Le Brexit tombe mal pour le tourisme français

La sortie programmée du Royaume-Uni de l'Union européenne devrait s'accompagner d'une chute de la livre sterling. Le pouvoir d'achat des touristes britanniques devrait en pâtir.
Fabien Piliu
Espérons pour les supporters anglais qu'ils auront pris la précaution de convertir leurs livres en euros avant les résultats du vote sur le maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne

Les supporters des trois équipes du Royaume-Uni encore en lice dans l'euro 2016 sont-ils des gens prévoyants ? Ont-ils pris soin de convertir leurs livres sterlings contre des euros avant de venir assister aux matchs de l'Euro 2016 ? Il faut leur souhaiter. La chute de la livre sterling, consécutive à la sortie programmée du Royaume-Uni de l'Union européenne, est en effet de nature à renchérir le coût de leurs séjours. Plus globalement, elle devrait compromettre les projets de vacances des moins fortunés d'entre eux dans les pays de la zone euro. En France tout particulièrement. A la mi-journée, la monnaie britannique cédait près de 6% face à l'euro.

Ils devraient être déçus. Ce ne devrait pas être les seuls. En effet, les contingents de touristes en provenance du Royaume-Uni sont très importants

Moins de pouvoir d'achat

Selon l'Association des agences de voyages britanniques (Abta), qui a commandé un rapport intitulé " Quelles conséquences d'un Brexit sur le secteur touristique britannique ? ", la France est en effet la seconde destination des Britanniques derrière l'Espagne, avec 6 millions de visiteurs en 2014.

En amputant leur pouvoir d'achat hors de leurs frontières, les touristes britanniques pourraient déserter l'Hexagone. Quant à ceux qui ont maintenu leur projet de vacances, le risque d'une baisse de leurs dépenses sur place est important. Plusieurs estimations sur l'impact économique d'une sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne circulent déjà.

Des effets sur les prix des billets

Selon les partisans du " Remain ", le coût supplémentaire, pour une famille de quatre personnes, de huit jours de vacances dans un autre pays de l'Union européenne si le Royaume décidait de la quitter s'élèverait à 291 euros. Ce n'est pas le seul surcoût provoqué par le Brexit. Les touristes doivent également s'attendre à une hausse du prix des billets des compagnies britanniques à bas coûts, qui ont chuté depuis l'entrée en vigueur des accords de ciel ouvert en 1992. En effet, à cause du Brexit, les compagnies aériennes, parmi lesquelles Easyjet et Ryanair devront renégocier leurs autorisations de vol avec chacun des pays membres.

Les professionnels devraient faire grise mine

Pour le secteur français tu tourisme, le Brexit tombe mal. L'Hexagone souffre de la concurrence des pays à bas coût. C'est notamment le cas des pays du Maghreb, durement touchés par les attentats terroristes, et depuis quelques années des pays de l'Adriatique.

C'est pour permettre à la France de conserver son rang de première destination mondiale pour les touristes que le gouvernement a décidé d'agir. La stratégie " pour un tourisme français leader mondial " a été présentée en juin 2015. Elle est ambitieuse.

" Dans un secteur de plus en plus concurrentiel, et alors que le nombre de touristes dans le monde va passer d'1 milliard  à 2 milliards en 2030, il convient de s'adapter, de corriger nos insuffisances et d'anticiper les évolutions. Les assises du tourisme qui se sont tenues en 2014 ont été l'occasion de fixer plusieurs objectifs afin que le tourisme français devienne leader au niveau mondial. Si la France double son nombre de visiteurs et donc son excédent dans la balance des services, cela permettrait de réduire notre déficit du commerce extérieur de 20% ", expliquait le Quai d'Orsay avant le Brexit, tout en espérant attirer 100 millions de touristes en 2020.

Le gouvernement a du pain sur la planche

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement a lancé en octobre 2015 la création d'une plate-forme d'investissements dont l'objectif est de réunir un milliard d'euros sur cinq ans pour favoriser l'investissement dans la filière touristique. S'il veut que les touristes britanniques continuent à visiter les régions françaises, le gouvernement devra probablement imaginer d'autres solutions.

Fabien Piliu
Commentaires 3
à écrit le 24/06/2016 à 16:05
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facile d'utiliser le conditionnel sans se mouiller! Et si la GB après un petit creux normal, remonte au top des pays européens ?...les médias diront que c'est miraculeux?.. N'oublions pas qu'eux, ils n'ont pas Hollande!..

le 24/06/2016 à 16:46
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@calumet Livre dévaluée = pouvoir d'achat réduit. Incertitudes= investissements reportés. Plus d'acces au marché interieur= nouvelle reduction du pouvoir d'achat. Alors l'avenir radieux, faudra expliquer ou il se trouve.

le 25/06/2016 à 12:14
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@KidA: pas certain du tout. Des pays adoptent sciemment la dévaluation de leur monnaie pour devenir plus concurrentiel. Un investissment est le fruit de plusieurs années de réflexion et si report il y a , ce sera sur les prochains investissements.......

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