« Le récit national est en train de se construire autour d’une vision positive de l’industrie » (Nadine Levratto)

Pour l'économiste Nadine Levratto, si la réindustrialisation de la France est aujourd'hui une priorité nationale, il ne faut pas oublier que la décarbonation de nos écosystèmes est lancée depuis une vingtaine d'années déjà. L'urgence étant davantage dans l'encadrement de cette renaissance industrielle. Explications. (Cet article est issu de T La Revue n°16 - Réindustrialiser et décarboner la France)
(Crédits : Denis Allard/Leextra pour La Tribune)

Directrice de recherches au CNRS, professeure à l'Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et à l'Université de Paris-Nanterre, l'économiste Nadine Levratto revient pour T La Revue sur le phénomène de désindustrialisation qu'a vécu l'Europe ces dernières décennies, ouvrant la voie à une forme de tertiarisation qui n'a vraisemblablement pas tenu toutes ses promesses. C'était l'époque où l'industrie était considérée comme ringarde et infructueuse en termes de richesse. « C'était la période du tertiaire triomphant. » Un triomphe au goût amer, qui a eu comme conséquence majeure la délocalisation des productions et la disparition des compétences. Jusqu'à ce que certains experts et grands capitaines d'industrie, comme Louis Gallois alors patron d'Airbus, déclenchent la sirène d'alarme dès les années 2000. Des alertes peu entendues malgré la publication de rapports. Presque vingt ans plus tard, la création du programme Territoires d'industrie (en 2018) marque un premier cap vers la réindustrialisation. La territorialisation industrielle est enclenchée, le plus souvent par les pouvoirs locaux eux-mêmes. Et puis, c'est le choc mondial du Covid-19 et la révélation du désarroi français manquant de produits de première nécessité. La souveraineté devient un enjeu majeur, la réindustrialisation une priorité nationale. La loi sur l'industrie verte est promulguée en juin 2023. Mais qu'en est-il concrètement ? Vœu pieux ou effet démagogique à considérer que la décarbonation de l'industrie est en cours depuis vingt ans déjà ? De quoi parle-t-on réellement quand on incite à « verdir » l'industrie ? Éléments de réponse avec Nadine Levratto.

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Pour comprendre la réindustrialisation, il est indispensable d'expliquer la période de désindustrialisation que la France a connue ces quarante dernières années. Pourquoi a-t-on autant désindustrialisé ? Comment en est-on arrivés là ?

Nadine Levratto En 1975, nous sommes au sommet de la France industrielle avec 5,3 millions d'emplois - soit 25 % des emplois - et un quart de la valeur ajoutée du pays. Rien à voir avec 2019 où l'industrie ne représente plus que 2,8 millions d'emplois (-10 %) et seulement 10 % de la valeur ajoutée. En quarante ans, nous avons assisté à un mouvement massif de désindustrialisation. Tous les signaux convergent, sauf la production en valeur qui a augmenté, car nous produisons davantage et plus cher. Ce mouvement n'est pas pour autant propre à la France puisque l'Europe de l'Ouest et les États-Unis ont suivi la même tendance. Il subsiste, là encore, quelques exceptions : la Chine, l'Asie du Sud-Est, l'Allemagne ainsi que les pays d'Europe centrale et orientale s'en sont mieux tirés que nous. La France se trouve en effet dans un processus général de recul de l'industrie, un phénomène particulièrement violent qui se voit dans la chute particulièrement marquée du secteur dans le produit intérieur brut (PIB).

Comment expliquer ce paradoxe ?

N. L. Les gains de productivité sont importants du fait de l'accumulation des capitaux et de l'innovation dans les procédés de fabrication. À tel point que nous arrivons à produire autant avec moins de ressources. Il demeure par ailleurs un artefact statistique pour l'emploi où une grande partie des emplois industriels, comme la comptabilité, le gardiennage ou le nettoyage, ont été externalisés et comptés dans les services. La production elle-même est vue comme un service comme les autres. En réalité, ce n'est rien d'autre qu'un phénomène de transformation des organisations.

Les politiques publiques ne sont-elles pas mises en cause ? N'ont-elles pas aussi poussé cette tertiarisation ?

