Guyane : EDF n'a plus l'autorisation de construire la centrale électrique du Larivot

Le tribunal administratif a annulé le permis de construire accordé en 2020 à EDF pour la construction d'une centrale électrique en bord de mer à Larivot, près de Cayenne. Ce même tribunal administratif de la Guyane avait rejeté la semaine dernière la demande de plusieurs associations de « revoir l'autorisation environnementale » accordée par la préfecture pour la construction d'une centrale électrique à énergie solaire dans l'ouest de la région.
Ce projet de 120 MW, envisagé en remplacement de l'actuelle centrale électrique, vétuste, polluante et autorisée à fonctionner jusqu'en 2023, déchire les écologistes et EDF, soutenue par le gouvernement.
Ce projet de 120 MW, envisagé en remplacement de l'actuelle centrale électrique, vétuste, polluante et autorisée à fonctionner jusqu'en 2023, déchire les écologistes et EDF, soutenue par le gouvernement. (Crédits : Pixabay)

Fortune diverse pour EDF en Guyane. Le tribunal administratif de Guyane vient de rendre deux décisions dont l'une, lundi, en défaveur de EDF. Il a annulé le permis de construire accordé en 2020 à l'opérateur pour la construction d'une centrale électrique en bord de mer à Larivot, près de Cayenne. Saisi par les associations France nature environnement et Guyane nature environnement, le tribunal administratif a estimé que le permis de construire méconnaissait « les dispositions du code de l'urbanisme » relatives aux « sites ou paysages remarquables ou caractéristiques du patrimoine naturel et culturel du littoral ». Le tribunal a également estimé insuffisante l'étude d'impact environnementale réalisée par EDF.

Ce projet de 120 MW, envisagé en remplacement de l'actuelle centrale électrique, vétuste, polluante et autorisée à fonctionner jusqu'en 2023, déchire les écologistes et EDF, soutenue par le gouvernement. La centrale électrique du Larivot doit fonctionner aux biocarburants liquides, ce qui nécessiterait l'importation de grandes quantités d'agrogazole et la construction d'un oléoduc de 14 kilomètres à travers la communauté d'agglomération du centre littoral (CACL) pour les acheminer.

Le groupe va faire appel. En avril, le tribunal administratif de Guyane avait déjà annulé l'autorisation préfectorale accordée à EDF pour la construction du site. L'Etat et EDF avaient alors aussi fait appel, la décision désormais entre les mains de la cour administrative d'appel de Bordeaux.

La construction d'une centrale électrique autorisée près de Mana

En revanche, ce même tribunal de la Guyane a rejeté la semaine dernière la demande de plusieurs associations de « revoir l'autorisation environnementale » accordée par la préfecture pour la construction d'une centrale électrique à énergie solaire dans l'ouest de la région.

En cours de construction à proximité du village amérindien (Kali'na) Prospérité, près de Mana, le site de la Centrale électrique de l'Ouest guyanais (CEOG) doit alimenter 10.000 foyers grâce à des panneaux solaires et un nouveau système de stockage de l'énergie par hydrogène. Ce projet est toutefois contesté par les habitants du village Prospérité (200 âmes), qui jugent la centrale trop proche.

En mars dernier, les associations Maiouri Nature Guyane, Village Prospérité, Kulalasi et l'Association pour la protection des animaux sauvages ont demandé au préfet de la Guyane de mettre en demeure la société CEOG de déposer une demande de dérogation à la protection des espèces susceptibles d'être impactées par le site. Saisi en référé le mois dernier, le tribunal administratif de Guyane a jugé l'autorisation environnementale, délivrée à la CEOG en 2019, « définitive », au motif que le délai de recours de deux mois était dépassé, et suffisante.

Les juges ont ainsi rejeté la demande de « dérogation espèces protégées » soutenue par les associations et autorisé la poursuite des travaux de construction, qui ont débuté en décembre 2021. « L'objectif est d'ouvrir la ferme solaire en 2024. Nous sommes heureux que le juge rappelle que nous avons toutes les autorisations », se réjouit le directeur général de la CEOG, Henry HausermannL'avocat des quatre associations requérantes, Mathieu Victoria, s'est au contraire déclaré « déçu du délibéré » mais a ajouté qu'il se préparait à « organiser dès maintenant la réflexion » avec ses clients sur les suites à donner à leur combat contre la centrale.

Atteindre l'autonomie énergétique en 2030

Rappelons que ces nouvelles installations électriques font suite à la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015 qui a instauré l'élaboration de programmations pluriannuelles de l'énergie spécifiques pour la Corse et les outre-mer, soit les zones insulaires ou non raccordées au réseau.

Votée en 2021, la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) place la Guyane sur la voie de l'autonomie énergétique en 2030, et prévoit notamment qu'à l'horizon 2023, les énergies renouvelables représentent plus de 85% de la production d'électricité.

(Avec AFP)

Commentaires 4
à écrit le 19/07/2022 à 19:26
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Je ne vois pas le rapport qu'il y a entre la photo de l'île du diable depuis st-Joseph et les rivages de Larivot ???

à écrit le 19/07/2022 à 13:33
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On recommence là les palabres de l'aéroport de Nantes. Dans 30 ans on en sera au même point avec l'entrée en scène des zadistes. Vive l'escrologie.

à écrit le 19/07/2022 à 9:33
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vous les degager quand ces magistrats qui saborde les interets francais le ministere des finances doit retenir leur remuneration et les licenciers

le 19/07/2022 à 13:31
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Au delà des magistrats, le problème est celui des compétences. Prenez un État comme l'Ontario. Le gouvernement provincial oblige les municipalités a définir des règles d'urbanisme, mais établit des règlements qui encadrent l'occupation du territoire...

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