La pandémie risque encore d'affoler les compteurs des économistes de Bercy. Après 18 mois secoués par les différentes vagues épidémiques, le gouvernement espère enfin voir le bout du tunnel en 2022, année de l'élection présidentielle. Lors du débat sur l'orientation des finances publiques à l'Assemblée nationale jeudi 12 juillet, les ministres de Bercy Bruno Le Maire et Olivier Dussopt ont fixé le cap budgétaire pour les mois à venir. "La stratégie du gouvernement tient en trois points : protéger, relancer et investir" a déclaré le ministre des Finances dans l'hémicycle. A l'approche de la campagne électorale, l'exécutif veut renforcer en priorité les missions régaliennes de l'Etat en visant son électorat de droite.
Le gouvernement a prévu 10,8 milliards d'euros de dépenses nouvelles pour gonfler les moyens de l'Etat. "La moitié de ces dépenses nouvelles sont le résultat de loi de programmation, donc de loi d'investissement dans les activités régaliennes de l'État. Je pense en particulier à la Loi de programmation militaire ou la Loi sur la recherche ou la Loi sur la justice. L'autre moitié correspond à des dépenses de soutien qui sont liées à la crise" a ajouté Bruno Le Maire. Une bonne part de ces subsides doit donc être fléchée vers l'armée, la police et la justice. L'éducation et la recherche devraient également bénéficier de crédits supplémentaires en lien notamment avec la revalorisation du personnel enseignant.
La Défense et l'Education profitent de la rallonge, coupes dans l'Energie
Après avoir reçu les ministres à Bercy ces dernières semaines, le ministre en charge des comptes publics Olivier Dussopt a tranché. Il a concédé que les arbitrages avaient été "difficiles à rendre". Et 2022 sera "à la fois une année de poursuite de la relance", de "réformes" et une "année qui marquera le retour à la normalisation de la dépense publique", a-t-il assuré.
D'après les documents budgétaires dévoilés par Bercy, la mission Défense sera la grande gagnante en 2020 avec un plafond de dépenses supplémentaires augmenté de 1,7 milliard d'euros entre 2021 et 2022 passant de 39,2 milliards à 40,9 milliards d'euros. Au même niveau arrive la mission Education nationale avec un plafond de dépenses supérieur de 1,7 milliard d'euros passant de 54,9 à 56,5 milliards d'euros. Enfin, la mission Ecologie et développement durable devrait bénéficier d'une enveloppe supplémentaire de l'ordre de 1,1 milliard d'euros pour s'établir à 16,4 milliards d'euros.
A l'opposé, le service public de l'énergie devrait subir des coupes sèches de l'ordre de 700 millions d'euros. Parmi les autres missions perdantes figurent les anciens combattants (-100 millions d'euros) et les régimes sociaux et de retraites (-100 millions d'euros). Le gouvernement prévoit également d'autres mesures d'économies de l'ordre de 150 millions d'euros sans vraiment apporter de détails dans les documents préparatoires. Elles doivent concerner "les achats de l'État et les opérateurs de l'État".
Un déficit moins important que prévu en 2021
La révision à la hausse du chiffre de la croissance en 2021 et la récession moins forte qu'anticipé en 2020 ont amené les statisticiens de Bercy à revoir favorablement les chiffres du déficit. Il devrait être légèrement inférieur à 9% du produit intérieur brut (PIB) contre 9,4% lors du dernier budget rectificatif en 2021.
Face au prolongement de la crise sanitaire, le gouvernement a dû gonfler l'enveloppe des mesures d'urgence de l'ordre de 15,5 milliards d'euros en juin dernier. Avec l'arrivée de la quatrième vague, le déficit public pourrait bien se creuser dans les mois à venir si le gouvernement doit prendre de nouvelles décisions afin de limiter la propagation du variant Delta. La présentation du budget 2022 prévue à l'automne ne devrait pas laisser de répit aux économistes de Bercy durant la saison estivale.