N. L. Oui, dès les années 1980-1990 jusqu'au début des années 2000, l'industrie était vue comme quelque chose du passé. Il fallait une révolution pour se débarrasser des années noires et même de Zola ! C'était la période du tertiaire triomphant revendiqué par tous et accompagné par des politiques de compétitivité. Collectivement, nous nous sommes également spécialisés sur des marchés où la concurrence s'opérait par les prix. Ce mouvement a été favorisé par les politiques d'exonérations massives de cotisations sociales patronales pour favoriser la baisse des coûts de production et la rentabilité. On adhérait alors à l'adage « les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain ».

Cela n'a pas vraiment fonctionné...

N. L. Moins d'industrie et une recherche de baisse des prix signifient en effet moins d'entreprises spécialisées dans les médiums tech. Autant de segments de marché captés par des pays à bas coût. C'est notre premier handicap. Deuxième conséquence directement liée : en incitant les entreprises à produire moins cher, cela a accéléré leur délocalisation. Les entreprises françaises y ont été particulièrement sensibles : 62 % de leurs emplois se trouvent dans des filiales à l'étranger, contre 38 % pour les allemandes et 26 % pour les italiennes. Mécaniquement, cela augmente aussi le recours à la sous-traitance, qui fragilise le savoir-faire à l'intérieur. À la fin des fins, cela entraîne une crise du travail synonyme de renvoi des salariés les plus âgés et de perte de compétences, comme nous l'avons vu, par exemple, pour les fonderies spécialisées dans le nucléaire.

Est-ce parce qu'il faut relancer le nucléaire que tout le monde aime l'industrie maintenant ?

N. L. Honnêtement, les premiers frémissements ont eu lieu après la crise économique et financière de 2008 lorsque Louis Gallois, alors patron d'Airbus, a dit : « Ça suffit, ça devient dangereux pour l'indépendance de la France, pour les produits stratégiques. » Pourtant, dès 2003-2004, des chercheurs avaient identifié le problème sans être écoutés. Même en 2012 la nomination d'Arnaud Montebourg au ministère du Redressement productif a eu un effet limité. Il faut attendre 2018 et le programme « Territoires d'industrie » pour voir que l'industrie n'est plus autant négligée.

Et la Covid-19...

N. L. Dès janvier 2020, les usines ferment, les approvisionnements n'arrivent plus... Les images de médecins avec des sacs-poubelles en guise de blouses et le manque de médicaments sont un choc dans l'opinion. La réindustrialisation devient alors un gimmick général. Beaucoup prêchent la bonne parole et les universitaires se disent « Enfin ! » alors même que l'économie industrielle avait été captée par la théorie des jeux, voire effacée par les travaux sur la concurrence. Jusqu'alors, la discipline reflétait l'état du secteur et reposait sur l'idée selon laquelle les structures déterminent les comportements et les performances des acteurs.

Avec qui justement va-t-on réindustrialiser le pays ? Qui va travailler dans les usines ? Ne manque-t-on pas de main-d'œuvre ?

N. L. Nous estimons qu'il va falloir entre 50 000 et 70 000 ingénieurs, sans compter les opérateurs et les techniciens supérieurs. C'est normal de ne plus en avoir car pendant trente ans, personne ne s'en souciait et les licenciements s'opéraient par vagues. Aujourd'hui, encore, beaucoup d'étudiants souhaitent travailler dans l'informatique, la finance ou la banque. Les formations aux métiers de l'industrie sont longtemps restées négligées et sous-dotées en moyens humains et financiers, ce qui, ajouté aux licenciements massifs, n'incitait pas les jeunes à s'engager dans cette voie. De plus, les écoles d'entreprises qui ont longtemps formé des cadres en interne ont pratiquement toutes disparu. Seul Airbus a encore un lycée interne. En matière de formation continue, il existe beaucoup de formations pour lesquelles nous dépensons beaucoup d'argent mais nous n'investissons pas là où il faut.

Mais surtout comment redonner envie aux jeunes ?

