
Avancé par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle pour permettre un meilleur partage des profits des entreprises en direction des salariés, le dividende salarié ne fait pas l'unanimité. Notamment de la part de l'Association française des entreprises privées (Afep) qui affiche un « certain scepticisme » quant à cette mesure.
« Dire que la valeur est insuffisamment ou mal répartie entre les parties prenantes dans les entreprises, notamment entre le capital et les salariés, n'est pas, du point de vue des grandes entreprises, quelque chose qui correspond à la réalité », a déclaré ce mercredi 14 décembre Jean-Luc Matt, le directeur général de l'organisation. Cette dernière compte 114 grands groupes parmi lesquels Air France KLM, Carrefour, Danone, Société Générale, Seb ou Vinci.
Depuis des semaines par la voix de son ministre de l'Économie notamment, le gouvernement prône l'instauration d'un dividende salarié obligatoire. « Quand une entreprise fait des profits, qu'elle peut verser des dividendes à ses actionnaires, elle doit garantir une meilleure rémunération à son salarié », n'a de cesse de dire Bruno Le Maire.
Faire évoluer l'existant plutôt que créer du nouveau
Selon l'Afep, les salariés sont les « premiers bénéficiaires » de la valeur ajoutée créée par ses entreprises adhérentes, avec une part de 61%, « stable dans la durée ». Plus de 108 milliards d'euros ont ainsi été versés par ses adhérentes à leur 2,1 millions de salariés français : 100 milliards de rémunérations brutes, 6,3 milliards de participation et d'intéressement et 2,3 milliards pour les salariés actionnaires.
« Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas des évolutions dont on pourrait discuter », reconnaît Jean-Luc Matt. En prenant pour exemple de rendre plus lisibles et plus souples les dispositifs en place ou sécuriser davantage l'actionnariat salarié. Reste néanmoins d'après lui qu' « il faut partir du constat qu'il y a déjà beaucoup qui est fait en la matière ».
L'Afep n'est pas le seul organisme réfractaire au dividende salarié. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, avait déclaré au début du mois de novembre : « On est plutôt pour revoir les dispositifs existants, les améliorer et les étendre ». Le président de la Confédération des PME François Asselin, considère lui qu'« on mélange tout avec cette terminologie de dividende salarié : celui qui porte le risque, et qui est potentiellement rémunéré par le dividende pour cela, et les salariés qui ne portent pas le risque ». Du côté des syndicats, les revendications portent plutôt sur des augmentations de salaires.
Une loi « au cours du quinquennat »
Reste que le gouvernement est bien décidé à mener à bien son projet. Mi-novembre, le porte-parole du gouvernement a ainsi annoncé que le dividende salarié devrait faire l'objet d'une loi « au cours du quinquennat ». « On fera par la loi passer une disposition qui contraindra les entreprises qui versent des dividendes aux actionnaires à en verser aux salariés, parce que c'est plus de pouvoir d'achat », a déclaré Olivier Véran. Et d'ajouter : « Il faut que les salariés puissent devenir quelque part un peu propriétaires de leur outil de travail ».
Initialement, Emmanuel Macron visait un vote de cette mesure dès cet été, mais le gouvernement a temporisé. Néanmoins, personne au sein de l'exécutif n'a réellement défini à ce jour ce que serait ce dividende salarié exactement.
(Avec AFP)
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