Dans le dossier de « partage de la valeur », récemment relancé par des discussions entre le gouvernement et les partenaires sociaux, le sujet du « dividende salarié » est sur le point d'être tranché. Cette mesure, avancée par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle pour permettre un meilleur partage des profits des entreprises en direction des salariés, devrait en effet faire l'objet d'une loi « au cours du quinquennat ».
« On fera par la loi passer une disposition qui contraindra les entreprises qui versent des dividendes aux actionnaires à en verser aux salariés, parce que c'est plus de pouvoir d'achat », a déclaré Olivier Véran ce jeudi 17 novembre sur le plateau de France 2. Et le porte-parole du gouvernement d'ajouter : « Il faut que les salariés puissent devenir quelque part un peu propriétaires de leur outil de travail. »
Ce qui vient appuyer le discours asséné par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire : « Quand une entreprise fait des profits, qu'elle peut verser des dividendes à ses actionnaires, elle doit garantir une meilleure rémunération à son salarié », martèle Bruno Le Maire depuis des semaines.
Le patronat résiste, les syndicats préfèrent des hausses de salaire
Initialement, Emmanuel Macron visait un vote de cette mesure dès cet été, mais le gouvernement a temporisé. Reste que personne, au sein de l'exécutif, n'a réellement défini ce que serait ce « dividende salarié » exactement.
Face à ce flou, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux avait déclaré au début du mois : « On est plutôt pour revoir les dispositifs existants, les améliorer et les étendre. »
Le président de la Confédération des PME François Asselin considérait, lui, qu'« on mélange tout avec cette terminologie de "dividende salarié" : celui qui porte le risque, et qui est potentiellement rémunéré par le dividende pour cela, et les salariés qui ne portent pas le risque ».
Du côté des syndicats, les revendications portent plutôt sur des augmentations de salaires.
« Le salaire, c'est tous les mois, c'est des cotisations sociales » tandis que les primes sont ponctuelles, avait affirmé le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Pas de taxe sur les superprofits
Olivier Véran a par ailleurs balayé la possibilité d'une taxe sur les superprofits réalisés par les entreprises énergétiques que la gauche entend porter lors de l'examen du projet de budget pour 2023 au Sénat. « Rien que sur l'énergie, on en est à 40 milliards de d'argent public pour accompagner les Français », a-t-il argumenté. « Donc même si vous mettiez une taxe à 10% sur les profits que vous pourriez appeler surprofits, ça ne fait pas la maille », a-t-il avancé. Une telle taxe est toutefois déjà en place au Royaume-Uni.
Le porte-parole du gouvernement a soutenu : « Je peux vous garantir qu'on récupère beaucoup plus que s'il y avait une taxe sur les superprofits », défendant le dispositif européen de « contribution temporaire de solidarité » repris dans le projet de budget.
Si cette mesure était mise en place, TotalEnergies estime à 1 milliard d'euros le montant de la contribution qu'il aurait à payer, dans six pays de l'Union européenne. Cette dernière est fixée à 33% de la part des superprofits de 2022, c'est-à-dire des bénéfices supérieurs de plus de 20% à la moyenne des années 2019-21. Selon l'économiste Maxime Combes, de l'Observatoire des multinationales, une émanation de l'ONG Attac, sur ce milliard d'euros que TotalEnergies paierait ainsi, 40 à 65 millions seulement reviendraient en France.
(Avec AFP)