Lâchée par Paris sur la transformation de la gare du Nord, la SNCF craint des années de délai

Après la lettre publiée sur Lemonde.fr ce matin de deux élus parisiens s'opposant au projet de transformation de la gare du Nord, Guillaume Pepy, le patron de la SNCF, n'a pas tardé à réagir. Selon lui, l'ouverture de la première gare d'Europe, initialement prévue en 2023, pourrait être reportée à 2027-2028.
Le projet porté par la SNCF doit être revu et les surfaces commerciales substantiellement diminuées, ont estimé les élus parisiens dans leur lettre publié sur le site du Monde.
"Le projet porté par la SNCF doit être revu et les surfaces commerciales substantiellement diminuées", ont estimé les élus parisiens dans leur lettre publié sur le site du "Monde". (Crédits : Valode & Pistre)

Guillaume Pepy, patron de la SNCF, a regretté mardi un "revirement" de la part de la Mairie de Paris, qui a retiré son soutien au projet de transformation de la gare du Nord, et pointé le risque d'un report de plusieurs années.

"J'ai l'impression que cela sonne comme un revirement. Personne ne le comprend très bien", a déploré M. Pepy dans un entretien accordé à l'AFP.

"Avec le projet actuel, on ouvre fin 2023. Repartir à zéro, c'est trois à cinq ans pour construire le projet, faire les concertations, trouver le financement, puis deux à trois ans de travaux. On se retrouve en 2027, 2028... Ce n'est pas raisonnable pour la première gare d'Europe", a-t-il ajouté.

Dans une tribune au Monde, la mairie de Paris a indiqué mardi matin qu'elle ne serait "pas aux côtés de la SNCF pour défendre le projet commercial".

"Le projet porté par la SNCF doit être revu et les surfaces commerciales substantiellement diminuées", ont estimé la maire du 10e arrondissement, où se situe la gare du Nord, Alexandra Cordebard, et l'adjoint à la mairie de Paris, Jean-Louis Missika.

La Ville veut un projet plus simple

Les deux élus proposent un "projet moins complexe, moins dense, respectueux du patrimoine ancien et moderne, entièrement consacré au confort des voyageurs" et porté par un financement public.

Ils reprennent notamment les arguments d'un collectif d'une vingtaine d'urbanistes dont Jean Nouvel et Roland Castro qui avaient critiqué début septembre un projet "inacceptable" qualifié de "grave erreur urbaine". La ville soutenait pourtant jusqu'ici le projet qui avait même reçu un avis favorable en juillet dernier, du Conseil de Paris.

"On nous explique tout d'un coup qu'il faut repartir à zéro avec un autre projet, avec un financement par le contribuable. C'est nouveau. Sur le projet actuel, la Ville, la Région, l'Etat mettent zéro : ce sont les commerces par leurs loyers qui permettent de financer les travaux", regrette M. Pepy.

Conflit sur le volet commercial

Le volet commercial semble être au cœur des réticences dans ce projet de transformation.

C'est sur cette question que fin juin, la Commission départementale d'aménagement commercial (CDAC), avait rendu un avis défavorable sur l'extension de l'ensemble commercial, suspendant la délivrance du permis de construire. Pour l'obtenir, le projet doit désormais passer devant la commission nationale d'aménagement commercial qui rendra son avis le 10 octobre.

Cette extension est au cœur de la transformation de la gare du Nord, projet gigantesque qui doit être mené à bien d'ici 2024 pour les Jeux olympiques de Paris. "Une gare, c'est d'abord une gare", martèle Guillaume Pepy, rejetant l'idée que la gare du Nord devienne "un centre commercial".

Le confort des voyageurs, une priorité selon Pepy

S'appuyant sur le modèle des gares rénovées de Saint-Lazare et Montparnasse, M. Pepy assure avoir "mis le paquet sur le confort des voyageurs".

"Le parvis devant la gare va devenir piétonnier, il y aura une station pour 2.000 vélos contre zéro aujourd'hui. On multiplie les escaliers mécaniques et les ascenseurs par deux. Tous les temps de parcours dans la gare sont réduits", détaille le patron de la SNCF.

Selon les chiffres de l'entreprise ferroviaire, la surface commerciale de la future gare du Nord représentera 63 mètres carrés par million de voyageurs contre 77 à Saint-Lazare ou 121 à Montparnasse.

Lire aussi : Le triplement de la surface de la gare du Nord soumis au débat public

Menée par une coentreprise entre Auchan, via sa foncière Ceetrus (66%), et SNCF Gares & Connexions (34%), la restructuration de la gare du Nord doit permettre, pour 600 millions d'euros, de "multiplier par deux l'espace public, de 3 à 6 hectares", selon M. Pepy.

