter entre octobre et novembre passant de 56% à 57%. Dans le bâtiment, la hausse des tensions est également vive.
"Ces difficultés continuent d'exercer une pression à la hausse sur les prix de production dans ces deux secteurs" indiquent les économistes.
Les répercussions de ces goulets d'étranglement continuent surtout de se répercuter sur l'activité dans l'automobile. Les constructeurs ont déjà annoncé des baisses de production de plusieurs centaines de milliers de véhicules rien qu'en 2021. "L'automobile a été extrêmement affectée par les pénuries de semi-conducteurs et des difficultés d'approvisionnement. Ces pénuries se traduisent par la baisse des ventes et de la production. En Allemagne, la baisse est d'environ 30% par rapport à 2019. Le secteur automobile est un cas d'école. Il est très imbriqué dans les chaînes de valeur mondiale et représente une part très importante du secteur manufacturier" a déclaré l'économiste de l'OCDE, Sophie Guilloux-Nefussi, lors d'un séminaire organisé ce mardi par le CEPII (centre d'études prospectives et d'informations internationales) et la Banque de France.