Emploi : 2024, année du retournement du marché du travail en France ?

Les destructions d'emplois pourraient s'envoler en 2024, selon la dernière prévision de la Banque de France. Le taux de chômage pourrait ainsi grimper à 7,5% de la population active l'année prochaine et 7,8% en 2025, contre 7,2% actuellement.
Grégoire Normand
Le nombre d'emplois pourrait reculer en France en 2024.
Le nombre d'emplois pourrait reculer en France en 2024. (Crédits : Reuters)

La courbe du chômage va-t-elle s'inverser en 2024 ? Après plusieurs années de baisse consécutives, le taux de chômage tricolore montre des signes inquiétants. Emploi en net repli, essoufflement de l'intérim, destructions d'emplois dans le bâtiment... La promesse d'Emmanuel Macron d'atteindre le « plein-emploi » pourrait rapidement s'éloigner.

Lire aussiToujours en hausse, l'emploi salarié privé ralenti au deuxième trimestre

Dans ses dernières projections macroéconomiques dévoilées lundi 18 septembre, la Banque de France table désormais sur une augmentation du chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) passant de 7,2% en 2023, à 7,5% en 2024 et 7,8% en 2025. Dans les faits, l'institution a dégradé ses prévisions sur les trois années par rapport à juin (7,1% en 2023, 7,4% en 2024 et 7,6% en 2025).

chomage 2024

Cette hausse est cependant loin d'être une surprise. Après les années Covid vertigineuses, l'exécutif a fermé drastiquement le robinet des aides en faveur des entreprises et des ménages. Au moment de la mise sous cloche de l'économie tricolore, l'Etat avait déployé un vaste arsenal d'outils pour limiter la casse économique et sociale (PGE, fonds de solidarité, chômage partiel, exonérations de cotisations, report de prélèvements). Résultat, de nombreuses entreprises ont pu conserver une grande partie de leur main-d'œuvre. Mais la donne a changé.

Lire aussiTous chômeurs pour enfin vaincre l'inflation !

Une réduction des effectifs dès l'année prochaine

Résultat, de nombreux économistes s'attendent à ce que les entreprises taillent dans leurs effectifs. Après une forte hausse en 2022 (775.000), les créations d'emplois en France devraient nettement s'essouffler en 2023 (319.000), avant de reculer (-60.000). S'agissant de 2025, les chiffres pourraient être encore plus médiocres (-80.000). Selon la Banque de France, ces projections devraient mieux correspondre au niveau de l'activité hexagonale.

En effet, la croissance des créations d'emplois a été nettement supérieure à celle de l'activité durant ces récents trimestres. « Il y a un début de correction de ce phénomène de la croissance faible riche en emplois », a expliqué Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France interrogé par La Tribune. Ce paradoxe d'une faible croissance riche en emplois a plongé les économistes dans un épais brouillard et révélait les limites des modèles utilisés par les instituts de prévision. « L'emploi est le sujet sur lequel on s'est le plus trompé ces derniers trimestres » , a concédé Olivier Garnier lors d'un point presse.

Un rattrapage partiel de la productivité

Ce ralentissement de l'emploi devrait permettre à l'économie française de retrouver des gains de productivité supérieurs aux années du pic de la pandémie. La productivité, c'est-à-dire la richesse produite par emploi, avait enregistré des niveaux relativement bas depuis la propagation du virus dans l'ensemble de l'économie.

A cela s'est ajouté l'envol des embauches d'apprentis qui a également brouillé le calcul de la productivité dans les entreprises. « L'apprentissage affecte la productivité, car les apprentis sont comptés à temps plein », a souligné Olivier Garnier. La baisse des aides à l'apprentissage prévue par le gouvernement et l'ajustement de l'offre et de la demande de travail sur le marché de l'emploi devraient permettre d'avoir des emplois plus productifs. Néanmoins, la Banque de France ne prévoit pas un rattrapage de la productivité tricolore au niveau pré-pandémie avant 2025.