N. L. Les usines n'ont plus cette image du travail à la chaîne. L'industrie propose des emplois de meilleure qualité, mieux payés et à temps complet avec des évolutions de carrière. Le problème, c'est le sens que les jeunes veulent bien leur donner. Regardez la remise de diplômes à Agro Paris Tech ou ce débat à HEC avec Total. Ce ne sont pas de dangereux gauchistes mais des futurs salariés qui se posent la question du sens de leur travail et de leur effet sur la société. Beaucoup d'entre eux n'ont plus envie de contribuer à la fabrication d'objets sales et jetables. Des entreprises que tout le monde croyait tombées dans les limbes, comme EDF, la RATP ou la SNCF, sont très hautes dans les classements des étudiants car elles servent l'intérêt général. À l'inverse, la BNP n'est plus aussi attractive. Les cabinets de conseil vont donc à l'université chercher des talents. Nous avons changé de culture, ce qui profite à l'industrie. La bifurcation, c'est-à-dire la réinvention industrielle par l'écologie telle que théorisée récemment par Pierre Veltz, y contribue aussi.

Pourtant, il manque encore un grand récit national pour embarquer tout le monde dans cette réindustrialisation...

N. L. Ce n'est plus un débat d'experts et de techniciens grâce à toutes les publicités de Bpifrance dans le métro. Certes, cela envahit l'espace public, mais il est vrai que nous n'avons pas encore basculé de l'industrie-bashing à la love story. Maintenant, il va falloir reconstruire l'industrie, sachant que nous n'allons pas rouvrir les charbonnages. Nous devrions assister à de grandes batailles pour attirer les salariés, mais l'emploi industriel est déjà reparti à la hausse dans l'ouest du pays avec la néoindustrie et des entreprises plus petites ou sur des produits de niche dans des secteurs, comme le textile, que l'on croyait définitivement disparu. On voit que le récit national est en train de se construire autour d'une vision positive de l'industrie, et la Fabrique de l'Industrie, pour ne citer qu'elle, est très active dans ce domaine.

Il y a des success-stories...

N. L. L'exemple de Valenciennes, bien qu'ancien, est emblématique. Alors que la commune était sinistrée, Jean-Louis Borloo a pu inaugurer l'usine Toyota, dont l'arrivée dans le bassin minier est le résultat d'une mobilisation conjointe de plusieurs acteurs comme la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) et la sous-préfecture. Tous ont été proactifs et ont démontré que c'était possible. La reconstruction du récit national a réémergé ainsi. Aujourd'hui, elle passe par France Relance, France 2030, ou encore la tournée du Retour de l'industrie en France (RIF) dans les écoles et les universités pour montrer aux élèves et aux étudiants les industriels. Il faut toutefois prendre garde à deux choses, à commencer par les accidents industriels. L'explosion de Lubrizol à Rouen nous a rappelé que l'industrie pouvait être dangereuse. Quand j'entends « on va faciliter, arrêter des normes », je réponds qu'il faut faire attention à l'effet inverse. L'industrie sera d'autant mieux acceptée que les riverains sont protégés. Il faut des normes très claires et donner davantage de moyens aux Directions régionales de l'économie, de l'emploi, du travail et des solidarités et notamment renforcer l'inspection des installations classées.

La territorialisation sera-t-elle d'ailleurs vraiment au rendez-vous selon vous ?

N. L. Une politique industrielle territorialisée peut très bien fonctionner mais il faut pour cela une vraie décentralisation. C'est ce que montre dans de nombreux cas la politique des « Territoires d'industrie » et les retours d'expérience des binômes intercommunalité-entreprise. Mais la décentralisation est contrariée par des mesures allant en sens contraire. Un exemple récent est la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE), qui avait certes ses imperfections, mais qui, remplacée par un reversement de TVA, accroît encore la dépendance des collectivités locales à l'État. C'est une décision de non-sens qui a été prise sans étude d'impact préalable et de façon arbitraire pour satisfaire le patronat. Elle a pour conséquence de priver les collectivités locales de la petite autonomie fiscale qu'elles avaient acquise alors que les principales entreprises bénéficiaires de cette nouvelle exonération fiscale n'en étaient pas nécessairement demandeuses. La plupart des petites et moyennes industries (PMI) ne s'en acquittaient pas ou voyaient leur CVAE plafonnée. Cette taxe était en effet hyperconcentrée sur un tout petit nombre d'entreprises : 1 % d'entre elles versait plus de 60 % du total collecté. La suppression de cette taxe provoque un pur effet d'aubaine pour les entreprises et oblige à mettre en place une usine à gaz pour remplacer les ressources ainsi perdues par les collectivités locales. Elles auraient pu se servir de ce lien fiscal pour faire de la politique industrielle, mais le gouvernement a préféré leur couper les ailes au moment où l'on parle de réindustrialisation par les territoires.

