L'emploi a accéléré au troisième trimestre, sans retrouver son niveau d'avant-crise

L'emploi salarié privé et public a rebondi de +1,6% au troisième trimestre, avec 401.100 créations nettes d'emplois, sans toutefois retrouver son niveau d'avant-crise, selon l'estimation définitive de l'Insee publiée mardi.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Les compteurs de la crise s'affolent toujours. Selon la dernière livraison de l'Insee rendue publique ce mardi 8 décembre, l'emploi salarié a rebondi vigoureusement au cours du troisième trimestre. Plus de 401.000 emplois ont été crées entre juillet et septembre après des destructions massives au cours du premier semestre (-697.100). La levée progressive des mesures de restriction au cours du printemps et l'amélioration de la situation sanitaire ont permis aux entreprises d'accélérer les embauches au cours de l'été.

Il reste que si l'économie a remonté la pente au cours de cette période, le niveau d'emploi enregistré par les statisticiens est loin de retrouver son niveau d'avant-crise. Il se situait fin septembre à un niveau comparable à celui de fin 2018. Ce rebond mécanique est ainsi loin de compenser le marasme provoqué par la première vague de contaminations sur le marché du travail. "On risque d'avoir une hausse importante du chômage. Probablement, il faudra réviser nos prévisions de chômage à long terme. Les plans de relance ne vont pas suffire. Il y a un effet de long terme des crises" rappelait le chef économiste de Natixis, Patrick Artus, lors d'un récent point presse avec des journalistes.

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L'intérim en plein boom

La reprise de l'économie française a dopé le secteur de l'intérim. Après avoir enregistré une chute inédite au cours du premier trimestre (-40,4%, -318.000 emploi), l'emploi temporaire a accéléré fortement au cours des second et troisième trimestres (+22,9% et 22,8%, soit 107.800 et 131.600). Il reste malgré tout bien en deça de son niveau d'avant-crise explique l'Insee. L'emploi intérimaire, qui représente souvent un indicateur avancé de l'état de santé du marché du travail, a servi de variable d'ajustement au cours du printemps pour de nombreuses entreprises qui ont dû fermer leurs portes ou chercher à réduire leurs coûts. "Plus de 715.000 emplois ont été détruits au cours du premier semestre avec beaucoup de suppressions d'emplois dans l'intérim. Les plus précaires et les jeunes ont été les plus touchés" rappelait récemment Sylvie Le Minez, cheffe des études démographiques et sociales de l'Insee lors d'un point presse. Dans les chiffres de l'organisme public, les salariés intérimaires sont enregistrés dans les services non marchands même s'il travaillent pour l'industrie ou la construction.

Augmentation dans la plupart des grands secteurs

Les créations d'emplois ont augmenté dans une grande majorité des secteurs de l'économie hexagonale. Dans le tertiaire non-marchand (hors intérim), les embauches ont accéléré fortement (+1,3%, +146.000) après une chute impressionnante durant les six premiers de l'année (-3%, -356.000 postes). La reprise pendant l'été concerne avant tout l'hébergement et la restauration avec la réouverture des hôtels, des restaurants et brasseries à l'approche de la saison estivale particulièrement favorable sur les littoraux et les zones moins denses. L'emploi dans les services non marchands a également connu une embellie avec 112.800 emplois crées entre juillet et septembre. Cette hausse vient essentiellement du secteur public (88.700).  En revanche, l'agriculture (-0,2%) et l'industrie (-0,2) ont continué de détruire des emplois malgré le déconfinement.

Hausse de la masse salariale

Ce rebond sur le front de l'emploi a permis d'augmenter la masse salariale et les cotisations sociales. Selon des chiffres de l'administration centrale des organismes de sécurité sociale (ACOSS), la masse salariale versée par les entreprises a fortement augmenté (+18%) après un recul abyssal (-15%) au cours du second trimestre. Cette progression peut s'expliquer par une amélioration notable de la conjoncture et un moindre recours au chômage partiel pendant l'été. "Ce dispositif qui a été massivement utilisé pendant la période de confinement substituait aux salaires des indemnités non soumises à cotisation sociale et donc non comptabilisées dans l'assiette salariale" indique l'administration dans un communiqué.

Une croissance de l'emploi proche de la moyenne en zone euro

Si l'économie française a enregistré le plus fort rebond au cours du troisième trimestre au sein de la zone euro (18,7%), ce n'est pas le cas pour l'emploi. Selon les derniers chiffres de la Commission européenne publiés ce mardi, la France se retrouve à la neuvième marche du podium. L'Irlande, l'Espagne et l'Espagne ont connu des taux de croissance de l'emploi spectaculaires proches de 3%, près de trois fois supérieurs à la moyenne de la zone euro (1%). A l'opposé, quelques pays à l'Est (Lituanie, Roumanie et Bulgarie) ont continué de détruire des emplois. L'Allemagne, qui a été moins touchée par la pandémie que la plupart des autres grandes puissances de l'union monétaire a également enregistré un léger repli de l'emploi au cours du troisième trimestre (-0,1%).

Un chômage à 10% en fin d'année ?

Le spectre du chômage de masse s'accentue en cette fin d'année. En effet, la plupart des organismes de statistiques ont tous révisé à la baisse leurs prévisions de croissance pour le dernier trimestre. La dégradation de la situation sanitaire ont obligé les autorités à mettre en oeuvre des mesures afin d'endiguer la propagation de cette maladie infectieuse pendant plusieurs semaines. Si l'impact du second confinement sur l'économie semble moins sévère que celui du printemps, la situation sur le marché de l'emploi demeure tendue. Et pour cause. Beaucoup d'entreprises dans l'hôtellerie et la restauration, le tourisme, ou la montagne espéraient profiter des fêtes de fin d'année pour redémarrer leur activité.

Avec la stagnation du nombre de contaminations et des entrées dans les hôpitaux depuis quelques jours, les perspectives s'assombrissent à nouveau. Dans ce contexte morose, le chômage devrait frôler les 10% avant la fin de l'année selon la plupart des conjoncturistes. Certains demandeurs d'emploi qui se sont inscrits au chômage au printemps risquent de rester encore longtemps dans les fichiers de Pôle emploi si le marché du travail ne redémarre pas rapidement.

Grégoire Normand
Commentaire 1
à écrit le 08/12/2020 à 16:08
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"Balancer" un chiffre brut ne veut rien dire. Quels types d'emplois ? Pour quelle durée ? Dans quels secteurs ? Propagande.

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