
[Article publié vendredi 30 juin 2023 à 11H49 et mis à jour à 17H27] Après trois nuits marquées par des violences urbaines dans toute la France, et principalement dans les banlieues franciliennes, « des moyens supplémentaires » vont être déployés à promis Emmanuel Macron, ce vendredi. Le chef de l'Etat s'exprimait à l'issue d'une réunion de la cellule interministérielle de crise qu'il a présidée et qui s'est tenue à 13 heures.
« Madame la Première ministre prendra une série de dispositions, afin d'organiser la réponse interministérielle, et le ministre de l'Intérieur aura à mobiliser des moyens supplémentaires. Nous libérerons à cet égard par une série de dispositions de forces », a ainsi expliqué le président lors d'une conférence de presse, affirmant « condamner avec la plus grande fermeté ces violences pures et injustifiées qui n'ont aucune légitimité ».
Le gouvernement a ainsi annoncé vendredi le déploiement de blindés de la gendarmerie pour tenter d'enrayer le cycle des violences, pillages et destructions. Les obsèques de l'adolescent sont prévues samedi, a indiqué vendredi Patrick Jarry, le maire de Nanterre.
Les plateformes et réseaux sociaux pointés du doigt
Si le président de la République a appelé « tous les parents à la responsabilité », il a également pointé du doigt le « rôle considérable » joué par « les plateformes et les réseaux sociaux », « dans les événements de ces derniers jours ». « Nous avons vu sur plusieurs d'entre elles, Snapchat, TikTok et plusieurs autres, à la fois l'organisation d'événements violents se faire, mais aussi une forme de mimétisme de la violence ce qui, chez les plus jeunes, conduit à une forme de sortie du réel », a-t-il dénoncé, annonçant des mesures « dans les prochaines heures ».
« D'abord en lien avec ces plateformes pour organiser le retrait des contenus les plus sensibles. Les services de l'Etat s'organiseront, en lien avec ces plateformes, pour pouvoir obtenir une réponse effective ».
Emmanuel Macron a ainsi dit attendre « de ces plateformes l'esprit de responsabilité ». « Et des demandes seront aussi faites partout, et à chaque fois que c'est utile, pour avoir l'identité de celles et ceux qui utilisent ces réseaux sociaux pour appeler au désordre ou pour exacerber la violence », a-t-il ajouté en conclusion de la conférence de presse.
Les bus et tramways interrompus tous les soirs à 21heures
Signe d'une certaine fébrilité de l'exécutif, le gouvernement a décidé de l'« annulation d'évènements de grande ampleur », a fait savoir Matignon dans l'après-midi. En outre des fêtes scolaires ont été supprimées, notamment en Île-de-France.
Par ailleurs, Ile-de-France Mobilités (IDFM) a annoncé que tous les bus et tramways seront interrompus à 21 heures au plus tard « tous les soirs jusqu'à nouvel ordre ». Une mesure prise « pour la sécurité des agents et des voyageurs », a expliqué l'autorité chargée d'organiser les transports dans la région capitale. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a également demandé aux préfets l'arrêt dans toute la France à la même heure. Le métro parisien s'arrêtera vendredi et samedi aux mêmes horaires qu'en semaine, a complété IDFM en fin d'après-midi, ce vendredi.
Une mesure similaire avait été mise en place dès jeudi soir alors que la veille, six bus et un tramway avaient été incendiés et d'autres bus caillassés dans différentes villes de la région parisienne. Dans la nuit de jeudi à vendredi, ce sont douze bus appartenant à la RATP qui ont été entièrement détruits par des jets de cocktails molotov sur un site où ils étaient garés à Aubervilliers. « Les dégâts sont très importants », avait déploré la RATP ce vendredi, précisant que personne n'avait été blessé. Les bus ont été incendiés « dans un centre de remisage clôturé et gardienné » non loin de la station Fort d'Aubervilliers, avait précisé l'opérateur de transport parisien.
« On s'en prend à ce qui sert la vie de tous les jours (...) dans ces territoires où il y en a vraiment besoin », s'est indigné le patron de la RATP Jean Castex.
« Mon premier message est un message d'indignation, d'écœurement, quand on voit les services publics qui sont touchés, ça ne peut ajouter que de l'injustice à l'injustice », a, de son côté, déclaré le ministre délégué aux Transports Clément Beaune, en déplacement sur le site du sinistre à Aubervilliers. « Nous souhaitons que le service public reprenne (...) mais nous ferons toujours primer la sécurité des agents et des passagers », a-t-il assuré en marge de ce déplacement.
En outre, « la décision a été prise d'annuler plusieurs événements festifs et événements dans les départements qui sont les plus sensibles pour pouvoir protéger les mairies, nos compatriotes », a précisé le président de la République lors de sa conférence de presse. Le ministre a également demandé aux préfets la « prise systématique d'arrêtés d'interdiction de vente et de transport » de mortiers d'artifice, de bidon d'essence, d'acides et de produits inflammables et chimiques.
Une aide de 20 millions d'euros de l'Ile-de-France
Plus tôt dans la journée, la présidente de la Région Ile-de-France a annoncé que la région allait voter, mercredi 5 juillet, une aide d'urgence de 20 millions d'euros dans le but d'aider les maires à reconstruire les équipements publics détruits ou endommagés par les émeutes.
« Ce sont des écoles, des polices municipales, des mairies annexes, des centres sociaux, des bus, des tramways qui ont été pris pour cible, attaqués, vandalisés, saccagés », a-t-elle, précisé, dénonçant des actes « intolérables » vis-à-vis des « services publics dont les habitants ont besoin ».
« Nous ne laisserons pas des voyous s'attaquer aux symboles de la République », a ajouté Valérie Pécresse, justifiant ainsi ce « budget exceptionnel ». « Nous reconstruirons et nous ne céderons pas d'un pouce à la violence », a-t-elle encore dit.
Un budget devrait également être débloqué par la Métropole du Grand Paris, a annoncé son président Patrick Ollier. Ce dernier a précisé que « la réunion du Conseil métropolitain qui devait se tenir cet après-midi est reportée à une date ultérieure ».
« Ce Conseil métropolitain sera d'autant plus important avant les vacances que nous prévoyons d'inscrire à son ordre du jour une délibération portant création d'un fonds de soutien aux investissements pour les communes de la Métropole ayant subi des dégradations sur des bâtiments et équipements publics », a indiqué dans un communiqué celui qui est également maire de Rueil-Malmaison.
(Avec AFP)
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