Intérimaires trop chers, les hôpitaux normands frappent les médecins au portefeuille

Les établissements hospitaliers publics normands ont conclu un pacte pour plafonner uniformément la rémunération des médecins intérimaires. La loi sera appliquée au pied de la lettre, préviennent-ils. Une décision qui pourrait être lourde de conséquences dans certains services.
La Fédération hospitalière de Normandie engage un bras de fer avec les praticiens intérimaires qui négocient des contrats prohibitifs.
La Fédération hospitalière de Normandie engage un bras de fer avec les praticiens intérimaires qui négocient des contrats prohibitifs. (Crédits : DR)

Réunis sous l'égide de la délégation régionale Fédération Hospitalière de France (FHF), les dirigeants des hôpitaux publics normands ont décidé de frapper un grand coup pour endiguer ce qu'ils qualifient de « fléau ».

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Suivant les recommandations de la Fédération nationale, ils se sont entendus à l'unanimité pour plafonner le montant des vacations des médecins intérimaires au niveau réglementaire prévu par la loi RIST (soit 1170 euros bruts par 24 heures).

Haro sur les mercenaires

La mesure prendra effet à compter du 3 avril et ne souffrira pas d'exception, promet Christophe Bouillon, président de la FHF Normandie. « Nous appliquerons la loi au pied de la lettre en tout point du territoire », assure-t-il. Le but de cette approche groupée ? Eviter les effets d'éviction et la concurrence entre les établissements de soins que permet encore la législation. « Il existe toute une panoplie de moyens pour la contourner notamment au travers de contrats de gré à gré, rappelle Stéphane Aubert, délégué régional de la Fédération. L'important est ne pas céder ».

Principal objectif de la mesure : enrayer la surenchère galopante des rémunérations. La pénurie aidant, certains intérimaires négocient, en effet, des montants de vacations jusqu'à quatre fois plus élevés que le salaire des médecins titulaires. « Si la loi ne s'applique pas uniformément, ces mercenaires continueront de se vendre au plus offrant. C'est pourquoi, il est impératif de faire bloc pour rassurer les établissements qui peinent à attirer des praticiens », argumente Christophe Bouillon dans l'espoir que ses homologues d'autres régions adopteront la même ligne de conduite. « Les intérimaires sont très mobiles », rappelle t-il.

« Un bras de fer va s'engager »

En appliquant ce traitement de choc, les adhérents de la FHF sont conscients qu'ils prennent des risques. Très dépendants de l'intérim en raison d'un nombre important de postes de titulaires non pourvus (30% à l'échelle de la région), certains services pourraient être contraints de stopper ou de ralentir leur activité si les quelque 200 « mercenaires » concernés refusent de rentrer dans le rang.

La Fédération alerte notamment sur la situation très tendue que devraient connaître une vingtaine de services d'urgences, une dizaine de SMUR ainsi que sur de possibles fermetures totales ou partielles de blocs opératoires et de maternités. « C'est un bras de fer qui va s'engager. Toute la question est de savoir combien de temps les intérimaires tiendront », reconnaît son président.

En attendant, la FHF appelle à « un large soutien » de tous les acteurs de la santé à commencer par les cliniques privées et les médecins de ville, invités à anticiper de possibles fermetures. « Nous avons préparé le terrain avec l'ARS (Agence régionale de santé ndlr), mais il y aura forcément des trous dans la raquette », admet Stéphane Aubert, pour qui c'est le prix à payer afin de « faire prévaloir l'intérêt de tous ». Reste à espérer que le remède ne sera pas pire que le mal.

Commentaires 15
à écrit le 06/03/2023 à 17:50
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Excellent initiative ! En cas l'obligation obligatoire de s'installer dans les déserts médicaux comme le fait très bien le canada

à écrit le 05/03/2023 à 12:03
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Ces pratiques de mercenariat médical et plus généralement d'exigences de rémunération déraisonnables s'inscrivent dans le phénomène désormais appelé "sécession des élites". Les problèmes des populations ne les concernent pas (ou plus). Elles ne sont ...

