La loi Industrie verte doit créer 40.000 emplois d'ici 2030, promet le gouvernement

Le gouvernement a présenté son projet de loi sur l'industrie verte en conseil des ministres. Le texte vise à décarboner l'industrie existante et doper le développement des technologies vertes. Avec sa politique économique, le gouvernement espère augmenter la part de l'industrie dans l'économie en passant de 10% à 15% du PIB tricolore. Un objectif ambitieux compte tenu de l'état dégradé du tissu industriel français.
Grégoire Normand
Roland Lescure (Industrie), Bruno Le Maire (Economie) et Christophe Béchu (Ecologie) lors du conseil des ministres ce mardi 16 mai.
Roland Lescure (Industrie), Bruno Le Maire (Economie) et Christophe Béchu (Ecologie) lors du conseil des ministres ce mardi 16 mai. (Crédits : Reuters)

Le gouvernement veut appuyer sur la pédale d'accélérateur de la réindustrialisation. Epaulé par le ministre de l'Ecologie Christophe Béchu et le ministre de l'Industrie Roland Lescure, Bruno Le Maire a dévoilé le plan de bataille de l'exécutif destiné à décarboner le tissu productif tricolore. « L'objectif final, c'est de faire de la France la première nation décarbonée en Europe », a déclaré le ministre de l'Economie lors d'une conférence de presse organisée à Bercy ce mardi 16 mai. Le projet de loi vise à favoriser la création d'industries vertes, c'est-à-dire mettre en place la production de nouvelles technologies. Mais aussi à décarboner l'industrie existante. Pressé par le calendrier, le gouvernement doit présenter son texte au Sénat le 19 juin puis le 17 juillet à l'Assemblée nationale, alors qu'il ne dispose pas de majorité absolue. « Face à l'objectif de réindustrialisation, cette loi  apporte des propositions qui dans vont dans le bon sens sur la réduction des délais, le foncier, les compétences », juge Olivier Redoulès, économiste à Rexecode, un institut réputé proche des milieux patronaux.

Après les quatre mois de contestation de la réforme des retraites, l'exécutif a lancé une vaste offensive médiatique pour tenter de faire oublier cet épisode orageux. Le chef de l'Etat a multiplié les entretiens dans la presse économique et à la télévision ces derniers jours avant de se rendre au grand raout Choose France organisé au château de Versailles pour vanter l'attractivité du territoire français. Mais les déplacements des ministres et du chef de l'Etat sont toujours marqués par des concerts de casseroles et des périmètres de sécurité pour encadrer les manifestants. Au niveau international, Bruno Le Maire a évoqué « une bataille au couteau entre la Chine, les Etats-Unis et l'Europe. Sous les dorures, les discussions ont parfois été brutales à Versailles. Il n'y a de cadeaux pour personne ».

Lire aussiChoose France : Macron annonce un record d'investissements étrangers, 13 milliards d'euros dans 28 projets

5 points de PIB, 23 milliards d'euros d'investissement et 40.000 emplois directs

Le chemin de la réindustrialisation promet d'être long et sinueux. Sur le plan macroéconomique, le gouvernement espère augmenter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut de cinq points passant de « 10% à 15% d'ici 2030 ». Pour rappel, la place de l'industrie tricolore n'a cessé de dégringoler en France passant de 27,7% en 1949 à 13,1% à la fin de l'année 2021, selon l'Insee. Et sous le premier quinquennat Macron, l'industrie a encore perdu du terrain dans le total de la richesse produite par l'économie tricolore (-1 point de PIB entre fin 2016 et fin 2021). Pour rappel, l'institut de statistiques prend en compte tous les types d'industries dans son périmètre (agroalimentaire, manufacturier,..). C'est pourquoi ce chiffre est supérieur à celui évoqué par le gouvernement. « Le projet de loi seul ne va sans doute pas permettre d'atteindre cet objectif [de 15% du PIB] mais il répond à de nombreuses demandes des industriels », a estimé Olivier Redoulès. , a estimé Olivier Redoulès.

La loi industrie verte détaillée ce mardi permettrait selon les calculs de Bercy de générer 23 milliards d'euros d'investissement et 40.000 emplois directs d'ici 2030. L'exécutif compte sur le crédit d'impôt estimé à 500 millions d'euros pour booster les embauches dans l'industrie verte. « C'est un chiffre significatif dans un contexte budgétaire contraint, mais limité par rapport aux enjeux », précise Olivier Redoulès.

