Face au nouveau tour de vis sur l'assurance chômage, les syndicats contre-attaquent

La nouvelle attaque portée à la protection sociale, avec la nouvelle réforme annoncée de l'assurance chômage, n'a pas manqué de faire réagir. Les syndicats ont largement dénoncé une mesure d'économie budgétaire au prix d'une précarisation accrue des demandeurs d'emploi. La gauche a également fait savoir son opposition alors que ces mesures ont été annoncées par Gabriel Attal juste avant la période de réserve électorale imposée au gouvernement.
Les conditions d'indemnisation du chômage vont encore se durcir en 2025.
Les conditions d'indemnisation du chômage vont encore se durcir en 2025. (Crédits : Reuters)

Les réactions n'ont pas tardé et c'est sans surprise que la colère domine. Après les annonces de Gabriel Attal dans La Tribune Dimanche sur le nouveau durcissement à venir des règles d'indemnisations de l'assurance chômage - le quatrième depuis 2017 - les syndicats ont réagi vivement. Ils dénoncent tant la forme que le contenu et les objectifs de la réforme présentée par le Premier ministre, qui campe lui une posture de responsabilité.

« C'est une réforme populiste », a cinglé dimanche le secrétaire général des cadres de la CFE-CGC François Hommeril sur RMC, accusant le gouvernement de mentir pour « faire les poches » des salariés en stigmatisant les chômeurs.

« C'est le pire durcissement des conditions d'indemnisation qui soit mis en œuvre depuis toujours. Quand les partenaires sociaux avaient la main, il fallait avoir travaillé quatre mois dans les 28 mois, et là on passe à huit mois dans 20 », relève Michel Beaugas de FO auprès de l'AFP.

Lire aussiGabriel Attal : « J'appelle au sursaut »

Réforme pour l'emploi ou politique budgétaire ?

Dans l'entretien accordé à La Tribune Dimanche, Gabriel Attal a déclaré que cette troisième réforme de l'assurance chômage depuis 2017 était la condition sine qua non « pour aller vers le plein emploi ».

« A chaque fois que l'on a eu des réformes autour du travail depuis 2017, elles ont rencontré des oppositions : assurance chômage, ordonnances travail, apprentissage, formation professionnelle... mais elles ont porté leurs fruits », a justifié le Premier ministre.

La ministre du Travail, Catherine Vautrin, qui avait rencontré en milieu de semaine les organisations syndicales, avait déjà levé le voile sur les projets de l'exécutif. Celles-ci n'ont pas été convaincues pour autant par ce discours. « Ce n'est pas une politique d'incitation au retour à l'emploi, c'est une politique budgétaire », a réagi auprès à l'AFP Olivier Guivarch, négociateur sur l'assurance chômage de la CFDT.

Lire aussiEconomies budgétaires : la transition écologique encore amputée d'un milliard d'euros ?

Comme les autres syndicats, la CFDT fustige l'objectif d'économies de 3,6 milliards d'euros envisagées grâce à cette réforme, la première centrale syndicale les jugeant même probablement sous-évaluées. « On pense qu'on est au-delà des 4 milliards (d'euros) », a avancé Olivier Guivarch.

Pour FO, Michel Beaugas estime « cela va faire baisser de plus de 15% les demandeurs d'emploi qui entreront dans l'indemnisation chômage, c'est-à-dire qu'on va laisser dans la précarité et la pauvreté des demandeurs d'emploi déjà précaires ».

Un texte qui sera attaqué au Conseil d'Etat

Il faut dire qu'une réforme d'assurance chômage aura rarement été́ aussi dure. En réduisant la durée d'affiliation, c'est-à- dire le temps de travail nécessaire pour être éligible à une allocation - il faudra avoir travaillé́ huit mois sur les vingt derniers et non plus six sur les vingt-quatre précédents comme c'est le cas aujourd'hui -, l'impact se fera aussi sentir sur la durée globale d'indemnisation. Un chômeur de moins de 57 ans sera indemnisé jusqu'à quinze mois, contre dix-huit aujourd'hui.

