Le commerce extérieur a plombé la croissance en 2019

Le commerce extérieur a ôté 0,2 point à la croissance en 2019 malgré la réduction du déficit commercial.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

Le commerce extérieur reste un point noir de l'économie française. Malgré une réduction du déficit commercial en 2019, les échanges de biens et services ont continué de peser sur le produit intérieur brut (PIB) l'année dernière. Selon des chiffres dévoilés ce lundi 10 février dans le rapport annuel de la direction générale du Trésor (DGT), la contribution du commerce extérieur à la croissance serait négative en 2019 (-0,2 point) alors qu'elle était positive en 2018 (+0,7 point). Ces mauvais résultats pour 2019 indiquent que, hormis quelques secteurs solides tels que l'aéronautique ou la construction navale, l'appareil exportateur demeure fragile.

> Lire aussi : Le déficit commercial s'est réduit en 2019 malgré les tensions

2018 reste une exception

L'examen sur plusieurs années des résultats enregistrés par les douanes montre que depuis 2013 le commerce extérieur a contribué de manière négative à l'activité (en moyenne de -0,1 point entre 2013 et 2017). 2018 reste avant tout une année exceptionnelle au regard de ces chiffres. Les auteurs du rapports notent que l'embellie des résultats du commerce extérieur observée en 2018 s'explique par des évolutions sectorielles spécifiques. En premier lieu, le solde des services a contribué de manière très favorable à la valeur ajoutée en 2018 (+0,4 point après -0,1 point en moyenne entre 2013 et 2017). Le secteur du tourisme a retrouvé des couleurs "après deux années de contribution négative à la suite des attentats". L'énergie et l'agriculture ont également été des moteurs dans les résultats positifs en 2018 après des années plus moroses : "les mauvaises récoltes de 2016 ont grevé les exportations en 2016 et 2017, et les importations d'énergie ont été modérées en 2018 du fait de températures clémentes". En outre, la baisse de la demande intérieure a contribué à ralentir les importations comme l'expliquait l'économiste, Alexandre Mirlicourtois, du cabinet Xerfi.

"La contribution positive du commerce extérieur en 2018 ne doit pas faire illusion. C'est juste une histoire de circonstances liée à l'écrasement de la demande intérieure, ce qui a freiné les importations alors que la croissance eurolandaise restait encore assez robuste pour permettre aux exportations de progresser encore. Ce décalage conjoncturel ayant disparu, retour à la tendance de fond : celui d'un commerce extérieur qui plombe l'économie française depuis plus de 20 ans."

Sur le front des biens manufacturés, quelques secteurs ont tiré leur épingle du jeu. La livraison de grands paquebots et Rafale ont permis à la construction navale et à l'aéronautique de connaître des résultats plus favorables."Le secteur aéronautique avait pâti de problèmes d'approvisionnement en 2014 et 2015, qui avaient pesé sur les exportations"précise le rapport.

Des turbulences en perspective

Tensions protectionnistes, négociations sur le Brexit, coronavirus, réchauffement climatique...les entreprises exportatrices hexagonales doivent faire face à de nombreux défis. Même si les Etats-Unis et la Chine ont signé un accord préliminaire en janvier dans le cadre de la guerre commerciale, il s'agit surtout d'une trêve aux yeux de plusieurs économistes. Les autorités chinoises se sont engagées à importer pour 200 milliards de dollars de produits supplémentaires, notamment agricoles et manufacturiers.

Entre temps, le coronavirus a pris de l'ampleur. Plusieurs dizaines de villes ont été mises en quarantaine, des usines ont stoppé leur production, de nombreux vols ont été annulés et la population vit dans une angoisse permanente affectant la consommation de la seconde puissance économique mondiale. S'il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences économiques de cette crise sanitaire, les chaînes d'approvisionnement pourraient être affectées pour de nombreuses industries manufacturières en Europe.

En France, les répercussions les plus visibles devraient d'abord concerner le tourisme. Plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs vols en provenance et à destination de la Chine. Les Chinois figurent à la première place du classement des clientèles internationales en matières d'achats de biens durables (265 millions d'euros) en région parisienne en 2018 selon des chiffres du comité régional du tourisme rapportés dans une étude de la CCI Paris-Ile-de-France. Une baisse drastique du nombre de touristes chinois pourrait avoir des répercussions très rapides sur l'industrie du tourisme.

> Lire aussi : Coronavirus : l'économie chinoise asphyxiée, l'activité mondiale menacée

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 12/02/2020 à 11:04
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le déficit commercial n'est que le résultat de la désindustrialisation, conséquence directe des prélèvements (50% du PIB) d'un Etat obèse, idéologue et incompétent. Renault ne fabrique plus qu'une voiture sur cinq en France pour lui échapper. Mais Ma...

à écrit le 12/02/2020 à 8:48
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Le CICE et la baisse de charge qui l'a remplacé n"est qu'un tout petit pas dans la bonne direction, il faut aller beaucoup plus loin pour restaurer une compétitivité-coût correcte. Même si ça doit se faire au prix d'une baisse des salaires directs (q...

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