Le ministre de la Santé se rend au chevet des médecins libéraux

En grève le 13 octobre, les médecins libéraux portent deux revendications, dont la réouverture « urgente » des négociations conventionnelles avec l'Assurance maladie. Ce à quoi le ministre de la Santé Aurélien Santé vient d'annoncer l'envoi d'une lettre de cadrage plus courte et avec moins d'objectifs. Explications.
« Il n'y a aucune surdité de ma part à ce qui se passe » a souligné le ministre de la Santé Aurélien Rousseau (photo) dans Ouest-France en confirmant dans le quotidien renoncer à un dispositif qui avait hérissé les libéraux, le contrat d'engagement territorial.
« Il n'y a aucune surdité de ma part à ce qui se passe » a souligné le ministre de la Santé Aurélien Rousseau (photo) dans Ouest-France en confirmant dans le quotidien renoncer à un dispositif qui avait hérissé les libéraux, le contrat d'engagement territorial. (Crédits : Reuters)

Selon les chiffres de l'Ordre des médecins, il existe environ 82.000 médecins libéraux en France, auxquels viennent s'ajouter 20.136 médecins qui ont une activité mixte, libérale et salariée. Les praticiens libéraux réalisent autour de deux millions de consultations quotidiennes.

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Après un « vendredi noir » ce 13 octobre où douze syndicats de médecins ou jeunes médecins avaient appelé à la grève pour « donner un signal fort aux pouvoirs publics », le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, vient de faire un pas vers les médecins libéraux.

Deux revendications des médecins libéraux

Le mouvement porte deux revendications. Les médecins souhaitent, d'une part, la réouverture « urgente » des négociations conventionnelles avec l'Assurance maladie. Ces dernières avaient été rompues l'an dernier, donnant lieu à un règlement arbitral qui a fixé les tarifs des consultations à 26,50 euros pour les généralistes et 31,50 euros pour les spécialistes, soit une revalorisation de 1,50 euro par rapport aux précédents tarifs datant de 2017.

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D'autre part, les médecins demandent la modification de la proposition de loi Valletoux, portée par le député Frédéric Valletoux (Horizons), sur l'accès aux soins, qui sera examinée fin octobre au Sénat. Ce texte « chiffon rouge » pour bon nombre de praticiens vise à imposer aux médecins libéraux une forme de responsabilité territoriale. Elle prévoit notamment que les cliniques privées, et leurs soignants, devront davantage participer aux permanences de nuit et de week-end, pour soulager la charge des hôpitaux publics. Cette disposition exaspère beaucoup de médecins spécialistes : souvent affiliés à une clinique privée, ils redoutent d'être mobilisés pour assurer des gardes, voire d'être forcés d'aller en assurer à l'hôpital public.

Le « contrat d'engagement territorial » déjà abandonné

Le ministre de la Santé a déjà scellé l'abandon du « contrat d'engagement territorial ». Proposé l'hiver dernier, il devait être passé entre le médecin et l'Assurance maladie pour permettre au praticien d'obtenir une revalorisation plus forte de la consultation (30 euros pour les généralistes par exemple), s'il acceptait un assortiment de contraintes, dont travailler parfois le samedi, augmenter sa patientèle, des gardes plus nombreuses et l'embauche d'un assistant médical. L'introduction d'une « forme de conditionnalité », de la revalorisation de la consultation à l'engagement local du médecin, « était une erreur », a reconnu la semaine dernière Aurélien Rousseau.

Il a aussi indiqué ne pas vouloir aller plus loin dans le développement de l'accès direct - sans ordonnance - des patients à certains paramédicaux (kinés, infirmières en pratique avancée...), qui hérisse le poil de beaucoup de médecins. « Penser que c'est l'accès direct qui nous sortira des difficultés, c'est une fausse promesse, c'est un miracle, et je ne poursuivrai pas sur le chemin de ce miracle », a déclaré Aurélien Rousseau.

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« Aucune surdité de ma part » dixit Aurélien Rousseau

Interviewé par Ouest-France ce 15 octobre, le ministre de la Santé a annoncé la relance des négociations conventionnelles avec les médecins libéraux, en conflit avec le gouvernement, en adressant, le 17, une lettre de cadrage à leurs représentants syndicaux dans laquelle il confirmera renoncer au contrat d'engagement territorial.

« Mardi, j'adresserai au directeur général de l'Assurance maladie la lettre de cadrage contenant les lignes directrices de la négociation conventionnelle avec les médecins. Elle sera beaucoup plus courte, avec moins d'objectifs, » a déclaré Aurélien Rousseau.

La grève doit au moins se poursuivre jusqu'à lundi soir et une nouvelle réunion de l'intersyndicale. « Il n'y a aucune surdité de ma part à ce qui se passe » a souligné le ministre de la Santé dans Ouest-France en confirmant dans le quotidien renoncer à un dispositif qui avait hérissé les libéraux, le contrat d'engagement territorial.

« Il n'y a pas de doute pour moi sur le fait que l'engagement territorial des médecins est en marche. Il y a près de 80 % de la population qui est couverte par un CPTS (des réseaux hyperlocaux entre professionnels de santé). On était à la moitié de cela l'an dernier. Je ne renonce pas du tout à cette notion d'engagement territorial, mais je pense qu'elle n'a pas nécessairement besoin de la démarche conventionnelle pour progresser d'elle-même », a poursuivi Aurélien Rousseau auprès de Ouest-France.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 15/10/2023 à 21:37
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La médecine générale a t elle encore un avenir à l'heure de la telemedecine et de la pénurie de praticien ? A part pour la bobologie, la prescription de "doliprane", d'une prise de sang et du renouvellement d'ordonnance, quelle est vraiment leur util...

à écrit le 15/10/2023 à 18:12
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Le problème des pouvoirs publics ( politiques et administrations ) c'est de ne considérer les dossiers que sous l'aspect budgétaire à l'heure où la médecine générale n'attire plus du moins dans son mode d'exercice actuel ce n'est pas 1,5 euros de pl...

à écrit le 15/10/2023 à 16:54
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Ce n'est pas un urgentiste qu'il faut envoyer à la médecine libérale mais le SAMU; c'est quoi, déjà, le numéro? Mais non! Pas le 15! Le numéro de Le Maire!

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