Le Haut conseil des finances publiques juge la prévision d'inflation du gouvernement "trop basse"

Les magistrats financiers considèrent que la prévision d'inflation, prévue par le gouvernement, à 1,5% en 2022, est trop basse "en dépit de la hausse des prix de l’énergie et de la nette amélioration du marché du travail enregistrées depuis le projet de loi de finances initial".
Le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a présenté l'avis du Haut conseil des finances publiques à l'Assemblée nationale ce mercredi.
Le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a présenté l'avis du Haut conseil des finances publiques à l'Assemblée nationale ce mercredi. (Crédits : Reuters)

Le Haut conseil des finances publiques (HCFP) juge "trop basse" la prévision d'inflation de 1,5% pour l'an prochain, que le gouvernement n'a pas modifiée, "en dépit de la hausse des prix de l'énergie et de la nette amélioration du marché du travail" qui pourrait tirer le niveau des salaires et des prix selon un avis publié mercredi.

Sur ce point, le chef du département de la conjoncture à l'Insee, Julien Pouget, interrogé par plusieurs députés membres de la commission des affaires économiques à l'Assemblée nationale mercredi fait le pari d'une inflation légèrement plus élevée. "A quoi doit-on s'attendre ? En faisant l'hypothèse que le prix du pétrole arrêterait d'augmenter, les effets de diffusion dans les services et les biens manufacturés devraient se prolonger l'année prochaine. L'inflation pourrait être proche de 2%" a-t-il déclaré.

Les autres experts interrogés s'attendent néanmoins à un ralentissement de la hausse des prix entre 2021 et 2022. "Les anticipations d'inflation ont certes augmenté ces derniers mois mais elles restent à des niveaux modérés conformément aux objectifs de la banque centrale européenne. La tendance à la baisse de l'inflation devrait se dessiner en 2023 en zone euro" a déclaré Nathalie Dezeure, directrice de la recherche macroéconomique chez Natixis.

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Les recettes supplémentaires n'ont pas servi au remboursement de la dette regrette le HCFP

L'institution rattachée à la Cour des comptes regrette que les recettes supplémentaires engrangées par l'Etat grâce à la meilleure croissance économique ne soient pas davantage consacrées à la réduction de la dette. "Le Haut Conseil constate que, contrairement à ce qu'il préconisait dans son avis du 17 septembre 2021, le surcroît de recettes attendu n'est pas consacré au désendettement, mais qu'il est, au contraire, plus que compensé par un surcroît de dépenses ou de mesures de baisse des prélèvements obligatoires", indique-t-il dans cet avis relatif au projet de budget rectificatif pour 2021 et aux révisions du projet de budget pour 2022.

Le projet de budget rectificatif pour 2021 est présenté mercredi en conseil des ministres et le projet de budget 2022 est en cours d'examen au Parlement, mais le gouvernement y a introduit d'importants changements, l'ayant poussé à consulter de nouveau, à sa demande, le HCFP, instance indépendante chargée d'évaluer la crédibilité des prévisions budgétaires.

Lors de sa première saisine, le HCFP avait ainsi regretté un texte "incomplet", estimant ne pas pouvoir rendre un avis sur les prévisions de déficit public. Depuis, l'exécutif a notamment annoncé 10,2 milliards d'euros de dépenses supplémentaires en 2022, en particulier pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages face à la hausse des prix de l'énergie, qui s'ajoutent à celles qui entreront en vigueur dès 2021 (chèque énergie supplémentaire, etc.)

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A cela s'ajoutent le plan d'investissement France 2030, avec une première enveloppe de 3,5 milliards d'euros budgétée pour 2022 (dont 2,8 milliards de subventions qui pèseront sur le déficit public), ou encore 550 millions d'euros pour financer le contrat d'engagement pour les jeunes.

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Conséquence : si le repli du ratio de dette publique pour 2022 est "plus fort que prévu", la dette devant passer de 115,3% en 2021 à 113,5% en 2022 (contre 116% dans la précédente prévision), "cela ne résulte toutefois pas d'une réduction du déficit public mais d'opérations de gestion de trésorerie de l'Etat", juge le HCFP.

Il estime toutefois plausible la prévision de déficit pour 2022 (5% du PIB), tandis que le déficit prévu pour 2021 pourrait être "légèrement inférieur" à la prévision de 8,1%, du fait d'une "sous-estimation des recettes assises sur la masse salariale", grâce à une évolution de l'emploi plus favorable.

Une croissance en 2021 supérieure aux prévisions de l'exécutif

En 2021, les recettes pourraient aussi gonfler grâce à une croissance économique attendue désormais bien au-dessus de la prévision de 6,25% du gouvernement. Cette prévision "devrait être dépassée, au vu des résultats, nettement meilleurs qu'attendu", de l'économie française au troisième trimestre, qui a progressé de 3%", note le HCFP.

Les recettes fiscales supplémentaires que pourrait alors engranger l'Etat "iraient à la réduction du déficit et de la dette", a assuré mardi soir le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, à l'Assemblée nationale.

Mercredi, il a précisé, toujours devant les députés, tabler sur "3 à 5 milliards d'euros" de recettes supplémentaires d'impôt sur les sociétés, de TVA et d'impôt sur le revenu, "en fonction du chiffre de croissance" en 2021.

(Avec AFP)

Commentaires 6
à écrit le 07/11/2021 à 10:55
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C'est pas l'inflation qui est trop basse, bien au contraire quand on voit les prix des légumes de saison, de l’électricité, gaz, essence... c'est plutôt les augmentations de salaires qui son inexistante pourtant la reprise est là . Pour quelle raison...

à écrit le 04/11/2021 à 14:04
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Quand une institution a un gugusse comme Moscovici comme président quelle crédibilité ?

à écrit le 04/11/2021 à 9:18
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Il est gentil le roumain il oublie que ces passages en tant que ministre ont été de vraies catastrophes

à écrit le 04/11/2021 à 8:52
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En attendant, l'Agirc/Arcco a floué les retraités en n'augmentant les pensions que de 1%. Pour le barème de l'IR , idem il ne va pas répliquer l’inflation.

le 04/11/2021 à 10:24
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Ce sont les syndicats qui ont limité la hausse de l'Agirc/Arrco

à écrit le 04/11/2021 à 8:35
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on rappelera que moscovici etait ministre de hollande, et vu la qualite de son travail, je pense que chacun est en droit de penser que ce qu'il dit n'est d'aucune valeur, car il a fait ses preuves en la matiere si on veut des chiffres, on regarde ce...

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