Dans l'étude d'impact encore provisoire consultée par La Tribune, le gouvernement table sur la création de 1.500 à 3.000 emplois par grand projet industriel comme les usines de batteries et un milliard d'euros de chiffre d'affaires pour chaque unité de production tous les ans.  A ces effets directs, peuvent s'ajouter des conséquences indirectes sur les territoires (emplois indirects, activité dans les services aux entreprises). « L'effet multiplicateur de l'investissement peut varier en fonction de la nature du projet et de la nature de l'aide (subventions, crédit d'impôt, prêt) », rappelle à La Tribune l'entourage du ministre de l'Economie. Parmi les secteurs ciblés, l'industrie des pompes à chaleur pourrait embaucher à tour de bras (16.000 emplois directs) mais aussi les éoliennes (3.000 emplois directs).

Crédit d'impôt, bonus automobile...

Le projet de loi veut muscler le développement des technologies vertes par le biais d'un crédit d'impôt « investissements industrie verte ». Ce nouvel outil devrait être mis en place dans le prochain budget 2024. Son coût est estimé à 500 millions d'euros. Il doit favoriser la production de nouvelles batteries, de panneaux solaires, d'éoliennes et de pompes à chaleur. Ce crédit d'impôt concernera les investissements relatifs au terrain, aux bâtiments ou à l'achat de machines mais aussi les droits de propriété intellectuelle, les brevets ou encore les licences. « L'assiette du crédit d'impôt sera égale au coût des investissements dans les secteurs stratégiques pour la réindustrialisation verte et son taux pourra aller de 20% à 45% », explique le dossier de presse.

Parmi les autres grandes mesures évoquées figure le bonus écologique. « Ce bonus [existant] représente 1,2 milliard d'euros par an, dont 40% sont déjà partis Asie depuis le mois de janvier 2023. Or, nous n'avons pas vocation à financer sur des fonds publics le développement des usines en Asie », a déclaré Bruno Le Maire. Cette mesure directement inspirée de l'IRA américain (Inflation Reduction Act) vise à soutenir l'industrie automobile européenne. Le bonus sera attribué « en fonction du calcul de l'empreinte carbone de l'acier, de la batterie, et l'intégration de produits recyclés ou biosourcés dans le cycle de fabrication », ont expliqué les conseillers du ministre de l'Economie lors d'une réunion avec les journalistes. Interrogé sur les éventuels risques juridiques relatifs au règles de l'organisation mondiale du commerce (OMC), Bercy assure que « ce n'est pas un dispositif qui va créer des barrières à l'entrée. La conditionnalité ne se fait pas sur des critères de localisation mais d'environnement ».

Friches et financement

La question du foncier a ravivé les débats entre la nécessaire réindustrialisation et la préservation des sols. L'un des objectifs du projet de loi est de livrer des sites clés en main. L'Etat va s'engager « à pré-aménager et pré-équiper 50 sites France 2030 », soit environ 2.000 hectares pour de nouvelles usines. La Banque des territoires doit mettre un milliard d'euros sur la table. Le gouvernement s'est également engagé à diviser par deux les délais d'implantations pour les passer de 17 mois à 9 mois. Le but est d'engager plusieurs procédures en parallèle afin d'accélérer les temps de traitement des dossiers.

Lire aussiRéindustrialisation: le gouvernement fera confiance aux élus locaux et... aux préfets


Sur le volet financement, le gouvernement a annoncé le lancement d'un nouveau produit d'épargne climat pour les mineurs dont la collecte annuelle pourrait atteindre 1 milliard d'euros. Ce livret doit bénéficier d'une exonération fiscale et sociale et sera plafonné à 23.000 euros comme le livret A. Interrogée par La Tribune, l'ONG Reclaim Finance s'est montrée sceptique sur cette proposition.
« Ce produit va coûter un milliard d'euros aux finances publiques sans condition [...] Il faut mettre en place des garde-fous et faire en sorte que ce texte aille soutenir des secteurs émergents de l'économie verte », a jugé Antoine Laurent chargé de plaidoyer et ancien conseiller du député Mathieu Orphelin pendant la législature 2017-2022.

Lire aussiIndustrie verte : le plan d'épargne pour mineurs proposé par Bercy est-il à la hauteur ?

Un texte jugé « timoré »par les ONG

Sur le front écologique, le projet de loi devrait permettre de réduire les émissions de CO2 de 41 millions de tonnes d'ici 2030, soit 6,3 millions de tonnes chaque année. L'impact le plus important sur l'empreinte carbone proviendrait du crédit d'impôt (-34,6 millions de tonnes en cumulé). Viennent ensuite, le bonus automobile (-3,2 millions de tonnes), le financement (-2,1 millions de tonnes) ou encore la réhabilitation des friches (-1,6 million de tonnes).

