Les calculatrices chauffent à Bercy à quelques heures de la présentation du projet de loi finances pour 2022 (PLF 2022). Ce dernier budget aux allures de fin de mandat devrait être particulièrement scruté par les milieux économiques et financiers au moment où la pandémie a remis au centre des débats le rôle de la politique budgétaire dans la gestion de la crise sanitaire. Alors que la campagne pour l'élection présidentielle accélère, le chef de l'Etat multiplie les annonces et les dépenses lors de ses différents déplacements. Entre le Beauvau de la sécurité, le plan pour les indépendants et le plan d'investissements à venir, le président a ouvert en grand les vannes de la dépense publique. Les ministres Bruno Le Maire Olivier Dussopt peaufinent les derniers détails du dernier budget du quinquennat Macron, voici les principaux points à attendre à l'issue du conseil des ministres mercredi midi.
Une croissance attendue à 6% en 2021 et 4% en 2022
Les indicateurs de la croissance sont au vert pour l'exécutif. Après une année 2020 marquée par un plongeon vertigineux du produit intérieur brut (-8%), la croissance économique devrait retrouver des couleurs. Le gouvernement table désormais sur une hausse de la richesse produite d'environ 6% cette année et 4% en 2022. L'Insee et la Banque de France font de leur côté le pari d'une croissance à 6,25% et 6,3% cette année. Pour les comptables du ministère des Finances, cette forte activité devrait permettre d'encaisser des recettes supplémentaires après avoir dépensé des milliards pour amortir les effets dévastateurs de la crise. Au niveau du marché du travail, le spectre d'un chômage de masse s'éloigne de plus en plus. Là encore, les principaux instituts de prévision tablent sur un taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT) autour de 8%, un niveau proche de celui d'avant-crise.
Une baisse du déficit et de la dette
Les compteurs des finances publiques devraient toutefois arrêter de s'affoler. Le ministre de l'Economie, lors d'un récent échange avec des journalistes disait s'attendre à une baisse du déficit et de la dette. Le déficit devrait passer de 9,2% du PIB en 2020, à 8,4% cette année, puis 4,8% en 2022 "en raison d'une croissance plus forte que prévu", a expliqué Bruno Le Maire. "Les 4,8% du déficit n'intègrent pas le plan d'investissement du président de la République" a-t-il précisé. De son côté, la dette publique devrait passer de 116% en 2021 à 114% du PIB en 2022. "Une partie des fruits de la croissance doit aller à la baisse de la dette publique", a-t-il poursuivi.
Sur le rétablissement des comptes publics, le gouvernement est sur une ligne de crête. S'il assure régulièrement qu'il fera preuve de "sérieux budgétaire", "l'erreur que nous voulons éviter est la consolidation budgétaire trop rapide. Cela a tué la croissance en 2008" a indiqué Bruno Le Maire. Le ministre a notamment expliqué qu'il voulait construire un budget qui "permettra une croissance durable."
Baisse des impôts
Mais sans surprise, le ministre de l'Economie a affirmé qu'il allait poursuivre la baisse des impôts. "Ce PLF (projet de loi de finances, Ndlr) repose sur des engagements tenus. Le cap sur la baisse des impôts a été tenu contre vents et marées. C'est une ligne de force de notre quinquennat. Au total, les impôts auront baissé de 50 milliards d'euros pour les ménages et les entreprises sur le quinquennat", a affirmé Bruno Le Maire. Du côté des entreprises, la politique de l'offre devrait être amplifiée dans ce budget avec la diminution des impôts de production de 10 milliards d'euros et la baisse de l'impôt sur les sociétés. Du côté des ménages, il a annoncé la suppression de la taxe d'habitation pour les 20% des ménages restants à partir de 2023.
Un plan d'investissement au centre des négociations
D'abord annoncé pour la rentrée, le plan d'investissement devrait être présenté par le chef de l'Etat "durant la première quinzaine d'octobre". A Bercy la semaine dernière, le ministre de l'Economie a échangé avec les partenaires sociaux, plusieurs chefs d'entreprise et des économistes. "On veut que l'argent aille au bon endroit", expliquait récemment l'entourage du ministre à La Tribune. Cette enveloppe qui pourrait s'élever à 30 milliards d'euros a fait l'objet d'intenses bras de fer entre les ministères. Sur le plan budgétaire, il reste beaucoup d'interrogations concernant l'intégration du plan d'investissement aux documents comptables de 2022. "Un amendement sera prévu", assure-t-on à Bercy. Ce plan d'investissement vise à booster des filières d'avenir et innovantes, comme l'hydrogène, les biotechnologies, les batteries électriques ou les semi-conducteurs. En attendant, Macron pourrait en faire un outil de campagne à quelques mois de l'échéance électorale.