La terreur des Juifs de France

Face à la multiplication des actes antisémites, 800 en 21 jours, les autorités sont en alerte. En Île-de-France, Valérie Pécresse veut mieux protéger les établissements scolaires.
Tag antisémite sur l’enceinte du stade Jean-Claude-Mazet à Carcassonne (Aude) dimanche 8 octobre, au lendemain de l’attaque terroriste du Hamas.
Tag antisémite sur l’enceinte du stade Jean-Claude-Mazet à Carcassonne (Aude) dimanche 8 octobre, au lendemain de l’attaque terroriste du Hamas. (Crédits : PHOTOPQR/L'INDEPENDANT/NATHALIE AMEN VALS)

Sur le compte X (ex-Twitter) de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), de jeunes gens racontent l'antisémitisme au quotidien, tel qu'ils le vivent depuis le déclenchement de la guerre entre le Hamas et Israël le 7 octobre. « Sarah sort de cours. Aux toilettes du 14 e étage de Tolbiac, il y a écrit "Mort aux Juifs". » « Dans un Uber, Samuel parle du conflit. Il s'inquiète de l'avenir des Juifs dans les universités. Le chauffeur s'arrête. Il demande à Samuel de descendre. » Ou enfin Karen. Un couple de personnes âgées qui habite près de chez elle est sous le choc. On a brûlé leur porte d'entrée. Leur mezouza (objet de culte fixé sur le chambranle de l'entrée) était visible. Karen décide pour la première fois de sa vie de retirer la sienne.

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Selon les derniers relevés du ministère de l'Intérieur, plus de 800 actes antisémites ont été recensés sur le territoire national depuis le 7 octobre. Du jamais-vu, notamment en Île-de-France. Interrogée par La Tribune Dimanche, la présidente (LR) de la Région, Valérie Pécresse, déclare : « Il n'y a jamais eu autant d'actes recensés. J'ai réuni les représentants des différentes communautés et écoles juives d'Île-de-France. Il y a un véritable besoin de sécuriser les lieux de culte et les écoles, mais aussi désormais une peur d'être agressé chez soi. »

 Samuel Lejoyeux, le président de l'UEJF, est lui aussi frappé par ce qu'il appelle cet « antisémitisme du quotidien ». « Dans ce que nous avons recueilli, détaille-t-il, nous sommes davantage dans des propos anti-Juifs qu'anti-Israël. Il y a une atmosphère d'inquiétude, d'angoisse généralisée. C'est pernicieux, insupportable. » Il rappelle une enquête effectuée par l'Ifop pour l'UEJF le mois dernier : 89 % des étudiants juifs ont déjà été victimes de remarques véhiculant des stéréotypes sur les Juifs. Près de la moitié, d'injures antisémites.

Pour la sécurité de tous les établissements scolaires, juifs ou non, je demande leur floutage sur Google

Valérie Pécresse

Richard Prasquier était à la tête du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif ) au moment de l'assassinat par Mohammed Merah de trois enfants juifs et du père de deux d'entre eux devant l'école juive Ozar Hatorah. Onze ans après les faits, il se désespère : « Toulouse n'a servi à rien. Quand on voit qu'un massacre aussi ignoble que celui du 7 octobre débouche sur le fait que des gens, y compris des personnalités politiques, trouvent le moyen de donner des explications "politiques" à une pareille horreur... Le choc dans la communauté juive, ce sont évidemment ces crimes abominables mais aussi le fait de se rendre compte qu'une partie de la population française fait très peu de cas de ce qui s'est passé et renvoie dos à dos Israël et le Hamas. » L'ancien médecin, âgé de 78 ans, souligne aussi la violence des propos antisémites qui circulent sur les réseaux sociaux, « autre choc pour la communauté ».

Face à ces angoisses, les autorités ont pris des mesures sécuritaires. En Île-de-France, Valérie Pécresse en souhaite d'autres. « Pour la sécurité de tous les établissements scolaires, juifs ou non, je demande leur floutage sur Google pour ne pas aider aux intrusions terroristes qui se serviraient des images pour des repérages. » Mais la présidente de Région appelle aussi à faire de la pédagogie. « Nous sommes la région d'Europe qui concentre les plus grandes communautés juives et musulmanes. Il faudra avoir le courage d'aller dans les écoles, les collèges, les lycées et les universités pour expliquer et apaiser. » De leur côté, des étudiants de l'UEJF reconstituent des sections, comme à la Sorbonne. « Il y a des Juifs qui se battent », reprend Samuel Lejoyeux.

Ce courage-là, Arlette Testyler, 90 ans, n'en manque pas. Cette dame fait partie des dernières survivantes de la rafle du Vél' d'Hiv' en 1942. Depuis des années, elle part à la rencontre de collégiens et de lycéens pour raconter son histoire et l'horreur de la Shoah. Elle aussi décrit cette peur généralisée. Poursuivra-t-elle ces rencontres après les vacances de la Toussaint ? « J'espère bien ! Je fais passer un message de paix, de réconciliation. Mais je ne suis pas non plus du genre à me laisser faire ni à me dégonfler. »

Commentaire 1
à écrit le 29/10/2023 à 11:42
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Bonjour, personnellement je regrette que les fracture internationale se reporte dans les tentions dans notre pays... Mr le président devrait surveiller cette affaire de très prêt, car certains individus agissent afin de développer la confrontation.....

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