Les détails de la réforme seront connus à l'été, Gabriel Attal ayant précisé que le gouvernement allait prendre un décret le 1er juillet pour que celle-ci « puisse entrer en vigueur le 1er décembre ». « On va attendre le décret (...) parce qu'on risque encore d'avoir des surprises », a souligné Michel Beaugas pour FO qui promet d'ores et déjà d'attaquer le futur texte devant le Conseil d'Etat.

Lire aussiLa réforme de l'assurance chômage, une ponction qui ne dit pas son nom sur l'Unedic

Annonce à l'approche des élections

Annoncée à quelques semaines des élections européennes, juste avant l'entrée en vigueur de la période de réserve électorale, alors qu'aucune urgence ne semblait la justifier, cette réforme revêt un caractère éminemment politique. Une dimension revendiquée par le Premier ministre en marge d'un déplacement à Etréchy (Essonne) dans le cadre de la campagne : « Ne pas attendre les élections pour annoncer des choses, c'est être clair et transparent. (...) Je vois bien qu'en face il y a un axe, d'un côté Jean-Luc Mélenchon, de l'autre Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui ne veulent rien toucher, rien bouger. » « C'est une réforme qui est difficile, j'assume », a affirmé le chef du gouvernement.

Face à ce coup porté à la protection sociale et dans le contexte de campagne, la gauche a embrayé sur les critiques syndicales. Gabriel Attal « veut venir piquer de l'argent sur les cotisations pour venir abonder les problèmes de déficit de l'Etat », a fustigé Manuel Bompard, coordinateur national de LFI invité du rendez-vous politique de Cnews/Europe 1/les Echos.

« On nous explique aujourd'hui que c'est une mesure incitative pour relancer l'emploi, alors que la même mesure était présentée comme une nouvelle source d'économies absolument miraculeuse, il y a quelques semaines, c'est nous prendre pour des abrutis », a pointé la tête de liste PS-Place publique Raphaël Glucksmann sur LCI.

Avec AFP

Commentaires 36
à écrit le 27/05/2024 à 17:31
Signaler
C'est juste Une réforme "populiste" et politique pour leurs électeurs frustrés ou retraités

le 29/05/2024 à 0:03
Signaler
Surtout les retraités pour qui l'augmentation de 5% des pensions en début d'année n'a pas encore été assez...

à écrit le 27/05/2024 à 17:26
Signaler
Comment se fait-il que les syndicats se contentent de vociférer au lieu de demander un baisse légitime des cotisations chômages qui pénalisent l'emploi ?

à écrit le 27/05/2024 à 13:40
Signaler
Moi ma réforme et mon tour de vis il va étre dans la consommation et les élections de juin et 2017 .. ça leur bottera le c le Macron - Attal -Lemaire - comme de gauche à droite vu les profiteurs et opportunistes .. ras le bol des donneurs de leçon...

le 27/05/2024 à 19:05
Signaler
Ce sont des élections européennes pas nationales. Le seul but des parties extrémistes est de bloquer l'institution européenne.

à écrit le 27/05/2024 à 13:34
Signaler
J ai 55 ans et je constate que : Rien de plus ou de moins que ces prédécesseurs quelque soit l ´ étiquette politique..depuis 50 ans .. dernièrement Pecresse faisant les poches aux entreprises d île de France .. la droite vaut pas mieux que y’a gauche...

à écrit le 27/05/2024 à 13:33
Signaler
J ai 55 ans et je constate que : Rien de plus ou de moins que ces prédécesseurs quelque soit l ´ étiquette politique..depuis 50 ans .. dernièrement Pecresse faisant les poches aux entreprises d île de France .. la droite vaut pas mieux que y’a gauche...