à écrit le 04/03/2023 à 20:49
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Ce forfait jour est à comparer au salaire mensuel d'un anesth .temps plein hospitalier mais aussi à ce qui se pratique dans d'autres établissements et qui est parfois bien plus . Oui il y a actuellement une surenchère qui profite à certains même e...

à écrit le 04/03/2023 à 12:03
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1100e brut pr 24h et non pour 7h Ce tarif comprend en plus des charges à payer pour le médecins de 35%, ses frais de déplacement, ses congés, ses assurances pro et prévoyance, mais aussi son repos de sécurité car il ne faut espérer enchaîner sur une...

le 04/03/2023 à 21:11
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1100 € pour 24 h, ca fait quand meme dans les 10 000 € net par mois en travaillant 15 jours (1100*15*0.6) et je suis gentil, j ai rajoute au 35 % 5% de frais et assurance. Apres il faut pas s etonner que ca se bouscule au concours pour devenir mede...

à écrit le 04/03/2023 à 6:13
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Enfin ! Un peu de courage, pour défendre les citoyens, leur santé à un coût raisonnable, là où les gouvernements ont été lâches, imprevoyants, et finalement démissionnaires. Bravo à la Normandie !

à écrit le 03/03/2023 à 20:45
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La France, un pays communiste, avec toutes les dérives que cela suppose. Le déni de réalité continue

à écrit le 03/03/2023 à 19:20
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1170 € par 24 heures, c'est grosso modo le salaire d'un Smicard...pour 1 MOIS. Je veux bien que les études soient longues pour faire médecine (dans un pays où les etudes sont quasiment gratuites), et qu'il faut rémunérer correctement les médecins, ma...

le 04/03/2023 à 1:09
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Attention quand même, c'est un salaire brut. Quand vous êtes dans cette tranche de salaire vous payez le maximum de charges, et si vous n'avez pas d'enfant à charge le maximum d'impôt. En moyenne c'est la moitié, voire souvent un peu plus de la moiti...

le 04/03/2023 à 9:30
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@Marcal "Attention quand même, c'est un salaire brut." Oui, mais actuellement c'est beaucoup plus que le niveau réglementaire de 1170 euros bruts par 24 heures.Faut refaire tes calculs sur ce qu'ils touchent en ce moment.

le 04/03/2023 à 14:57
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il faut baisser le prix de toutes les prestations médicales et bloquer la consultation a 25 euros les medecins ne veulent plus travailler et il devient impossible d'en trouver ils ne font plus que des videoconsultations depuis leur residence de vac...

à écrit le 03/03/2023 à 17:55
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oui c'est sur, et on sait qui viendra se plaindre s'ils n'ont plus de ' volontaires'......ils vont peut etre demander une loi qui exige que les interimaires travaillent a titre quasi gratuit, des fois qu'ils refusent les bonnes conditions nouvelles q...

le 03/03/2023 à 19:30
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@churchill Le gaz Russe et accessoirement de Poutine on s'en.passe. la Sécurité Sociale n'est pas non plus un puits sans fond. Pas plus que les Mutuelles. Le serment d'Hippocrate par lequel le médecin doit soigner tout un chacun est passé à la tr...

le 04/03/2023 à 0:09
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On est dans un pays pas sur une île déserte . Ils sont payés par la collectivité: la sécu et les mutuelles..Donc les médecins aussi travaillent dans un cadre social… donc doivent s y adapter . D autant qu’ils ne remplissent plus leurs rôles par rappo...

le 04/03/2023 à 0:09
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On est dans un pays pas sur une île déserte . Ils sont payés par la collectivité: la sécu et les mutuelles..Donc les médecins aussi travaillent dans un cadre social… donc doivent s y adapter . D autant qu’ils ne remplissent plus leurs rôles par rappo...

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