Dans un communiqué, le Réseau action climat a salué « la volonté de conjuguer les ambitions climatiques et industrielles mais appelle le Parlement à renforcer le texte, trop timoré en l'état au regard des enjeux environnementaux et sociaux actuels ». Les organisations écologistes mais aussi le Conseil national de la transition écologique (CNTE) rassemblant des organisations patronales et syndicales, des élus et associations avaient pointé il y a quelques jours le manque de définition claire de l'industrie verte dans un avis. En attendant son passage au parlement, le projet de loi promet des débats enflammés.

Lire aussiIndustrie verte : Le Maire consulte les oppositions, les limites du projet de loi pointées du doigt

Grégoire Normand
Commentaires 15
à écrit le 18/05/2023 à 12:57
Signaler
" Le gouvernement s'est également engagé à diviser par deux les délais d'implantations pour les passer de 17 mois à 9 mois. Le but est d'engager plusieurs procédures en parallèle afin d'accélérer les temps de traitement des dossiers. " -----------...

à écrit le 17/05/2023 à 13:52
Signaler
Des chiffres en milliers en milliards le gouvernement nous abreuve de chiffres pour 2027 2030 la saint glinglin etc. Ce qui interessent aujourd'hui les citoyens l'inflation, les salaires, le logement . Le gouvernement en tête le chef de l'état ne peu...

à écrit le 17/05/2023 à 13:42
Signaler
C’est le doit qui pose problème...combien seront détruit...

à écrit le 17/05/2023 à 11:24
Signaler
Il fauydrait aussi savoir compter en matière de créations et de pertes d'emplois en France. Ici 40.000 emplois verts, très bien, demain et après demain 8.000 emplois industriels avec nos investisseurs étrangers: hourra; sauf que pendant ce temps là l...

le 17/05/2023 à 20:21
Signaler
"l'année prochaine avec un volume de plus de 40% de baisses des transactions en neuf et en ancien". Sans oublier ; À partir du 1er avril 2023, l'obligation de réaliser un audit énergétique concernera tout d'abord les habitations classées F ou G, ...

à écrit le 17/05/2023 à 10:09
Signaler
"La loi Industrie verte..." Si cette loi est de s'attaquer à toutes les pollutions on ne peux qu'être en phase. Si c'est un truc pour faire n'importe quoi sous couvert d'un réchauffement climatique ça sera un échec.

à écrit le 17/05/2023 à 9:21
Signaler
Ils ont vendu le fruit du travail des francais aux chinois pour faire encore plus de profit via la main d'oeuvre pas cher sous le joug du communisme, dont des enfants. On multiplié leurs profits grace à la dévaluation de la monnaie chinoise et on pla...

à écrit le 17/05/2023 à 9:17
Signaler
Industrie verte ! C'est comme crime vertueux ! anéantissement soft ! Mettez vous un nez rouge et des plumes dans le fondement au moins quand vous faites des blagues !

à écrit le 17/05/2023 à 6:13
Signaler
Les pieds nickeles aux manettes. Pauvres francais manipules.

à écrit le 16/05/2023 à 23:04
Signaler
Difficile de faire un commentaire devant un océan de bêtises récitées par des technocrates qui ne savent même pas ce qu'est une industrie. fabriquer des produits.. c'est compliqué pour un énarque, ca pue, c'est parfois physique avec un peu de muscle,...

à écrit le 16/05/2023 à 21:29
Signaler
Quand je vois le maire II, je ne peux m'empêcher de penser qu'il se dilate.

à écrit le 16/05/2023 à 19:17
Signaler
il prend ses desirs pour des realites!!! remarquez, hollande faisait des plans pour la france 2050, ca coute rien, ils ne sont plus la..........et sinon plus personne ne veut venir dans votre pays, voila la realite

à écrit le 16/05/2023 à 18:24
Signaler
Pour faire plaisir au dingue réchauffiste de davos qui déroule son plan great reset , on détruit l' industrie existant dans le monde réel au prétexte de foutaises climatiques s' appuyant sur des données volontairement bricolée...

à écrit le 16/05/2023 à 18:16
Signaler
Non, 80'000 emplois, euh, peut-être 90'000 emplois. Oui, effectivement, plus c'est gros, plus ça passe, alors pourquoi s'en priver puisque le Behaviorisme a pris le pouvoir!

à écrit le 16/05/2023 à 17:57
Signaler
En principe, "l'industrie verte" est faite pour être efficace a résoudre le problème de la transition et non pour but de créer des emploies, a moins que cet effet d'annonce soit insincère !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.