Face aux crises climatiques à venir, l'indispensable coopération public privé

PRISE DIRECTE. Avec la multiplication des crises liées au réchauffement climatique, une collaboration plus étroite entre services publics et opérateurs privés est indispensable. Le débat a eu lieu lors du Paris Zéro Carbone organisé par La Tribune et la Ville de Paris, en présence de Christian Estrosi, maire de Nice, Lydie Sartout, directrice Projets et Solutions Transition énergétique d'Enedis, Christophe Bouillon, président de l'association des petites villes de France (APVF) et maire de Barentin, et Maximilien Pellegrini, directeur général délégué Eau France de Suez.

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Le 2 octobre, la tempête Alex a ravagé trois vallées du haut pays niçois. Des dizaines de maisons emportées, seize personnes disparues, 50 km de voirie et 20 stations d'épuration détruites, plus de réseaux de communication : cet épisode extrême a mis à rude épreuve la population de cette région. « Émotionnellement, il faut mobiliser des équipes de psychologues, de médecins, d'urgentistes. C'est très lourd. Nous avons besoin de la contribution de l'État, mais aussi des partenaires industriels pour rétablir les réseaux d'eau, d'électricité, de téléphonie. C'est ce que nous avons réussi à faire en 24 heures » déclare Christian Estrosi, Président de la Métropole Nice Côte d'Azur et maire de Nice.

La force d'intervention rapide d'Enedis a également répondu à l'urgence. En moins de trois jours, grâce à des groupes électrogènes héliportés, 100% de l'électricité a pu être rétablie. Des groupes qui fonctionnent au diesel mais  « nous travaillons à les décarboner avec des batteries de grande dimension » précise Lydie Sartout, directrice Projets et Solutions Transition énergétique d'Enedis. Le distributeur d'électricité investit 1 milliard d'euro par an pour la modernisation des réseaux que la société maintient et entretient pour les collectivités locales.

Collaborer entre acteurs privés et publics

Comment éviter ces crises appelées à se multiplier ? Pour Christophe Bouillon, président de l'association des petites villes de France (APVF) et Maire de Barentin (Seine-Maritime), « il faut collaborer avec les acteurs privés pour mieux prévenir. Par exemple, les petites villes doivent disposer des moyens en ingénierie ». Les sociétés d'économie mixte à opération unique (SEMOP) sont un autre outil pour améliorer cette collaboration.

« Dans le domaine de l'eau, on estime à 15 à 20 milliards d'euros les besoins dans les cinq prochaines années. Or, il n'y a que 300 millions d'euros consacrés à l'eau parmi les 30 milliards d'euros du plan de relance dédiés à la transition écologique. Il faut basculer d'une politique d'atténuation à une politique d'anticipation. A nous secteur privé d'apporter de l'innovation » analyse Maximilien Pellegrini, directeur général délégué Eau France de Suez. Mais les métropoles, qui ont perdu 2 milliards d'euros suite à la crise sanitaire, s'interrogent sur leur capacité à absorber ces crises.

La technologie pour prévenir les crises


À Nice, Christian Estrosi a dû faire des arbitrages : « au printemps dernier, l'État n'a pas été capable de protéger son personnel médical, c'est  la collectivité qui s'est quasiment substitué et a organisé des drives pour distribuer les masques, les gants, le gel, et porter des repas chez 10.000 personnes par jour. Nous sommes devenus des logisticiens ».

Pour le maire de Nice, l'avenir est aux grandes intercommunalités. Exemple avec les différences de traitement de la Vallée de la Roya, qui ne dépend pas de la métropole niçoise, et de celles de la Tinée et de la Vésubie, qui en font partie. « Pour ces dernières, nous avons pu en 24 heures mobiliser toutes les subdivisions des routes, avoir une régie unique de l'eau avec une ingénierie puissante. Aujourd'hui, deux mois plus tard, toutes les écoles et collèges fonctionnent. Hier matin (jeudi 10 décembre), j'ai réouvert nos deux stations de sport d'hiver, Auron et Isola 200 pour les seuls mineurs affiliés à la Fédération Française de ski, conformément à l'arrêté ministériel. C'est la force de la métropole qui a permis tout cela » décrit Christian Estrosi.

Le président de la Métropole niçoise a créé il y a six mois une agence de sécurité sanitaire, environnementale et de gestion des risques chargée de coordonner, conseiller et apporter une expertise stratégique sur le territoire métropolitain pour être prêt à affronter d'autres catastrophes grâce à l'intelligence artificielle et bientôt la 5G.

Faire travailler métropoles et petites municipalités

La technologie au secours des métropoles, c'est également ce que fait Enedis en Haute Corrèze avec le premier smart grid en milieu rural. « On « ilôte » une zone alimentée en panneaux photovoltaïques en cas de besoin, par exemple d'aléa climatique. À Isola 2000, nous avons signé deux contrats avec des sociétés privés pour assurer les pointes de consommation de la station, ce qu'on appelle les flexibilités locales » précise Lydie Sartout.

Représentant des petites villes, Christophe Bouillon veut « sortir du débat des gros contre les petits. Ce qui compte, c'est le principe de subsidiarité pour faire agir la collectivité la plus efficace. Faisons attention à ne pas aboutir à une métropolisation non maîtrisée. Il est possible de faire travailler métropoles et petites municipalités autour de contrats de réciprocité, comme c'est le cas à Toulouse ».

Commentaire 1
à écrit le 08/01/2021 à 14:02
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Dans le domaine public-privé qui a le plus intérêt a réclamé la collaboration et en faire la publicité?

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