à écrit le 27/05/2024 à 13:33
Signaler
J ai 55 ans et je constate que : Rien de plus ou de moins que ces prédécesseurs quelque soit l ´ étiquette politique..depuis 50 ans .. dernièrement Pe russe faisant les poches aux entreprises d île de France .. la droite vaut pas mieux que y’a gauche...

à écrit le 27/05/2024 à 13:33
Signaler
J ai 55 ans et je constate que : Rien de plus ou de moins que ces prédécesseurs quelque soit l ´ étiquette politique..depuis 50 ans .. dernièrement Pe russe faisant les poches aux entreprises d île de France .. la droite vaut pas mieux que y’a gauche...

à écrit le 27/05/2024 à 11:12
Signaler
OK ,on va vers le modèle anglais et libéral . OK ! Mais il faut alors nous enlever les 55 à 65 % de charge (impôt , TVA , assurances obligatoires , charge patronale , charge sociale etc .... ) pour mettre un plafond à 25% de charge tout compris ...

le 27/05/2024 à 19:07
Signaler
C'est drôle qu vous dites que l'on va vers un système libéral alors que vous prônez un plafond de 25 % de charges et que chacun se débrouille !

à écrit le 27/05/2024 à 10:02
Signaler
⚠️ Le régime francophobe et communiste de Macron vous offre LA RUINE 🤪📉💀‼️ Pour retrouver notre souveraineté monétaire, reconstruire le tissu industriel français et cheminer de nouveau vers la prospérité économique, l'UPR de François Asselineau prône...

à écrit le 27/05/2024 à 9:55
Signaler
Je ne vois pas ce qu’il y a de si dur ou si extraordinaire dans cette réforme !!!! Regardez chez nos voisins !!! 8 mois pour 15 mois, c’est un deal assez fair !!! Quant à la permittence, j’en ai malheureusement un exemple dans mes connaissances…. 6 m...

le 27/05/2024 à 14:47
Signaler
Ce qu'il y a de dur, c'est que comparé à nos voisins, le secteur privé en France, c'est le Moyen Age...

à écrit le 27/05/2024 à 9:45
Signaler
Une excellente réforme mais il faut aller plus loin et réduire la durée maximale d'indemnisation à 12 mois et abolir le scandaleux régime d'indemnisation des intermittents du spectacle. Je rappelle que la dette cumulée de l'Unedic est de presque 40...

le 27/05/2024 à 23:50
Signaler
On pourrait aussi plafonner les retraites au niveau du Smic, les dépenses publiques baisseraient de 15% d'un coup!

le 28/05/2024 à 10:27
Signaler
Si certains métiers peinent à recruter et si le niveau des candidats est en chute libre, c'est justement car les durcissements à répétition des conditions d'indemnisation du chômage reviennent à dégrader le ratio bénéfice-risque et les bons professio...

à écrit le 27/05/2024 à 8:32
Signaler
C est fait avant les elections car pour LREM c est pas genant. les chomeurs et plus generalement les actifs ne votent pas Macron. Macron est le candidat des retraités qui eux ne sont pas impacté au contraire (+5 % pour les pensions de retraites)

à écrit le 27/05/2024 à 2:27
Signaler
Je devrais remplacer Bruno lemaire car j'ai trouvé la solution pour le plein emploi. Si nous faisions partir à la retraite le travailleur du privée à 40 ans au lieu d'embaucher des fonctionnaires nous libérerions des emplois pour les chômeurs et ...

le 27/05/2024 à 7:20
Signaler
il vas droit sur une greve general en periode j o pendre des mesures contres ceux que la vie a penalise a l'image de m philippe il refait les memes erreurs sauf que la la situation pour revendiquer est bien plus favorable

le 27/05/2024 à 17:29
Signaler
Maintenant que le gouvernement tape encore plus fort sur les chômeurs ,Vous trouvez un autre bouc émissaire avec les fonctionnaires...et après...