Beaucoup d'élus locaux n'ont - heureusement pour eux - pas attendu l'État...

N. L. L'agglomération de Dunkerque, qui accueille déjà des premières gigafactories, a été parmi les premières à se débrouiller autrement en mettant au cœur de sa réflexion les liens inter-entreprises identifiés grâce à sa toile industrielle. C'est un bel exemple de coopération inter-acteurs, de « cerveau collectif », qui fait que le territoire réussit aujourd'hui. D'autres agglomérations ou territoires s'appuient sur de tels collectifs. Nous en avons repéré à Tours, Nantes ou Brive-la-Gaillarde. D'autres, en revanche, ne parviennent pas à créer ces synergies comme Dijon que l'on compare parfois à une « Belle endormie ». Si la réindustrialisation est parfois portée par quelques individualités, le regroupement de parties prenantes et la mise en réseau expliquent davantage les succès de reconquête industrielle.

Cette reconquête industrielle sera-t-elle aussi « verte » que le proclame le projet de loi ?

N. L. Nous sommes à la croisée de deux chemins. D'un côté, la politique actuelle met en avant les gigafactories comme celles où seront produites les batteries et dont il est légitime de s'interroger sur la « vertitude », sachant qu'elles consommeront énormément d'eau et enverront un quart de leur production au rebut. De l'autre, l'accent est mis sur les écosystèmes industriels composés de PME en réseaux pour répondre à une demande locale avec des fournisseurs de proximité. Ce modèle, a priori vertueux, bénéficie cependant de beaucoup moins de moyens.

À défaut, va-t-elle faire sa mue écologique ?

N. L. L'industrie a déjà fait sa transition écologique et s'est beaucoup décarbonée depuis vingt ans. Les émissions de gaz à effet de serre ont beaucoup diminué. Les principaux émetteurs français sont désormais le transport, l'immobilier résidentiel et le tertiaire devant l'industrie. Cette moindre intensité en énergie et en matière, déjà avant la guerre en Ukraine, était rentable car moins les entreprises en consommaient, moins cela leur coûtait. Malheureusement, les tensions énergétiques de l'hiver dernier n'ont pas provoqué le changement de modèle de production qu'on aurait pu espérer. Les usines ont surtout cherché à passer la crise en réduisant le chauffage et l'éclairage.

La réglementation environnementale devrait donc être plus ferme ?

N. L. Ce n'est pas la direction qui est prise par le gouvernement et nous pouvons le regretter. Et ce alors que la réglementation peut stimuler l'innovation. 7 milliards d'euros de crédit impôt recherche (CIR) sont accordés chaque année, mais leurs effets sur l'innovation restent à démontrer. Nous pourrions donc assortir le CIR de contraintes supplémentaires sur l'éco-investissement. L'ONG Impact France propose par exemple une éco-conditionnalité des aides. Cela fait sens dès lors qu'il est question d'un nouveau crédit d'impôt.

N'y a-t-il pas une certaine schizophrénie à vouloir une industrie « verte » et à ne pas flécher des moyens vers la lutte contre le dérèglement climatique ?

N. L. Je ne suis pas certaine effectivement que toutes les entreprises, à commencer par Total, aient compris qu'il fallait cette transformation. Son Pdg se dédouane avec des rapports sur ses engagements environnementaux, mais une partie des jeunes informés s'en aperçoivent : Patrick Pouyanné est davantage dans le discours que dans les actions globales. Heureusement, cela bouge un peu dans certains domaines. Par exemple, la loi sur le devoir de vigilance a amené les sociétés mères et les entreprises donneuses d'ordre à être plus attentives aux risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. Il faut néanmoins aller encore plus loin.

Comment ?

