Budget : Les assises des finances publiques, pour quoi faire ?

Le gouvernement doit préciser les coupes budgétaires qu'il envisage ce lundi lors des assises des finances publiques. Après « le quoi qu'il en coûte », l'exécutif compte bien « refroidir » la dépense publique. Mais la guerre en Ukraine, le réchauffement climatique et les tensions sociales compliquent l'équation budgétaire de Bercy. Plusieurs associations de collectivités ont déjà prévu de boycotter ce grand raout. Malgré cette situation embarrassante, Bercy promet que «la porte reste ouverte».
Grégoire Normand
Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal et le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. (Crédits : Reuters)

Le gouvernement veut montrer qu'il veut serrer la vis sur les dépenses publiques. Contesté sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron est pressé de tourner la page de ce printemps houleux et agité dans la rue et les bancs du Parlement. L'exécutif a prévu de dévoiler ce lundi 19 juin lors des assises des finances publiques les principales coupes envisagées dans chaque ministère pour la préparation du budget 2024. Organisées à Bercy sous l'égide du ministre de l'Economie Bruno Le Maire et celui des Comptes publics Gabriel Attal, ces assises viennent conclure un cycle de réunions consacrées à la revue annuelle des dépenses annoncées cet hiver.

L'objectif est de parvenir aux objectifs présentés dans le programme de stabilité envoyé à Bruxelles en avril. La dette publique en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) devrait passer de 111,6% à 108,3% entre 2022 et 2027 alors qu'il anticipait une hausse de 111,9% à 112,5% sur la même période lors du précédent programme de stabilité présenté à l'été 2022.

Le gouvernement a certes déjà taillé dans les dépenses sociales par les réformes de l'assurance-chômage de 2021 et 2023 (3,3 milliards d'euros entre 2022 et 2025 selon l'Unédic) et celle des retraites avec un gain espéré de 17 milliards d'euros selon Bercy. Mais Matignon ne compte pas en rester là.

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Des coupes de 5% à prévoir dans les ministères

Au programme, la Première ministre Elisabeth Borne doit clôturer la matinée à Bercy par une intervention en présence des ministres Le Maire et Attal. Quelques semaines plus tôt, la cheffe du gouvernement avait envoyé une lettre de cadrage à toutes les directions ministérielles leur demandant des pistes pour faire 5% d'économies. « Afin de réorienter le budget de l'Etat vers cette priorité [la transition écologique], je vous demande de transmettre à mon directeur de cabinet, en amont des réunions budgétaires annuelles conduites par le ministère chargé des Comptes publics, des propositions pour dégager des marges de manoeuvre financières au sein de vos budgets », a ordonné Matignon dans un document consulté par La Tribune.

Sans apporter de détails, l'entourage du ministre de l'Economie a simplement précisé que les pistes envisagées seront dévoilées lors de deux table-rondes en présence d'élus et d'institutionnels. « Il y a des dépenses que l'on veut sanctuariser et d'autres que l'on veut baisser », a juste résumé un conseiller. La première réunion sera consacrée à la sortie du « quoi qu'il en coûte » et au désendettement. Le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici devrait donner ses recettes pour assainir les finances publiques. Lors de la seconde table-ronde, le rapporteur général de la Commission des finances et député Jean-René Cazeneuve devra faire une intervention sur « la qualité et la pertinence des dépenses publiques ».

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L'économie à bout de souffle complique l'équation budgétaire

La fermeture du robinet des dépenses publiques doit intervenir à un moment où le contexte économique s'est particulièrement dégradé. La charge de la dette française a augmenté ces derniers mois sous l'impact de la hausse des taux d'intérêt à 10 ans. Le durcissement de la politique monétaire de la BCE a considérablement réduit les conditions d'emprunt des ménages et des entreprises partout sur le Vieux continent. Résultat, la zone euro est entrée en récession ces derniers mois et la croissance tricolore devrait s'essouffler en 2023 à 0,6% contre 2,5% en 2022, prévoit l'Insee. Enfin, la désinflation annoncée devrait également amorcée une chute des recettes fiscales dans les caisses de l'Etat.

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En parallèle, l'Etat va devoir injecter des milliards dans plusieurs missions régaliennes comme la Défense avec la guerre en Ukraine. L'accélération du réchauffement climatique va obliger l'Etat tricolore à financer des enveloppes d'investissement colossales. Dans un récent rapport remis à la Première ministre Elisabeth Borne, l'économiste Jean Pisani-Ferry a chiffré les besoins d'investissements publics entre 27 et 34 milliards d'euros chaque année d'ici 2030. Et ce montant ne prend pas en compte les dégâts du réchauffement climatique sur l'environnement, la santé, l'économie ou l'agriculture.