à écrit le 27/05/2024 à 1:54
Signaler
On tape sur les chômeurs. Si les chômeurs manifestaient tout les jours sur les ronds points çà ne se passerait pas ainsi !

le 27/05/2024 à 9:15
Signaler
Oui, les chômeurs et les assistés votent très peu, c'est pour ça qu'ils sont stigmatisé par la droite dont l'électorat est à l'abri du chômage car en retraite ou en rente de situation...

le 27/05/2024 à 13:52
Signaler
Si les chômeurs manifestaient et arrêtaient de consommer .. là oui !!

à écrit le 26/05/2024 à 22:37
Signaler
Cette réforme est bien évidemment démagogique, l'objective étant de faire des économies sur les dos des précaires pour maintenir les avantages de retraités n'ayant que marginalement connu le chômage car ayant largement travaillé à l'abri de la concur...

le 27/05/2024 à 12:30
Signaler
Je pense que l'on n'est plus sur des questions d'économie ou de budget . Si non expliquez moi comment on sort autant d'argent pour l'Ukraine , pour EDF , l'écologie , les JO et comment on jongle avec des budgets qui sont complétement faux . Seul po...

à écrit le 26/05/2024 à 21:21
Signaler
L’assurance chômage étant déjà excédentaire, 2 choses : où vont allez ces nouveaux excédants ? Le principe d’une assurance, c’est que si on diminue une prestation, on diminue aussi la cotisation. Mais là non. Ce ne sont pas seulement aux chômeurs ...

à écrit le 26/05/2024 à 20:53
Signaler
Plusieurs constantes dans l'action du gouvernement a) Je tape sur les plus vulnérables, tout en les accusant b) Ce n'est pas de ma faute c) Je ne demanderai pas à mon électorat de participer à l'effort collectif. d) Je n'écoute personne et je sui...

à écrit le 26/05/2024 à 19:07
Signaler
"les syndicats contre-attaquent" Ah ,parce qu'ils ne savaient pas qu'en appelant à voter Macron en 2022 ,ce gouvernement allait faire la retraite à 64 ans et durcir les allocations chômages ! ,pourtant ;vu comment Macron les avait traiter deja lor...

à écrit le 26/05/2024 à 18:02
Signaler
Donnons la France et ses 3000 milliards de dette à gérer aux syndicats, et allons à la pêche...

le 27/05/2024 à 13:49
Signaler
Commençons par réduire le nombre de communes de députés de sénateurs de conseillers cantonaux et de ceci et de cela .. leur salaire émoluments et avantages ´ ont rien à voir avec un fonctionnaire de catégorie c ou b émargeant à 1400-1700€ net ….. dan...

le 27/05/2024 à 13:52
Signaler
Commençons par réduire le nombre de communes de députés de sénateurs de conseillers cantonaux et de ceci et de cela .. leur salaire émoluments et avantages ´ ont rien à voir avec un fonctionnaire de catégorie c ou b émargeant à 1400-1700€ net ….. dan...

à écrit le 26/05/2024 à 17:25
Signaler
Un fils à papa millionaire à 30 ans qui donne un tour de vis à des millions de gens dans la galère! Voilà la France de Macron réélu par les "castors" du second tour. Au passage rappelons aux lecteurs de La Tribune l'existence des G.O.P.É., ces "reco...

le 27/05/2024 à 7:18
Signaler
Castor vous avez oui... Je trouve le mots bien faible... Mais après tous, j'espère que la gauche pleure des larmes de sangs après cette réélection... ( Scandaleux)

le 27/05/2024 à 13:51
Signaler
Logique puisque c e dont les autres pays européens qui garantissent indirectement nos dettes via l euro .. si on sortait on serait déjà à 10 eme dévaluation et du chômage de masse .. vous deviez pas été actif dans les années 80-90…

à écrit le 26/05/2024 à 16:06
Signaler
"juste avant la période de réserve électorale imposée au gouvernement." Pour pas qu'ils perdent les élections ! Ben même pas ! LOL ! ^^

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.