Indemnité inflation : le Sénat retoque le chèque de 100 euros aux 38 millions de Français pour une mesure "ciblée"

La Chambre haute a modifié le texte de loi prévoyant le versement à des millions de Français d'un chèque de 100 euros pour contrer la hausse de l'essence, promis par le gouvernement. Les sénateurs proposent une autre mesure, plus ciblée selon eux, s'appuyant notamment sur le dispositif existant de la prime d'activité. La mesure votée par la majorité de droite coûterait 1,5 milliard d'euros, contre 3,8 pour celle proposée par l'exécutif. Le texte doit encore repasser devant l'Assemblée nationale.
(Crédits : Reuters)

Au moment de trancher sur l'aide d'urgence à apporter aux ménages dans le contexte de la flambée des prix du carburant, le dilemme, au sein du gouvernement et auprès de certains économistes, portait sur le dispositif à adopter : fallait-il frapper vite en distribuant massivement une aide pécuniaire au plus grand nombre, ou plutôt s'orienter sur un dispositif cousu main afin de s'assurer de l'efficacité de la mesure et aussi éviter l'envolée de la facture pour l'Etat ?

A ce débat, l'exécutif avait tranché pour la première solution, en octroyant un financement de 100 euros pour les ménages gagnant moins de 2.000 euros par mois, soit 38 millions de Français. "Salariés, indépendants, retraités, chômeurs, allocataires des minimas sociaux, étudiants boursiers", sont éligibles selon le gouvernement. Son coût pour les finances publiques est estimé à 3,8 milliards d'euros.

La Chambre haute propose des mesures plus ciblées 

Le Sénat a relancé hier soir la discussion, en retoquant, dans le cadre de l'examen du second projet de budget rectifié pour 2021, la mesure proposée. Le Sénat dominé par l'opposition de droite a supprimé mercredi l'"indemnité inflation", pour lui substituer un renforcement "ponctuel" de dispositifs existants jugés "mieux ciblés".

La Haute assemblée a adopté par 145 pour, 30 voix contre et 168 abstentions, en première lecture, ce projet de loi de finances rectificative (PLFR) dit "de fin de gestion" ainsi modifié. L'Assemblée nationale pourra néanmoins rétablir le texte du gouvernement.

Pour le rapporteur général de la commission des Finances du Sénat Jean-François Husson (LR), cette "mesure électoraliste (...) cumule les inconvénients" : outre son coût "très élevé" pour l'Etat, des "effets de seuil massifs" et "d'importants effets d'aubaine imputables à son défaut de ciblage".

En lieu et place, le Sénat a voté à main levée, avec les seules voix du groupe Les Républicains, une majoration exceptionnelle de 150 euros de la prime d'activité, une allocation exceptionnelle de 150 euros pour les bénéficiaires de minima sociaux et de prestations sociales, ainsi qu'une dotation supplémentaire destinée aux aides à la mobilité versées au cas par cas aux chômeurs et jeunes en parcours d'insertion. Jean-François Husson a vanté un dispositif "mieux ciblé", avec un coût pour l'Etat ramené à 1,5 milliard d'euros.

"Cadeau de Noël" et "trous dans la raquette"

Le groupe centriste a choisi de s'abstenir, Vincent Capo-Canellas disant son "scepticisme" face à un dispositif qui "laisse beaucoup de trous dans la raquette", travailleurs indépendants et retraités notamment.

Pour Rémi Féraud (PS), les deux dispositifs, celui du gouvernement comme celui du rapporteur, "sont insatisfaisants, mais on peut continuer encore à chercher ensemble de meilleures solutions".

"Tout le monde y va de son cadeau de Noël", a lancé Sophie Taillé-Polian pour le groupe écologiste. "Ces aides qui ne sont que ponctuelles ne peuvent suffire à un problème de pouvoir d'achat qui s'inscrit dans la durée", a-t-elle ajouté. Pour Pascal Savoldelli (CRCE à majorité communiste), "c'est la distribution des miettes".

Une inflation qui devrait durer

Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estimait dans les colonnes de La Tribune que, "pour répondre à l'urgence, il faut créer le dispositif du chèque essence de toutes pièces. Il faut de la transparence sur les critères d'attribution". L'économiste ajoutait que "ces chèques pourraient bien être pérennisés à l'avenir."

Et pour cause : les derniers chiffres de l'inflation dévoilés par l'Insee montrent que les prix de l'énergie font grimper la hausse générale des prix. "Cette hausse est visible partout en Europe. C'est une hausse qui va se poursuivre dans les prochains mois, notamment en raison de l'hiver. L'impact de la hausse des prix sur les marchés de l'énergie va se poursuivre. On estime qu'il faudra attendre le troisième trimestre 2022 pour observer une contribution négative des prix de l'énergie. Les prix vont probablement rester plus hauts plus longtemps que prévu", a déclaré récemment l'économiste d'ING Charlotte de Montpellier en charge du suivi de la France.

| Lire aussi : Face à la fièvre des prix de l'essence, Bercy sort le carnet de chèques

Commentaires 9
à écrit le 21/11/2021 à 11:33
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Plutôt que de proposer ce type de mesurette idiote, pourquoi ne pas suivre l'exemple des autres pays que vous nous promouvez toujours pour empirer nos vies et pour une fois faire en sorte d'améliorer nos vie en baissant voir en retirant les taxes sur...

à écrit le 18/11/2021 à 16:03
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Les retraités passeront à la trappe avec ça, comment expliquer que nous aussi pour aider nos enfants dans la misère que nous ne roulons beaucoup.

à écrit le 18/11/2021 à 14:32
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quel beau mensonge du senat puisque 60% REVIENT à l'etat par le biais des taxes le reste peu largement ETRE compensé en supprimant ce sénat qui ne sert A RIEN

à écrit le 18/11/2021 à 12:48
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Et c'esr payé par la dette, bien sur!

à écrit le 18/11/2021 à 12:07
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pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué

le 19/11/2021 à 9:33
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Parce que ça permet de générer des emplois fictifs, de détourner l'argent public et-c... Plus c'est flou et plus ils palpent en dissimulant leurs exactions par des mots. Quand c'est simple c'est trop facile à comprendre et donc leurs vols se verraien...

à écrit le 18/11/2021 à 10:58
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Ce chèque de cent euros, c'est une incitation à polluer. Il n'y a aucune logique dans ce gouvernement

à écrit le 18/11/2021 à 9:10
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Le Sénat c'est l'opposition systématique à la majorité.

à écrit le 18/11/2021 à 8:19
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Tout ça pour seulement 100 balles et pour ne pas que les salaires augmentent. Jusqu'à quand l'imposture néolibérale svp ? C'est sans fin le truc mais que notre classe dirigeante par contre s'y sent bien dans ce système de médiocrité généralisée et de...

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