Si les situations d'émeutes et les dégradations se sont faites un peu moins nombreuses la nuit dernière, notamment en Ile-de-France, la tension reste forte en ce samedi, jour des obsèques de Nahel, l'adolescent tué mardi par un policier lors d'un contrôle routier. Une nouvelle réunion de la cellule interministérielle de crise (CIC) s'est donc tenue ce samedi matin selon Matignon.
Cette réunion, qui s'est tenue au ministère de l'Intérieur, s'est voulue à visée « très opérationnelle » toujours selon la même source. « Tous les services et les cabinets des ministères concernés » ont ainsi participé à cette CIC, qui est désormais activée « en continu » pour suivre la situation et « prendre les décisions nécessaires » selon les propos tenus vendredi par la Première ministre Elisabeth Borne.
Des ministres absents mais mobilisés
Paradoxalement, cette cellule interministérielle s'est réunie sans ministre. Selon des propos rapportés par l'AFP, l'exécutif tenait à « respecter le temps du deuil » pendant les obsèques du jeune Nahel. Emmanuel Macron avait présidé les deux premières réunions, jeudi puis vendredi. C'est Aurélien Rousseau, directeur de cabinet de la Première ministre, qui a officié ce samedi.
Les ministres ont été priés de rester à Paris ce week-end, selon l'AFP et de rester « mobilisés et attentifs » à la situation. Plusieurs d'entre eux feront des déplacements ou « traiteront leur écosystème » (secteurs) en lien avec les violences des dernières nuits.
C'est notamment le cas du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, et de la ministre déléguée aux PME Olivia Grégoire. Ils réunissent ce samedi après-midi à Bercy les représentants des commerçants, restaurateurs et hôteliers, assureurs ainsi que des banques françaises « pour faire un point sur la situation actuelle et ses conséquences sur les secteurs représentés ».
Emmanuel Macron a pour sa part reporté sa visite en Allemagne, qui devait se tenir du 2 au 4 juillet, à « une date ultérieure » selon l'Elysée. « Le président de la République et le président allemand Frank-Walter Steinmeier se sont entretenus ce samedi 1er juillet 2023. Compte tenu de la situation intérieure, le président de la République a indiqué qu'il souhaitait pouvoir rester en France ces prochains jours » a indiqué un communiqué.
Un bilan en baisse mais encore lourd
Selon le bilan publié par le ministère de l'Intérieur, quelque 1.350 véhicules ont été incendiés, 266 bâtiments ont été incendiés ou dégradés, dont 26 mairies et 24 écoles, et 2.560 feux comptabilisés sur la voie publique. Beauvau a aussi comptabilisé 31 attaques de commissariats, 16 attaques de postes de police municipale et 11 de casernes de gendarmerie, et fait état de 79 policiers et gendarmes blessés.
C'est un recul par rapport à la nuit précédente, mais les mesures locales telles que l'arrêt prématuré des transports, l'annulation d'événements et les couvre-feux, ainsi que les « moyens exceptionnels » déployés par les forces de l'ordre - avec 45.000 policiers et gendarmes et l'emploi d'unités d'élite comme le RAID ou le GIGN - n'ont pas suffi à enrayer la violence.
Si la nuit a été plus calme en Ile-de-France, les scènes d'émeutes sont restées nombreuses à travers la France, notamment dans les agglomérations marseillaises et lyonnaises, avec des incendies et des pillages. Au moins 1.311 personnes ont été interpellées dans la nuit, selon un nouveau bilan du ministère de l'Intérieur, dont 406 à Paris et en proche banlieue.