Au-delà des commerces de la vie quotidienne, le projet prévoit notamment plusieurs aménagements culturels et de loisirs comme une médiathèque, une salle de concert et même une piste d'un kilomètre pour courir sur le toit de la nouvelle aile, autour de terrasses arborées.

Commentaires 15
à écrit le 06/01/2020 à 17:33
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La seule motivation du promoter est la creation de surfaces commerciales. La logique est que l'accès aux se face systématiquement à travers les surfaces commerciales.

à écrit le 07/12/2019 à 17:55
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Quelle lâcheté cette maire ! Elle semblait ravie et tout à coup ...quelles voix attend elle ? Celle des petits vendeurs de Marlboro ? Celle de ceux qui pissent partout autour de la Gare ? Celle des mono commerçants qui exploitent leur personnel ? Cel...

à écrit le 02/10/2019 à 17:08
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Un collectif d'urbanistes qui se sont positionnés contre le projet existant... Sont-ils motivés par la seule défense de leurs convictions urbanistiques ou par l'espoir de voir se constituer un autre tour de table pour un nouveau projet dont ils sera...

à écrit le 02/10/2019 à 11:15
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Ces grands temples de la consommation doivent cesser, ultras polluants, ne se reposant que sur l'achat compulsif ils ne sont plus dans l'air du temps. ""Une gare, c'est d'abord une gare"" Et quand on manque totalement d'argument il vaut mieux...

à écrit le 02/10/2019 à 10:46
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Si je comprends bien , pour des raisons politiques ou tout simplement d'égo ( je n'y connais rien mais je fais du bruit histoire de me faire connaître ), le projet sera effectué mais avec des années de retard et un surcout incroyable pour la colle...

à écrit le 02/10/2019 à 9:37
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En quoi la mairie de Paris est elle compétente pour donner son avis et surtout bloquer l'aménagement intérieur d'une gare SNCF? On marche sur la tête dans ce pays et on aime ça.

le 02/10/2019 à 10:41
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@jkl Transports publics financés à hauteur de 66% par Auchan ? Intérêts pour les voyageurs ou pour leurs portemonnaies ? La Gare de l'Est vient de subir un gros réaménagement commercial. La malbouffe s'y est un peu trop installée à mon avis ! Ce...

à écrit le 02/10/2019 à 7:45
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Connaissez-vous un chantier d'envergure livre en temps et en heure en France depuis 30 ans ? Rien ne sera pret pour les jeux du cirque a venir.

à écrit le 01/10/2019 à 20:08
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La mairie de Paris est vraiment une planche pourrie. D'abord hostile à l'interdiction des vieux véhicules (ZCR), elle y est devenue très favorable. Hostile à l'ouverture des magasins le dimanche, puis favorable. Contre la création d'une police munici...

le 02/10/2019 à 0:00
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Vous pouvez aussi rajouter qu'Hidalgo était aussi opposée à l'organisation des jeux olympiques à Paris et puis un beau matin, elle en est devenue la plus fervente partisane.

à écrit le 01/10/2019 à 18:09
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Est-ce que la Ville de Paris embarrasse des autres pour prendre ses décisions? Fermeture à la circulation, aménagement....

à écrit le 01/10/2019 à 14:24
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Si c'est le gouvernement qui gère directement la SNCF, à quoi bon un conseil d'administration? La SNCF a-t-elle versé un dividende au titre de 2018?2

le 01/10/2019 à 17:01
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Tout d'abord, la SNCF n'a pas de conseil d'administration mais un conseil de surveillance et un directoire. Demain cela sera encore plus le cas avec le fait d'être une SA (d'autres prérogatives). Source: site de la SNCF Ensuite, non la SNCF ne ver...

le 01/10/2019 à 18:17
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En 2019 au titre des dividendes, l'état actionnaire à 100% de la SNCF, cette dernière a versé 537 millions d'Euro à l'état soit 30% de son résultat net. Depuis 2007 la SNCF doit reverser 30% de son résultat net à l'état. De 2007 à 2012 l'état a récup...

le 01/10/2019 à 22:40
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@tibo: oui! Bon! Je m:e suis laissé emporter: quand on parle de Paris, on pense plus souvent gouvernement que municipalité. Par ailleurs, M. PEPY est souvent cité comme président de la SNCF; peu importe que ce soit un conseil de surveillance ou d'adm...

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