N. L. Le marché du carbone ne suffit pas à rendre les entreprises plus vertueuses. Il conduit même à des fuites de carbone à l'étranger, à tel point qu'aujourd'hui, en France, le carbone importé est plus important que le carbone émis par les entreprises implantées sur le territoire national. Il faut en outre éviter de continuer à favoriser l'importation de produits à bas coûts dont les conditions de fabrications ne sont vertueuses ni socialement, ni environnementalement. Le Mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF) qui s'applique uniquement à certaines marchandises dites « simples » comme le ciment, l'acier etc. ne suffit pas, car il ne corrige pas les distorsions de concurrence sur les produits finis ou semi-finis et risque de pénaliser davantage les entreprises européennes. Les projets importants d'intérêt européen commun (PIIEC) sur la santé, l'hydrogène et la batterie qui autorisent les aides d'État s'accompagnent également d'un risque. En effet, à la fin, ce sont les industriels allemands qui risquent d'y gagner le plus car l'Allemagne dispose de plus de moyens que la plupart des autres pays d'Europe pour soutenir ses entreprises. Aussi faudrait-il plus d'harmonisation européenne. J'insiste, mais nous avons distribué 7 milliards d'euros de crédit impôt recherche (CIR) avec un succès mitigé. Et ce sans compter les 170 à 200 milliards d'aides aux entreprises distribués chaque année. Ne pourrions-nous pas les conditionner ? Ce serait bénéfique pour les entreprises et pour les territoires.

Sauf que les acheteurs publics locaux ne sont pas non plus nécessairement formés à l'acquisition responsable...

N. L. Il faut changer la culture des acheteurs et atténuer le principe de la concurrence qui pousse à choisir le moins disant. Trouvons des subterfuges et introduisons des exigences en matière d'émission, par exemple. Pour l'instant, c'est très rarement le cas. Et l'inflation couplée à la baisse des ressources dans les trois fonctions publiques ou le resserrement des budgets dans les grandes entreprises risque de ne pas améliorer les choses.

La division par deux du rythme d'artificialisation des sols d'ici à 2031 avant la zéro artificialisation nette (ZAN) en 2050, n'est-elle pas également un frein de taille ?

N. L. Cela dépend où et comment c'est fait. Beaucoup de zones commerciales sont vides et des entrées de ville pourraient être reconverties de même que certains technicentres de la SNCF qui constituent une belle réserve foncière. Densifier, rapprocher les sites de fabrication des espaces résidentiels a un intérêt économique et écologique. C'est le principe de la « ville productive » qui appelle un changement profond de politique d'aménagement, d'urbanisme et de soutien à l'économie. Autrement dit, il faut davantage de transversalité entre les politiques d'aménagement, les politiques environnementales, les politiques industrielles et les politiques d'urbanisme correspondant à des budgets ministériels en silo dont la mise en cohérence s'accompagne de coûts de coordination énormes. Tant que ces quatre îlots ne seront pas connectés, nous ne saurons pas définir et mettre en œuvre une politique industrielle répondant au défi de la transition écologique. Les réunions interministérielles, c'est bien, mais cela ne suffit pas. Au niveau local, c'est plus facile d'avoir ces coordinations.

D'ailleurs, l'industrie pourrait-elle venir en ville au plus près des logements et des services publics ?

N. L. L'industrie est déjà en ville autour des moyennes et des grandes villes. La notion de « ville productive » remet ce projet au goût du jour. Par exemple, le port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) mène une réflexion sur sa relation à la métropole du Grand Paris et la réhabilitation des infrastructures dans l'écosystème industriel. Avec l'explosion des prix du foncier, nous sommes obligés de nous poser ces questions. C'est seulement ainsi que nous casserons le mouvement de tertiarisation.

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T16

Commentaires 3
à écrit le 26/09/2023 à 8:45
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« C'était la période du tertiaire triomphant. » C'est vrai je m'en souviens parfaitement de tous les cours que j'ai appris qui nous exposaient ce dogme là, le secteur primaire et secondaire étant devenus ringards il fallait que nos mégas riches déloc...

à écrit le 25/09/2023 à 14:00
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"réindustrialisation " nouveau mantra des cercles du pouvoir , de nos ministres et dirigeants sorti tout droit de l'imagination débordante de nos grands communicants !!! encore un de ces concept aux contours flous ...

le 25/09/2023 à 18:04
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Sauf reprise en main par l'Etat, ça risque en effet de rester un mantra, les libéraux et les conservateurs ayant tendance à l'assimiler au mieux à l'inflation, au pire au communisme...

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