Lire aussiEn France, l'emploi résiste encore au coup de frein de l'économie, la productivité toujours en berne

La remontée des taux pèse sur l'emploi

Le resserrement de la politique monétaire des deux côtés de l'Atlantique pèse sur les perspectives de l'emploi. Jeudi dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé d'une dixième hausse de ses taux directeurs, et ce, alors que plusieurs économistes tiraient la sonnette d'alarme sur les conséquences délétères d'une telle décision sur le marché du travail.

L'indice des prix a certes ralenti en Europe à la faveur d'une hausse des taux inédite depuis la création de l'Union monétaire en 2002. Mais la chute spectaculaire de la demande sur le Vieux Continent (investissement des entreprises, consommation des ménages) risque de se répercuter violemment sur l'activité. Dans de nombreux secteurs déjà en perte de vitesse depuis la pandémie, certaines entreprises sont loin d'avoir retrouvé leur niveau d'activité précédant la crise sanitaire. Cette sombre perspective pourrait encore freiner les embauches dans les mois à venir.

Lire aussiTous chômeurs pour enfin vaincre l'inflation !

Grégoire Normand
Commentaires 27
à écrit le 20/09/2023 à 19:34
Signaler
Mais puisqu'on vous répette que le PLEIN EMPLOI est là et qu'on a besoin encore et encore et encore de main d'oeuvre étrangère. Même le ministère porte le nom "du travail et du plein emploi". C'est dire si le gouvernement dit la vérité comme d'habitu...

à écrit le 20/09/2023 à 9:19
Signaler
L'effondrement de l'économie russe? :)

à écrit le 20/09/2023 à 7:30
Signaler
Bonjour, ils faudrait deja trouvé des emplois pour toute une partis de la population sans instruction et savoir-faire... 300 000 jeune francais en echec scolaire qui sortent du systèmes tous les ans... Ensuite , ils y tous les migrants africain, b...

à écrit le 19/09/2023 à 20:29
Signaler
300 000 emplois nets, mais une partie en temps partiel. Et en plus, je ne sais pas si on ne compte pas les apprentissages, parmi ces emplois... Il suffit juste de regarder les catégories A, B, C de Pole-emploi, qui reflètent mieux l'état véritable d...

à écrit le 19/09/2023 à 14:18
Signaler
dans un classement des politiciens. qui sera élu le parfait bonimenteur de l année ?

à écrit le 19/09/2023 à 13:38
Signaler
"Après plusieurs années de baisse consécutives, le taux de chômage tricolore montre des signes inquiétants. " Le gouvernement va certainement se focaliser sur la très relative baisse de la catégorie A (0,4% sur un trimestre, soit 1900 personnes et 2...

le 19/09/2023 à 19:33
Signaler
Selon la Banque de France 300.000 emplois nets ont été créés. Le taux de chômage est le plus bas depuis 40 ans. Le mode de calcul n'a pas changé ni le nombre de radiations.

le 20/09/2023 à 8:42
Signaler
@marc469 Dans ce cas ,pourquoi si l'on reprend le vol des donnés à Pôle emploi c'est plus ? L'opérateur a reconnu mercredi avoir fait l'objet d'un acte de cybermalveillance chez l'un de ses prestataires. Les données personnelles de 10 millions de...

à écrit le 19/09/2023 à 13:21
Signaler
Pour tous ceux qui sont prêts à faire des efforts pour acquérir les bonnes compétences il y aura tjrs du travail et bien payé. Pour les autres il y a aussi la chance que la France est un pays ouvert et que donc on pourra émigrer ailleurs quand on ser...

