Dopée par les PGE et les aides, la trésorerie des PME est parfois "abondante"

A la grande surprise de nombreux économistes, la situation financière des entreprises dans l'hébergement-restauration est bien meilleure que celle avant crise, en raison notamment de la politique du "quoi qu'il en coûte". En revanche, le bâtiment a bien plus souffert des effets de la pandémie selon la dernière note du conseil d'analyse économique qui a passé au crible les comptes bancaires de plus de 100.000 PME et TPE. Décryptage.
Grégoire Normand
Dans la construction, la situation financière des entreprises est plus dégradée que la moyenne.
Dans la construction, la situation financière des entreprises est plus dégradée que la moyenne. (Crédits : Reuters)

Les voyants économiques sont au vert pour la plupart des PME et TPE. Après avoir été mis sous pression pendant près de 20 mois, les comptes financiers des entreprises ont retrouvé des couleurs. Selon la dernière note du Conseil d'analyse économique (CAE) dévoilée il y a quelques jours, la trésorerie globale des entreprises tricolores est plus favorable qu'avant la crise, voire "abondante" dans certains cas. "La situation financière des entreprises est bien meilleure que ce l'on aurait pu craindre", a déclaré l'économiste et président du conseil d'analyse économique (CAE) Philippe Martin lors d'un point presse.

En mettant en place la politique du "quoi qu'il en coûte", le gouvernement a pu préserver une bonne partie du tissu productif français. Le débranchement progressif des aides comme la fin du fonds de solidarité à partir du 1er octobre pourrait cependant faire quelques dégâts dans des secteurs particulièrement affaiblis par cette longue période de crise sanitaire. "Au moment où il y a une reprise assez forte, le fonds de solidarité prend fin. C'est un tournant dans la crise", a ajouté l'enseignant. Le centre de recherche qui a eu accès aux données bancaires du Crédit Mutuel a passé au scalpel les comptes anonymisés de plus de 100.000 PME et TPE.

Une situation globale plus favorable, des secteurs à la peine

Le tableau dressé par les économistes du CAE ne révèle pas de catastrophe tant redoutée durant les premiers mois de la crise. "La situation de trésorerie s'est nettement améliorée dans quasiment tous les secteurs par rapport à la situation d'avant crise. Les PGE ont permis d'assurer cette amélioration. L'une des causes des défaillances est que les entreprises ne peuvent pas payer leur dette fournisseur, les salaires. Ce n'est pas le cas aujourd'hui", a déclaré l'universitaire.

En revanche, certains secteurs en difficulté ne sont pas forcément ceux qui étaient attendus. L'un des résultats surprenant de cette enquête est qu'elle montre que la situation de certaines entreprises dans le bâtiment, le manufacturier ou l'information- communication est bien plus préoccupante que dans la plupart des autres secteurs. "Les secteurs S1, les plus touchés par l'épidémie et souvent fermés comme les salles de sport, agences de voyage, les hôtels et restaurants, sont en bonne santé financière alors qu'elles ont enregistré une forte chute d'activité. Il y a eu une forme de surcompensation" précise l'économiste.

"Quelques secteurs voient le nombre d'entreprises en situation difficile diminuer (hébergement-restauration, arts et spectacles) mais ces secteurs font figure d'exception car ils ont été très aidés et il y a de possibles effets saisonniers" affirme l'économiste Etienne Fize. Dans la construction ou l'industrie manufacturière, "les coûts de production ont augmenté en raison notamment des prix de l'énergie et de la disruption du commerce mondial. Si d'un point de vue agrégé, il y a une amélioration de la situation financière des entreprises, cela cache des disparités entre les secteurs et au sein des secteurs" ajoutent-ils.

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Parmi les autres contrastes, la taille de l'entreprise peut jouer un rôle. En effet, la situation financière de certaines entreprises est plus préoccupante dans les rangs des PME que des TPE. C'est encore une surprise de cette enquête. "Il y a une situation plus compliquée pour les PME que les TPE en raison notamment du fonds de solidarité qui s'adressait principalement au début aux petites entreprises", explique Etienne Fize

PGE : un remboursement à venir au printemps 2022

Les prêts garantis par l'Etat ont rapidement été mis en place au début de la crise. Au total, près de 140 milliards d'euros ont été accordés sous forme de prêts. Dans quelques secteurs, les prêts garantis par l'Etat ont clairement servi à éponger les pertes ou les créances antérieures à la crise. Pour ces entreprises, la dette nette appelle à "une surveillance". "Le taux de recours PGE d'environ 30% est assez élevé par rapport à la crise de 2007-2008. Entre 40% et 50% des PGE ont été consommés. Les PGE ont pu permettre de rembourser des créances commerciales", affirme Etienne Fize. La soutenabilité de la dette au moment du débranchement des aides devrait être particulièrement cruciale pour certaines entreprises. "Certains secteurs (pas ceux que l'on attendait) nécessitent une vigilance accrue  pour les mois de reprise économique à venir comme la construction par exemple", affirme Philippe Martin. D'autant plus que les premiers remboursements devraient intervenir au printemps 2022.

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Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 05/10/2021 à 13:30
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Oui il a arrosé ceux qui pouvaient le déstabiliser ! en fait , il a pris de l'impôt de tous pour servir quelqu'uns. C'est une des raisons pour laquelle monter une boite ici, relève de la corruption et du trafic d'influence ! Et le pire est que c...

à écrit le 05/10/2021 à 8:08
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Il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir la gabegie qui a eu lieu. J'ai ainsi pu constater qu'une entreprise concurrente qui affacturé à gogo pour avoir de la liquidité a eu l'aubaine fabuleuse de pouvoir contracter 4 millions d'€ de PGE en 2...

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