La guerre en Ukraine continue de donner des sueurs froides aux entreprises et aux ménages partout en Europe. Neuf mois, jour pour pour jour, après l'éclatement du conflit aux portes de l'Europe, la perspective d'une pacification à l'approche de l'hiver semble s'éloigner. L'armée russe continue de frapper durement le territoire ukrainien déjà dévasté par cette bataille à rallonge. Le prolongement de la crise énergétique pourrait plonger l'économie européenne dans une récession.
En France, les indicateurs passent au rouge les uns après les autres. Après avoir atteint un pic à 6,2% au mois d'octobre, l'inflation pourrait encore grimper en plein cœur de l'hiver. Dans ce contexte troublé, le gouvernement a mis en œuvre tout un arsenal de mesures et d'aides pour soutenir les entreprises en proie à de fortes difficultés pour contrer l'envolée des prix.
Dernièrement, Bercy a annoncé l'ouverture d'un guichet d'aide pour les factures de gaz et d'électricité avec des critères spécifiques pour pouvoir en bénéficier. Le problème est qu'une grande partie des PME et des TPE tricolores pourraient passer à côté de ces dispositifs. Interrogés dans le cadre de la grande consultation des entrepreneurs (GCE) réalisé par OpinionWay pour CCI France et La Tribune, seuls 22% des dirigeants affirment qu'ils en ont entendu parler. À l'opposé, une vaste majorité n'a pas eu écho de ces outils. Sur les 22%, seuls 11% sont éligibles et 10% ne peuvent pas y prétendre. Ce qui signifie que la réforme du bouclier tarifaire aura sans doute des répercussions néfastes si les entreprises passent à côté de ce guichet.
Seules 20% des entreprises ont entendu parler de « l'amortisseur d'électricité »
Le guichet d'aides n'est pas le seul dispositif inconnu des directions. L'amortisseur d'électricité récemment annoncé ou encore la baisse de la fiscalité sur l'électricité sont également passés sous les radars d'une grande proportion d'entreprises (+ de 75%).
A l'inverse du guichet, l'amortisseur d'électricité sera automatique. « L'État prendra en charge une partie de votre facture d'électricité et ce montant sera déduit et affiché directement sur votre facture », a expliqué récemment le ministère de l'Économie dans un communiqué.
Le bouclier tarifaire pour les TPE n'est connu que par 42% des dirigeants interrogés et seulement 3% d'entre eux savent qu'ils y sont éligibles.
Enfin, 54% ont entendu parler du maintien des tarifs régulés de l'électricité.
A ce stade, la hausse des tarifs de l'électricité ne représentent pas encore une source de préoccupation majeure. En effet, 61% des patrons estiment qu'ils ne se sentent pas concernés par une menace de faillite liée à l'envolée des prix de l'électricité. Parmi ceux qui se sentent menacés, le seuil fatidique serait une hausse des tarifs de 133% d'une période donnée à une autre.
Paradoxalement, le moral des patrons se redresse
Après une remontée jusqu'en juin, le moral des dirigeants n'a cessé de se dégrader. Mais paradoxalement, l'indicateur qui mesure la confiance à l'égard de l'économie et l'appréciation de la situation actuelle a gagné 10 points entre octobre et novembre pour s'établir à 74 points. Il restera néanmoins très loin de sa moyenne de long terme (100) et de son pic de novembre 2021 à 103. Le niveau de confiance est plus élevée dans les établissements de plus de 0 à 9 salariés (74 points) que dans les autres (64 points).
De moins en moins de dirigeants sont inquiets sur les conséquences de l'inflation sur la viabilité de leur entreprises (-15 points par rapport à octobre, à 39%). En outre, une plus faible proportion affirme être moins attentive aux cotisations et aux charges (-6 points par rapport à octobre ; 74%). En revanche, un plus grand pourcentage d'entreprises affirment avoir des difficultés pour être payées à l'heure (+3% par rapport à octobre, 26%). L'allongement des délais de paiement pourrait constituer une menace supplémentaire dans les mois à venir.
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(*)Étude réalisée auprès d'un échantillon de 609 dirigeants d'entreprises. L'échantillon a été interrogé par téléphone du 7 au 15 novembre. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation.