Bercy a identifié « au moins 10 milliards d'euros d'économies » pour redresser les finances publiques françaises

Le gouvernement organise ce lundi des assises des finances publiques qui mettront en exergue les milliards d'euros d'économies nécessaires pour permettre à la France de redresser des comptes dégradés par les crises successives. D'après Bruno Le Maire, ces économies devront être trouvées notamment dans la santé et le travail. Les présidents des associations des maires et des Régions de France, David Lisnard et Carole Delga, ont décliné l'invitation. Ils ont notamment dénoncé dimanche le « jeu de dupes » et « l'incohérence » de l'exécutif.
Le gouvernement entend maintenant réaffirmer son sérieux budgétaire à l'occasion des assises des finances publiques organisées à Bercy.
Le gouvernement entend maintenant réaffirmer son sérieux budgétaire à l'occasion des assises des finances publiques organisées à Bercy. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Le quoi qu'il en coûte semble déjà appartenir à l'histoire. Après avoir été soulagé de ne pas avoir vu sa note dégradé par l'agence S&P Global, le gouvernement entend maintenant réaffirmer son sérieux budgétaire à l'occasion des assises des finances publiques organisées à Bercy à l'initiative du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire et de son collègue chargé des Comptes publics Gabriel Attal. Le tout en présence de la Première ministre Elisabeth Borne.

Lire aussiBudget : Les assises des finances publiques, pour quoi faire ?

Ce matin, en ouvrant les Assises, Bruno Le Maire a annoncé avoir identifié « au moins 10 milliards d'euros d'économies » pour permettre un redressement des comptes publics d'ici 2027. D'après le ministre de l'Economie, ces milliards devront être trouvés sur la santé, les aides au logement et à l'emploi ainsi que la fin progressive des avantages fiscaux pour les énergies fossiles.

Réduire à 108,3% du PIB en 2027 le lourd endettement du pays

L'enjeu de ces économies : contribuer à accélérer le redressement financier de la France, selon une trajectoire présentée en avril par le gouvernement. Il s'agit de réduire à 108,3% du PIB en 2027 le lourd endettement du pays (contre 111,6% fin 2022), qui le range du côté des mauvais élèves européens, et de ramener sous l'objectif européen de 3% le déficit public (4,7% fin 2022).

Pour revenir dans les clous, le gouvernement entend réduire la dépense publique à 53,5% du PIB en 2027, contre 57,5% en 2022.  Il table sur la fin du bouclier énergétique, les gains des réformes comme celles des retraites ou de l'assurance-chômage, le plein-emploi ou encore une croissance de l'économie qu'il anticipe plus dynamique, après un coup de frein en 2023.

Des marges de manœuvre étroites

Ces mesures sont jugées d'autant plus nécessaires que l'environnement économique se durcit. Suspendues durant le Covid, les règles budgétaires européennes s'appliqueront en effet à nouveau l'an prochain et la forte remontée des taux d'intérêt alourdit significativement la charge de la dette, qui pourrait devenir le premier poste de dépenses de l'Etat, dans un contexte de ralentissement de la croissance. Déjà, l'exécutif occupe le terrain sur le front des annonces. Chiffré à 2 milliards d'euros annuels, un coup de rabot est porté au soutien public pour le secteur immobilier, jugé inefficace et trop coûteux. L'exécutif a aussi gelé 1% supplémentaire des crédits du budget 2023 et demandé aux ministères de dégager 5% en 2024 notamment pour financer la transition énergétique. Il souhaite également supprimer des avantages fiscaux sur les énergies fossiles et évoque une réduction des aides à l'emploi.

Mais entre refus d'augmenter les impôts et tension sociale, avec le pouvoir d'achat au centre des préoccupations face à une inflation élevée, les marges de manœuvre sont étroites, estiment des économistes. « On peut toujours trouver plein d'économies à faire », mais « politiquement et socialement, cela sera très difficile », souligne François Ecalle, président du site spécialisé Fipeco. La récente promesse d'une réduction d'impôts de 2 milliards d'euros pour les classes moyennes et la nouvelle revalorisation du traitement des fonctionnaires témoignent de la difficulté de serrer la vis.

Les associations d'élus locaux boudent la réunion

Outre des discours ministériels, des tables rondes figurent au programme lundi avec une intervention de Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes qui rappelle régulièrement l'exécutif à l'ordre en matière de finances publiques.

Les trois principales associations d'élus locaux, en désaccord avec l'analyse de la situation, ont décidé de bouder l'événement. Les présidents des associations des maires et des Régions de France, David Lisnard et Carole Delga, ont notamment dénoncé dimanche le « jeu de dupes » et « l'incohérence » de l'exécutif. « Notre participation aurait été incohérente vis-à-vis des communes et des habitants, voire insincère. (...) », a expliqué au JDD.fr David Lisnard, maire (LR) de Cannes.

« Je ne voulais pas me prêter à ce jeu de dupes où chacun a trois minutes de temps de parole, avec des passages en revue inefficaces », a souligné Carlole Delga, présidente (PS) de la Région Occitanie. « Bercy nous demande de diminuer d'un tiers la dette locale. Comment ? », s'interroge le maire de Cannes observant « qu'en quinze ans, on nous a supprimé trois fiscalités locales (la taxe professionnelle, la taxe d'habitation et la CVAE) ». Les deux élus affirment être victime d'une forme d'effet ciseau, avec des dépenses en hausse, et des recettes qui ne progressent même pas au rythme de l'inflation : « il n'y a pas une journée sans une séquence de com' du pouvoir avec une dépense qui doit être assumée par les autres. Le plan eau ? Le plan vélo ? C'est à nous d'assumer », critique ainsi David Lisnard. « Cette incohérence de l'exécutif alimente la crise civique. Nous n'y comprenons plus rien et les habitants non plus ».

Les deux exhortent donc l'exécutif à « restaurer les libertés locales », « avec un nouvel élan de décentralisation qui ne soit pas du vent ». Carole Delga appelle à « sortir d'un système vertical et descendant pour un système transversal, qui part du terrain ». Bercy a toutefois assuré que la porte du dialogue restait « ouverte ».

La Collectivité européenne d'Alsace clôture l'exercice 2022 avec un excédent budgétaire qui suscite des interrogations

La Collectivité européenne d'Alsace (CEA) a clôturé l'exercice 2022 avec un excédent budgétaire de 261,9 millions d'euros, qui suscite des critiques mais témoigne surtout de la prudence des départements face au manque de maîtrise de leurs ressources financières. Cette manne inédite, particulièrement en période d'inflation et d'explosion des coûts énergétiques, va lui permettre de réduire son endettement pour la troisième année consécutive et de ne pas avoir recours au crédit en 2023. Cet argent disponible irrite l'opposition, qui estime que le département, en charge des politiques sociales (exclusion, pauvreté, personnes âgées, enfance, handicap), aurait dû l'utiliser pour renforcer l'accompagnement des plus fragiles. « On a 15.000 personnes sans ressources en Alsace, pour lesquelles le département ne déploie pas d'action particulière, notamment contre le non-recours au RSA », déplore Florian Kobryn, président du groupe Alsace écologiste, citoyenne et solidaire au Conseil départemental. Face à cette manne et considérant l'inflation, les syndicats réclament eux des hausses de salaires pour les 6.000 agents de la CEA. « On avait demandé une compensation pour les oubliés du Ségur, par exemple les secrétaires médico-sociales, ça a été refusé », regrette Nathalie Reynard, déléguée CFDT.

« Plutôt fourmi que cigale », Frédéric Bierry, président (LR) du Conseil départemental, insiste sur l'importance d'être « prudent » alors qu'il anticipe une hausse prochaine des dépenses sociales et une baisse des recettes. Pour Robert Hertzog, président honoraire de la Société Française de Finances Publiques, cette situation révèle surtout les « défauts du système » de financement des départements qui « assurent des dépenses sociales qu'ils maîtrisent peu, elles dépendent par exemple du nombre de personnes qui réclament le RSA, selon la conjoncture ». Conséquence : « Ils ont donc besoin de pouvoir ajuster leurs ressources en fonction des circonstances, mais ils n'ont pas cette maîtrise. Alors ils constituent des matelas de réserve, au cas où ».

 (Avec AFP)

Commentaires 33
à écrit le 19/06/2023 à 20:30
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L´article sur l´Alsace est édifiant : la gauche voyant apparaître un excèdent, alors qu´il y a une montagne de dettes en parallèle, réclame de suite de le dilapider. Mais sur le fond : Macron ne se lance pas dans des projets long terme qui rapportent...

à écrit le 19/06/2023 à 17:11
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Les 10 mia suffit tout juste pour payer une augmentation des intérêts sur la dette de 0.50 %. Le problème est que les intérêts ont augmenté de près de 3 % entre 2022 et 2023, donc 6 x plus!!!! Bien essayé..... mais toujours insuffisant.

à écrit le 19/06/2023 à 16:50
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si les ménages se géraient comme beaucoup de collectivités locales nous serions tous en faillite , la seule réponse à tout nouveau problème est une augmentation de la fiscalité locale ; je salue la bonne gestion de la communauté européenne d'alsace ...

à écrit le 19/06/2023 à 16:50
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si les ménages se géraient comme beaucoup de collectivités locales nous serions tous en faillite , la seule réponse à tout nouveau problème est une augmentation de la fiscalité locale ; je salue la bonne gestion de la communauté européenne d'alsace ...

à écrit le 19/06/2023 à 15:32
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On va être clair : BERCY a identifié 10 milliards d'efforts ciblant surtout les moins aisés... Les plus aisés (son électorat) étant exonérés des efforts. Qui veut prendre les paris avec moi ? Déjà, en douce, le taux de remboursement des soins dent...

le 19/06/2023 à 16:41
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Sur le site AMELI le taux de remboursement est toujours de 70 %. Vous omettez de dire qu'il y a une prise en charge à 100 % des prothèses dentaires.

le 19/06/2023 à 17:17
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@Marc469 "Sur le site AMELI le taux de remboursement est toujours de 70 %." Logique puisque cette mesure s"appliquera en octobre 2023.

à écrit le 19/06/2023 à 15:03
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10 /3000 milliards. C est le " au moins " qui est le plus drôle

le 19/06/2023 à 16:42
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Vous confondez budget et dette !

à écrit le 19/06/2023 à 14:51
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Seule la region Alsace a compris. En temps dacile on economise et en temps difficile on fait avec ce que l'on a pu economiser. Les autres types de politiciens sont dzs profiteurs.

à écrit le 19/06/2023 à 14:51
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Je n'ai aucune dans la gestion des communes et des communautés de communes. Les investissements fantaisistes (genre rond-point) et caméras de surveillance dont les malfrats se moquent, en sont un bel exemple. Également, les maires sont trop nombreu...

à écrit le 19/06/2023 à 14:32
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mais ne propose toujours rien sur le train de vie de l'etat et son trop d'elus? J'habite face un une hotel communautaire QUEL GACHIS !!!!!

à écrit le 19/06/2023 à 14:20
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15 milliards ? Ce n'est pas ce que coûtent les emprunts Macron/Lemaire indexés sur l'inflation ? Qui parle de bonne gestion ?

le 19/06/2023 à 16:45
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Les emprunts indexés sur l'inflation ont été souscrits par ses prédécesseurs de Macron. Le gouvernement ne fait qu'en respecter les clauses.

le 19/06/2023 à 17:25
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@marc 469 "Les emprunts indexés sur l'inflation ont été souscrits par ses prédécesseurs de Macron" Bercy a émis mardi ses premières obligations à 30 ans indexées sur l'inflation de la zone euro depuis 2016.Il s'agit de la quatrième opération de...

à écrit le 19/06/2023 à 13:45
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Je vois un problème qui perdure dans la doctrine de gestion des finances publiques. Admettons que le pays est à la fois un client et fournisseur pour entreprise : le pays fournit des services (infrastructures, administrations, niveau de formation, sé...

à écrit le 19/06/2023 à 13:43
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Toutes les économies annoncés ont bienvenues mais bien insuffisantes. L'administration de la santé et de l'éducation nationale ont plus d'employés administratifs que dans tous les autres pays européens. La police et la gendarmerie sont aussi trop gar...

le 19/06/2023 à 14:06
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Oui, mais tous ceux sont des electeurs indispensables. Ici ils s'appellent ca clientelisme, d'ailleurs simplement de corruption (passive).

le 19/06/2023 à 16:47
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Vois croyez qu'en légalisant la cannabis vous allez arrêter les trafics ? Il y a bien d'autres substances encore plus nocives et particulièrement tous les nouveaux produits de synthèse.

à écrit le 19/06/2023 à 13:03
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Les Crises, ils en sont en grande partie responsable. Beaucoup auraient pu être évité avec un peu d'anticipation et de bon sens. 10 milliards c'est bien sur 3000 ! Garderons nous le AA- ?

à écrit le 19/06/2023 à 12:35
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Pour la santé, c'est vite trouvé. L'arrêt des tests anticovid (PCR systématiquement remboursés) rapportera 6 ou 7 milliards. Certaines personnes se sont vantées d'avoir fait 50 tests, histoire de continuer à voyager et visiter pays, amis et parents s...

à écrit le 19/06/2023 à 12:28
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Dommage que vous réduisez toujours les ventes qui coûtent peu aux plus pauvres pour garder vos trains de vie de présidents premiers ministres et ministres, membres des assembles nationales europeennes et sentzurs et les avantages à vie qui vont avec ...

le 19/06/2023 à 16:57
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Il y a davantage de gâchis par les collectivités locales, pléthore de personnel qui travaille plutôt 32 heures au lie des 35 avec des jours de congés supplémentaires et un taux d’absentéisme important.

à écrit le 19/06/2023 à 11:23
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La dette de la France est détenue en partie ....par les français eux mêmes. Quand la France emprunte elle émet des bons du trésor ou OAT obligation assimilée au trésor que les investisseurs institutionnels ; banques, assureurs, caisses de retraite ac...

le 19/06/2023 à 14:47
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Hélas, non. La dette française est détenue environ à 50% par des agents étrangers. Et comme elle est libellée dans une monnaie (l'Euro) sur laquelle notre pays n'a pas de souveraineté...

à écrit le 19/06/2023 à 10:50
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La France, plus particulièrement ses gouvernants, est malade, depuis la nuit des temps, de son gaspillage exacerbé par l'hypercentralisation de la décision. Sans doute est-ce du en partie par la carence de l'Education Nationale en matière d'apprentis...

le 19/06/2023 à 12:20
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Une décentralisation poussée, notamment vers les collectivités territoriales, ne me paraît pas être une garantie d'un gaspillage moins exacerbé. Les col-loc ne sont pas connues pour être exemplaires en matière de gestion :doubles comptes à tous les n...

à écrit le 19/06/2023 à 10:24
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Sur les collectivités locales, le gouvernement serait bien avisé de supprimer la taxe foncière et de créer un nouvel impôt à destination des collectivités locales afin que chaque citoyen résidant en ces lieux participe au budget directement. Aujourd'...

à écrit le 19/06/2023 à 8:49
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Supprimez l'ARENH et ainsi EDF redeviendra bénéficiaire et pourra verser des dividendes à son unique actionnaire, l'Etat.

à écrit le 19/06/2023 à 8:13
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Ben déjà ce serait bien qu'il arrête de les jeter par la fenêtre les milliards ! Les gars ils creusent un trou de plus en plus gros dans la coque et s'étonnent que le bateau coule.

le 19/06/2023 à 11:27
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L'argent jeté par les fenêtres profites à une minorité loin d'êtres parmi les plus nécessiteux , plus précisément ceux proches des cercles du pouvoir !!!

à écrit le 19/06/2023 à 7:50
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Même si les impôts n’augmentent pas pour l’instant (il faudra sans doute attendre pour cela le prochain quinquennat), puisque le gouvernement va désormais tailler dans les dépenses publiques ce qui aura des conséquences fâcheuses pour notre vie quoti...

le 19/06/2023 à 8:25
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Le mot austérité n'est pas de mise quand on dépense 150 milliards tous les ans de plus qu'on gagne malgré les prélèvements automatiques records.

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