En dépit de succès éclatants (judo, escrime, sport collectifs), le bilan de la France aux Jeux Olympiques de Tokyo est décevant. Voire très décevant en athlétisme, natation, cyclisme, canoë-kayak, boxe, équitation et pentathlon... Avec 33 médailles, dont 10 d'or, la France réalise son plus mauvais score depuis Athènes en 2004 alors qu'il y avait plus de disciplines à Tokyo (33 contre 28 à Rio). Elle n'a d'ailleurs pas atteint son objectif de 40 médailles. La France termine à la 8e place des pays, certes devant l'Allemagne (9e), dont le bilan est catastrophique, et l'Italie (10e) mais juste derrière les Pays-Bas (36 médailles, dont 10 d'or), et surtout loin, très loin de la Grande-Bretagne (4e avec 65 médailles, dont 22 d'or), qui cartonne dans les bilans olympiques depuis les JO de Pékin.
Au-delà, les Etats-Unis et la Chine se sont une nouvelle fois battus pour la première place avec respectivement 113 médailles, dont 39 d'or récoltées par les sportifs américains, et 88 médailles, dont 38 d'or pour les Chinois. Le Japon, qui était monté en puissance aux JO de Rio en 2016 (41 médailles, dont 12 d'or) à l'approche de ses Jeux, s'intercale (58 podiums, dont 27 titres) entre la Grande-Bretagne et les deux superpuissances olympiques.
Un échec pour Roxana Maracineanu
A trois ans des JO de Paris - la France vise la 5e place -, cela sonne comme un échec pour la ministre des Sports Roxana Maracineanu, qui n'a pas donné les moyens aux équipes de France de se battre avec les meilleurs. Notamment avec la Grande-Bretagne, dont la réussite devrait inspirer la France. La part dans le budget 2021 accordée à la haute performance est resté stable (90 millions d'euros). De quoi interroger à trois ans des JO de Paris.
C'est également un échec pour certaines grosses fédérations (athlétisme, natation, cyclisme), qui n'ont ni impulsé un réel changement, ni déniché de nouvelles pépites à l'approche des JO de Paris pour renouveler des générations où il y avait des battants. La France, qui a néanmoins décroché le Graal dans certaines disciplines comme le judo, l'escrime ou encore dans les sports collectifs (handball, basket, volley-ball et rugby féminin à 7), vit encore trop confortablement sur certaines gloires, dont certaines sont malheureusement sur le déclin en raison de leur âge.
"Notre niveau d'engagement auprès de ces fédérations (où de nombreuses médailles sont distribuées) doit être principal et prioritaire, mais il faut aussi que dans ces fédérations il y ait une volonté affichée et déterminée de trouver des solutions. Il faut avoir des gens dédiés à une structure qui ne va traiter qu'un certain nombre d'acteurs, qu'ils soient athlètes ou entraîneurs. Ces gens-là vont être dans une urgence qui n'est pas la logique des autres. Il faut à tout prix que, dans la natation, l'athlétisme, le cyclisme, on pourrait y mettre la boxe, on arrive à isoler les gens que, dès lundi matin (aujourd'hui), on va pouvoir identifier comme étant à proximité de la médaille à Paris et voir quelles solutions on peut leur apporter", a expliqué au journal l'Equipe le manager de la haute performance à l'Agence nationale du sport, Claude Onesta.
La Grande-Bretagne au top
A trois ans de Paris, il faudra une réelle mobilisation pour amener la France sur le toit de l'Olympe, sinon imiter le Japon à Tokyo (58 médailles, dont 27 d'or) ou encore la grande-Bretagne à Londres (65 médailles, dont 29 d'or). Si la France doit suivre un exemple, c'est bien celui de la Grande-Bretagne, qui depuis les JO de Pékin en 2008 est dans le top 4 des nations les plus titrées. Des succès en rafale, qui se sont construits sur le désastre des JO d'Atlanta en 1996, où elle avait terminé à la 36e au tableau des médailles avec une seule médaille en or.
Depuis Pékin, elle empile les médailles et demeure la première puissance européenne aux Jeux Olympiques (47 à Pékin, 65 à Londres, 67 à Rio et 65 à Tokyo). Ce succès a été en très grande partie financé par la loterie nationale (National Lottery) avec pour objectifs de financer de préférence les sportifs ayant le plus de potentiel pour décrocher des médailles. Ce qui a permis à la Grande-Bretagne de remporter 117 médailles d'or en six olympiades depuis les JO de Sydney grâce à ce financement par la National Lottery. Soit pratiquement deux fois plus que la France (62).