Des associations d'élus boudent les assises

A quelques jours de ce grand raout, plusieurs associations d'élus et de collectivités ont décidé de bouder l'invitation du gouvernement. L'Association des Maires de France (AMF) a indiqué qu'elle ne participera à cette séance « car elle n'en partage pas les conclusions unilatérales annoncées à ce stade ». Elle considère que les « finances des collectivités n'ont aucune part à l'endettement massif de l'État, qu'au contraire elles contribuent à sa réduction par leurs excédents et que les baisses des dotations n'ont produit aucune amélioration puisque le poids de la dette dans le PIB ne cesse d'augmenter ».

L'association a également taclé la méthode. « La concertation était donc de pure forme ». Interrogés sur ce boycott, les conseillers de Bruno Le Maire reconnaissent qu'il y a eu « de l'incompréhension » au moment des réunions préalables. Et promettent de « ne pas fermer la porte »« On aura quand même des représentants des régions de France comme Renaud Muselier, des maires. On est pas dans une configuration où il y aurait un boycott plein et entier. On va continuer de s'inscrire dans un esprit de dialogue », poursuit Bercy. Une réaction qui risque une nouvelle fois de faire bondir tous les corps intermédiaires.

Grégoire Normand
Commentaires 14
à écrit le 19/06/2023 à 11:00
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Ne sont-ce point nos députés qui devraient porter la question devant les électeurs? Depuis la Révolution, ils ONT les cordons de la bourse. Ils n'ont JAMAIS brillé dans l'exercice de cette fonction. Il est vrai que la députation est plus une promotio...

à écrit le 18/06/2023 à 13:01
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Alors est-ce le grand soir pour un grand coup de pied dans la fourmilière des dépenses publiques; On se met à rêver mais pas trop quand même. 150 milliards de déficit . Il faut bien qu'un jour on y mette un frein.

à écrit le 18/06/2023 à 10:42
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En France, centralisée, étatisée à outrance et ayant beaucoup de mal à sortir ses Mastodontes Etatisés, gauchistes, pour l'ouverture à la concurrence Européenne si chère à MACRON et ses sbires dont LE MAIRE, il est grand temps de mettre au point des ...

à écrit le 18/06/2023 à 9:26
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Les assises des finances publiques : pourquoi faire ? Pour faire croire aux citoyens que l’on s’occupe sérieusement du sujet au sens d’une gestion rigoureuse alors que l’on voit depuis 6 ans et les faits et les indicateurs sont là pour le démontrer q...

à écrit le 18/06/2023 à 8:40
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M. Le Maire l'homme qui a pénalisé les handicapés en 2018 en supprimant leur LEP pour cause qu'ils étaient rattachés au foyer fiscal familial. Encore le bon technocrate qui n'a pas compris le lien particulier enfant (adulte) handicapé et parents il l...

à écrit le 17/06/2023 à 12:26
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Du bla bla pour qu'il ne sorte rien si ce n'est que des impôts nouveaux. Le seul moyen de faire réellement des économies c'est de restructurer l'état et les collectivités locales afin de réduire les dépenses sans trop altérer les services publics. Ce...

le 17/06/2023 à 13:31
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ce gouvernement comme les precedents ne font que de destructure la societe la ou il faut tout revoir une reforme de l'etat non ont place des incompetens un ex 1er ministre a la ratp et c'est la chienlit. un ex ministre de l'interieiur qui a de...

à écrit le 17/06/2023 à 11:56
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" Les assises des finances publiques, pour quoi faire ? " Pour augmenter la dette.. Comme notre Marianne je me retourne pour pleurer..

à écrit le 17/06/2023 à 11:30
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"«la porte ( de l'évasion fiscale) reste ouverte»" Ouf c'est bon ils vont pouvoir continuer à s'acharner sur les français ! On a eu chaud hein...

à écrit le 17/06/2023 à 10:46
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Qu ils réduisent leurs avantages en nature et qu on les soumettent à l urssaf et à l impôt …comme les salariés du public- vu le taux d entreprises privées taxées le privé fraudent pour préserver ses salariés - ça sera un début puis qu’on arrête de p...

à écrit le 17/06/2023 à 8:50
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Pendant ce temps : À partir d’octobre 2023, la prise en charge des soins bucco-dentaires par l’Assurance maladie va passer de 70 % à 60 %. Un surcoût de 500 millions d’euros que mutuelles, instituts de prévoyance et assureurs vont devoir répercute...

à écrit le 16/06/2023 à 21:42
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Des raouts, des grenelle, des conférences, des haut comités theodule, des commissions citoyennes, tout ça pour expliquer qu'on ne peut pas faire d'économies, et qu'il faut donc taxer les riches, et demander à Bruxelles de considère avec bienveill...

à écrit le 16/06/2023 à 20:32
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Chaque jour on nous annonce des dépenses nouvelles avec des milliards une telle promesse ne peut que nous rendre sceptique. Sortir d’une société socialiste basé sur une minorité de foyers imposables voilà les travaux d’Hercule

le 16/06/2023 à 22:42
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Et quand on y regarde d'un peu plus près, on constate que bien des imposables sont en fait les plus gros bénéficiaires des dépenses publiques, d'où l'endettement croissant du pays...

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