à écrit le 19/09/2023 à 11:51
Signaler
Lorsqu'on coule "VOLONTAIREMENT" le BTP et surtout l'immobilier d'investissement locatif, on ne peut après regretter une augmentation du chômage corrélative car il est prévu la bagatelle de 300.000 emplois perdus d'ici fin 2025. Et ce n'est que le BT...

le 19/09/2023 à 13:27
Signaler
Maintenir à flot le BTP à coups de milliards publics et de ronds-points alors que nous manquons de personnes dans l'industrie n'a aucun sens. L'état doit investir en priorité dans la formation pour l'industrie et remettre la France en état de pouvoir...

le 20/09/2023 à 2:36
Signaler
@AdieuBCE : à ceci près que l'industrie compte son lot de canards boiteux vivant aux crochets du système...

à écrit le 19/09/2023 à 11:44
Signaler
Mais où sont donc passées les trentes glorieuses à Lemaire ?

à écrit le 19/09/2023 à 11:34
Signaler
La remontée du taux de chômage est une excellente nouvelle cela signifie la fin de la pénurie d'emplois et une pression à la baisse sur les salaires rendant nos entreprises plus concurrentielles. Évidemment cela entraînera une diminution du taux d'i...

à écrit le 19/09/2023 à 10:11
Signaler
Il paraitrait que l'année a été divine en matière d'emploi; il faudrait rapprocher le phénomène de la baisse des "impôts de production". Même si une certaine morosité économique menace 2024, il semble que nous ayons encore une marge possible des "imp...

à écrit le 19/09/2023 à 9:08
Signaler
Un cycle de décroissance est enclenchée. Moins de consommation d'un tas de choses inutiles, moins de voyages en avion et autres virées autour du Monde pour le polluer etc...enfin un cercle vertueux! Des Chômeurs? Le partage du travail, des bénéfices ...

le 19/09/2023 à 11:09
Signaler
Le partage du travail et une durée de 30 H ? avec le salaire diminué en proportion ?

le 19/09/2023 à 14:22
Signaler
@ reponse de Marc 469 AH Ben non! Avec une augmentation des salaires les plus bas et une diminution des salaires les plus haut. Une sorte de péréquation afin que tout le monde vive correctement. On vit très bien sans disposer d'une Rolex, d'une BM...

le 19/09/2023 à 19:37
Signaler
La semaine de 30 H avec augmentation des salaires ? Avec çà vous croyez que les entreprises font embaucher à défaut de faire faillite ? Vous ne connaissez pas le mot COMPETITIVITE ?

à écrit le 19/09/2023 à 8:28
Signaler
Que c'est beau des titres sous forme de question ! On sent que l'on va être bien informé !,-)

le 19/09/2023 à 9:16
Signaler
@bah. La perspective du chômage, c'est le diablotin qu'on ressort de la boîte pour faire peur, ce qui se traduit par une pression sur les salaires.

à écrit le 19/09/2023 à 8:14
Signaler
Oh ben alors, ces oracles prédisaient un rapprochement vers le plein-emploi🤣🤡.

à écrit le 19/09/2023 à 8:13
Signaler
Merci Macron - Borne- Lemaire d avoir fragilisé les salariés seniors avec sa réforme des retraites … outil de variable d ´ ajustement des Rh on va en Prendre plein la g… en 2024 et 2027 on s en souviendra !! Vivement la renaissance des gilets jaunes.

le 19/09/2023 à 19:31
Signaler
Quelque soit le prochain président il ne reviendra pas sur la réforme des retraites qui ne sera pas la dernière de toute manière.

à écrit le 19/09/2023 à 8:13
Signaler
Super ! on va enfin pouvoir refaire du Zola /L'Assommoir/ misérabilisme dans les médias et les salons parisiens. Il faut le dire : Macron était tellement agaçant avec ce chômage en recul un peu tous les ans.

à écrit le 19/09/2023 à 8:08
Signaler
On a eu d’abord l’inflation suite à une offre insuffisante par rapport à une demande explosive à la sortie du COVID pour la juguler on a augmenter les taux d’intérêt logiquement. Le résultat on a une consommation sur les produits alimentaires avec de...

à écrit le 19/09/2023 à 6:09
Signaler
Ah il va vraiment baisser alors ?

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.