« Face aux besoins sanitaires, nous activons nos filières économiques » (Brigitte Klinkert, Haut-Rhin)

ENTRETIEN - Les capacités d'hospitalisation sont saturées dans le département du Haut-Rhin, où se trouve l'un des foyers initiaux du coronavirus en France. Brigitte Klinkert, présidente du conseil départemental, dresse l'état des lieux.
(Crédits : dr)

LA TRIBUNE - Quelle est la situation sanitaire dans le Haut-Rhin ?

Brigitte Klinkert, présidente du conseil départemental - Elle est dramatique dans notre département. Les services de réanimation sont saturés. Les hôpitaux débordent. On ne compte même plus le nombre de personnes infectées. Hier soir, les autorités sanitaires faisaient état de 37 décès liées au coronavirus. Il y a des personnes âgées infectées dans des maisons de retraite. Le virus se diffuse de manière active et nous manquons de matériel de protection pour les personnels soignants.

Emmanuel Macron a annoncé lundi 16 mars des moyens sanitaires d'urgence pour l'Alsace, avec les moyens de l'armée. Où en êtes-vous depuis cette annonce ?

Un hôpital militaire de campagne va être déployé à Mulhouse, à côté de l'hôpital existant. L'armée viendra sur place demain pour s'assurer de sa faisabilité. Il y aura 100 soignants, avec des lits de réanimation. Je salue le transfert des premiers patients en-dehors du département et la prise en charge par l'armée de six personnes atteintes, évacuées par voie aérienne vers l'hôpital de Toulon.

De quels moyens matériels avez-vous besoin ?

Il y a de gros besoins matériels. Je passe mon temps à activer mes réseaux pour trouver des masques et du gel pour les professionnels de santé, les Ehpad et nos services d'aide à domicile. Wolfberger, qui distille des eaux-de-vie à Eguisheim, met ses stocks d'alcool à 90 degrés à disposition de l'aide sanitaire. Les pharmaciens en ont besoin pour produire du gel. La société pharmaceutique Hartmann, qui fabrique des masques en Alsace, a vu sa production réquisitionnée par l'Etat. Weleda et les autres sociétés pharmaceutiques établies dans le secteur de Saint-Louis lancent la fabrication de gel. Face aux besoins urgents, nous actionnons toutes les filières industrielles utiles, dont la filière textile.

Quelle est la situation économique des entreprises ?

Un grand nombre d'entre elles ont déjà fermé leurs établissements. Certains chantiers en plein air ont pu se poursuivre. Mais je crains qu'ils ne s'arrêtent aussi. Le conseil départemental est présent avec l'Adira, notre agence régionale de développement économique, pour infirmer les entreprises sur la conduite à tenir. Les banquiers jouent le jeu.

L'Alsace est particulièrement dépendante des relations transfrontalières. La Suisse et l'Allemagne ont-elles complètement fermé leurs frontières ?

Non. Les travailleurs frontaliers peuvent continuer d'aller au travail. Mais ils sont de moins en moins nombreux à s'y rendre. La collaboration avec le Bade-Wurtemberg reste active. J'attends du gel promis par nos voisins, ainsi que la confirmation de la prise en charge par les hôpitaux allemands d'une partie de nos malades alsaciens.

Quelles sont les tâches prioritaires effectuées par les agents de votre collectivité ?

La quasi-totalité des agents du département sont en télé-travail. Nous sommes présents sur nos missions d'accompagnement des personnes vulnérables, sur l'ensemble du territoire du département. L'aide à domicile fonctionne. Nos établissements scolaires proposent des services de garde. Hier, nous avons reçu 240 demandes de prise en charge d'enfants dans nos collèges. Seuls 14 sont venus, simplement parce que tout s'arrête.

Y a-t-il une aide spécifique pour les plus démunis ?

Elle existe dans nos quartiers prioritaires de la ville. Nous coordonnons l'aide alimentaire avec les centres communaux d'action sociale. Certaines structures ou associations ont malheureusement fermé.

Quelles sont les perspectives pour la suite de cette crise ?

Le pic n'est pas encore atteint. Lorsqu'il sera passé, il faudra préparer la sortie de crise. Elle sera terrible, y compris pour les entreprises. Il est impossible d'imaginer ses conséquences chiffrées.

Propos recueillis par Olivier Mirguet.

Commentaire 1
à écrit le 19/03/2020 à 15:57
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Et avez vous dénoncé auparavant ces baisses drastiques de moyens alloués au secteur de la santé dans le seul but d'engraisser des gens toujours plus gras toujours plus impotents ? A quoi sert de réagir quand c'est trop tard ? Élections, piège...

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