La Société d’encouragement pour l’industrie nationale : bicentenaire et dans la force de l’âge !

Créée en 1801, la Société d’encouragement pour l’industrie nationale (SEIN) poursuit sa mission d’accompagnement des grandes mutations industrielles, économiques et sociales. Depuis lors, elle participe activement à la renaissance industrielle de la France, en favorisant l’innovation technologique et en valorisant l’entrepreneuriat. Récit. (Cet article est issu de T La Revue n°16 - Réindustrialiser et décarboner la France)
(Crédits : DR)

C'est un épisode remarquable de la vie économique comme la France en connut peu à travers son histoire. Le 31 octobre 1801, un aréopage comptant parmi les esprits les plus brillants de son temps réunit savants, hauts fonctionnaires, experts techniques, banquiers, entrepreneurs et lettrés « éclairés » à la préfecture de la Seine, place Vendôme. La réunion se déroule en présence du Premier Consul, Bonaparte, et sous l'égide du chimiste et industriel Jean-Antoine Chaptal, ministre de l'Intérieur. Objet de la réunion : créer la Société d'encouragement pour l'industrie nationale destinée à relancer, d'aucuns diraient aujourd'hui « redoper », l'économie française. « À l'époque, nous explique Olivier Mousson, son actuel président, Bonaparte observe attentivement le bouleversement entraîné par la révolution industrielle. Il perçoit également l'avance prise par le voisin anglais et souhaite que l'on rattrape notre retard. La Société d'encouragement a alors pour mission de répertorier toutes les innovations faites à travers la France, elle édite des bulletins plusieurs fois l'an, elle organise également des démonstrations autour des nouvelles machines, travaille sur la question des brevets et aide les inventeurs. Quelque part, nous sommes l'ancêtre de l'INPI, de la BPI et de la Cité des Sciences ! » Tout au long du XIXe siècle, la SEIN, dont l'activité s'articule autour de quatre missions - encourager les entrepreneurs, transmettre les innovations, valoriser les savoir-faire français et conserver les patrimoines industriels - apportera une contribution active et directe au développement économique de la France dans des domaines allant de la construction du réseau de chemins de fer à la création des premières infrastructures de production et de distribution d'énergie. Une action déterminante qui lui permit, dès 1824, d'être reconnue d'utilité publique.

« Désiloter l'économie »

Olivier Mousson en est convaincu : « La grande force de la Société d'encouragement réside dans sa mission d'accompagnement des grandes mutations industrielles, économiques et sociales. Et plus encore dans sa volonté de stimuler la renaissance industrielle de la France, en favorisant l'innovation technologique et en valorisant l'entrepreneuriat. » Une affaire qui se joue de longue date en plein cœur du quartier latin, à Paris, à quelques encablures du Café de Flore et des Deux-Magots. Exceptionnel à bien des égards, le cadre permet de rassembler et participe évidemment au prestige de la Société d'encouragement. Car la SEIN inspire et fait des émules ! À compter de la Restauration, se sont ainsi créées des sociétés industrielles en province (la première d'entre elles à Mulhouse), puis bientôt dans le reste de l'Europe, de l'Italie à la Prusse, en passant par le Portugal et la Belgique. « Cette tradition se poursuit, reprend Mousson. Tous les mois, nous allons en région afin de porter la bonne parole, à Amiens, à Valence, à Dunkerque, un peu partout sur le territoire. » Au programme : réunions, organisations de colloques et visites d'usines et d'incubateurs. D'aucuns y verront la poursuite du projet de Chaptal qui, dès la fondation de la SEIN, a demandé aux préfets d'en devenir membre mais aussi de créer des antennes sur leur territoire pour mieux essaimer. « L'autre marque de fabrique était de ne pas avoir que des industriels et des inventeurs autour de la table, ajoute l'actuel président. Aujourd'hui encore, tous les secteurs économiques sont représentés, de l'agriculture à la finance. L'idée est donc bien de "désiloter" l'économie, de faire se rencontrer ses divers acteurs et de permettre à toutes les filières de travailler ensemble. En somme, de faire en sorte que les politiques, les inventeurs, les hauts fonctionnaires, les banques et les investisseurs se parlent afin de défendre l'industrie française. »

Quand l'industrie change la vie

Becquerel, Pasteur, Eiffel, Fourcroy Monge, Constant, Michelin, Say, De Lesseps, Gaumont... « Lieu des premières fois » destiné à « accueillir et monter les innovations », l'Hôtel de l'Industrie accueille depuis son ouverture d'éminents scientifiques et la fine fleur du progrès technique et économique hexagonal. C'est ainsi que la SEIN fut, par le passé, l'un des lieux pionniers du cinéma : en 1860, Édouard-Léon Scott de Martinville, premier homme à avoir enregistré le son, y fait la démonstration de son phonautographe. Quelques années plus tard, en 1895, dans sa majestueuse salle de conférences logée au premier étage de l'hôtel, les frères Lumière y organisent leur toute première projection sous les yeux ravis et interloqués d'un public qui assistait alors à l'acte fondateur de l'industrie du cinéma. Après une période d'intense activité au début du XXe siècle, la SEIN voit par la suite son influence décliner du fait de la politique jacobine, centralisatrice et planificatrice voulue après la Seconde Guerre mondiale. Désormais revenue à son ambition initiale, la Société entend plus que jamais accompagner le mouvement de ré-industrialisation qui s'amorce. « L'industrie, ce n'est pas seulement des cheminées qui fument, du danger, de la pollution, explique Mousson. Il fut un temps ou le secteur était synonyme de progrès, d'innovation, presque d'art ! Il nous faut revenir à cela, en utilisant les nouveaux outils que sont la prise de conscience écologique et l'économie circulaire. » Pour son président, le jeu en vaut la chandelle : « L'industrie peut non seulement changer la vie des hommes et des femmes de notre pays mais aussi son destin économique et social ! »

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T16

Commentaires 2
à écrit le 07/10/2023 à 13:52
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On est sauvé : il y avait une société d'encouragement pour l'industrie nationale. Ce serait indécent de connaitre par qui ces personnes hautement compétentes étaient payées ? Par M. TCHURUK ? Je n'ose pas pensé qu'on a payé des gens à ne rien fai...

à écrit le 07/10/2023 à 11:38
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Mais elle était où tandis que les riches français délocalisaient en masse leurs usines en Chine et autres pays d'esclaves salariaux !? lol !

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