Crise sanitaire : la situation paradoxale de l'hôpital public en 7 chiffres

Pour la première fois depuis 2012, la situation financière des établissements de santé s'est améliorée en 2020, au plus fort de la crise du Covid-19, selon une étude publiée ce mardi par le service des statistique du ministère de la Santé (Drees). Néanmoins, les établissements publics ne sont pas pour autant tirés d'affaire : le secteur reste plombé par une dette colossale.

L'hôpital public a été fortement sollicité durant l'épidémie de Covid-19. Deux ans après le pic de la crise sanitaire, le service des statistiques du ministère de la Santé (DREES) revient, dans son panorama annuel, sur l'impact financier de crise sanitaire sur les établissements de santé. Fait étonnant : Pour la première fois depuis 2012, la situation financière des établissements de santé s'est améliorée en 2020... grâce au déficit record de la « Sécu ». Néanmoins, les établissements publics ne sont pas pour autant tirés d'affaire : le secteur reste plombé par une dette colossale. Retour, en 7 chiffres, sur l'activité des hôpitaux en 2020, au plus fort de la pandémie.

  • + 15,8 %

Ce pourcentage illustre l'accélération de l'hospitalisation à domicile en 2020. Cela s'explique par le risque de contagion dans les hôpitaux et par les déprogrammations, notamment pour réaffecter du personnel aux unités Covid-19. Ainsi de nombreux patients ont été pris en charge à domicile plutôt qu'en hospitalisation conventionnelle. Le nombre de séjours à domicile augmentait déjà depuis plusieurs années, mais à un rythme bien moindre : +4,6 % par an en moyenne de 2013 à 2019.

  •  - 17,3 %

C'est la baisse du nombre de passages aux urgences en 2020, un recul historique, en rupture avec la croissance continue observée depuis 1996. Cette baisse des passages aux urgences au pic de la crise sanitaire s'explique par la diminution importante des accidents de la route et des activités sportives et de loisirs pendant les périodes de confinement, qui ont entrainé notamment une forte baisse du recours aux urgences pour traumatismes.

  • +1,9 %

Si aujourd'hui les établissements de soins manquent de bras, au plus fort de l'épidémie, l'emploi salarié hospitalier dans les hôpitaux publics en 2020 a connu un léger rebond des effectifs : +1,9 %, soit +20.100 salariés supplémentaires. Depuis une dizaine d'années, les effectifs salariés hospitaliers avaient plutôt tendance à ralentir : +1,6 % fin 2010 à -0,4 % fin 2018, avec néanmoins un léger rebond en 2019 (+0,2 %).

  • 88,5 milliards d'euros

C'est le montant des recettes des hôpitaux publics en France en 2020. Conséquence inattendue de l'épidémie de Covid-19, pour la première fois depuis 2012, les établissements publics ont renoué cette année-là quasiment avec l'équilibre budgétaire. Dans le détail, les recettes des hôpitaux publics, comme leurs dépenses, ont atteint 88,5 milliards d'euros. Leur déficit cumulé est passé de 568 millions d'euros en 2019 à seulement 2 millions en 2020. Cela s'explique par la « baisse sans précédent » de l'activité à cause des « déprogrammations » massives.

  • - 38,7 milliards

C'est le déficit (connu) de la « Sécu » en 2020, un record. Il s'explique logiquement par des dépenses de santé qui ont été massives. Les dépenses de la branche maladie ont en effet fortement augmenté pour faire face à la crise sanitaire cette année-là. Elles reflètent les mesures exceptionnelles qui ont été prises alors (indemnités journalières pour les malades et cas contact, coûts des tests et des équipements, compensation des déprogrammations pour les hôpitaux et cliniques, aide aux professionnels de santé libéraux et aux maisons de retraite, ou encore augmentations des salaires via le Ségur de la santé...). Cette chute des comptes de la « Sécu » a été toutefois moins forte qu'attendue : la loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 prévoyait un déficit de 49,0 milliards d'euros. L'économie française a en effet mieux résisté à la crise sanitaire que ce que le gouvernement avait anticipé.

  • 40%

C'est la part des établissements publics qui étaient encore déficitaires en 2020, après 58 % en 2018 et 2019. Derrière ces pourcentages, les situations financières des hôpitaux publics sont très contrastées. Les Hôpitaux de Paris (AP-HP) représentent à eux seuls 29,3 % du déficit cumulé des hôpitaux publics en 2020. Tandis que le déficit cumulé des autres centres hospitaliers régionaux (CHR) a eu tendance à se résorber en 2020.

  • 30 milliards d'euros

C'est la dette qui plombe toujours le secteur de l'hôpital public en 2020. Plus de trois hôpitaux sur dix (31%) sont encore en situation de surendettement. Leurs investissements ont diminué, notamment dans l'immobilier, augmentant le « taux de vétusté » des bâtiments et des équipements. Le contraste demeure saisissant avec les cliniques privées, dont les bénéfices cumulés sont estimés à 533 millions d'euros en 2020, pour 17,6 milliards de recettes. Même si un quart des établissements privés étaient alors en déficit, leur situation s'est nettement améliorée, avec des investissements en hausse et un taux d'endettement au plus bas depuis quinze ans.

(Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 27/07/2022 à 11:38
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l'hopital va bien, mais leurs médecins et infirmières sont totalement nuls : on peut y mettre les pieds seulement si on veut mourir vite !!

le 28/07/2022 à 18:55
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J espère que votre santé se porte bien,car vous serez bien comptant de trouver des médecins et des infirmières pour vous soigner , sinon changer de pays et vous verrez que les hôpitaux ne sont mieux lotis

à écrit le 27/07/2022 à 9:15
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Ils n'ont pas encore compris la différence entre le public et le privé! Pour l'un, la monnaie, n'est qu'un moyen, pour l'autre c'est un but!

le 27/07/2022 à 13:07
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L’hôpital public doit accepté tout le monde,le privé fait la sélection par le fric et mais aussi selon le type de problème de santé,c'est le même principe pour l'école.

à écrit le 27/07/2022 à 9:13
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la preuve que chez ces politiques le droit au mensonge existe bien ! sans aucune sanction. les preuves ne manquent pas. le proverbe. qui ment un jour ment toujours

à écrit le 27/07/2022 à 7:57
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Le problème est pourtant simple à identifier : Dans la tête des gens, hôpital public égale gratuit. Mais non, même dans le public, la santé n'est pas gratuite. Si vous voulez être bien soignés, il faut payer, c'est comme ça que ça marche. Ca ne vous ...

à écrit le 27/07/2022 à 7:49
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Endetter notre modèle de santé est le meilleur moyen de le faire tomber. La réduction du nombre de lit dans l’hôpital publique au profit d'un accroissement du nombre de lit dans le privé est le signe d'une privatisation de la santé. Le refus de réint...

le 27/07/2022 à 11:15
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Difficile de comprendre l’ opposition d’ une fraction du corps médical à la vaccination quand on demande à la population d être vaccinée …. Si je suis pompier ou flic je dois sauver des gens … si je ne suis pas d accord avec ça ou les moyens utilisé...

le 27/07/2022 à 13:01
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@brehat La police nationale ne fait pas partie des corps soumis à cette obligation vaccinale.

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