Le sentiment de pauvreté grimpe en flèche chez les jeunes

Selon de récents chiffres de la direction statistiques du ministère du Travail, la proportion de jeunes estimant que leur situation s'est dégradée a quasiment doublé pour passer de 15% à 28% entre 2019 et 2020.
Grégoire Normand
(Crédits : Reuters)

L'onde ce choc de la pandémie continue de faire trembler la population française. Si la plupart des indicateurs économiques passent au vert depuis plusieurs semaines, la crise jette une lumière crue sur le désarroi que traversent certaines populations. Dans un baromètre dévoilé le premier juillet dernier, le département de statistiques du ministère de la Santé (Dress) dresse un bilan alarmant du sentiment de pauvreté chez les jeunes. La part des 18-29 ans jugeant que leur situation s'est dégradée entre 2019 et 2020 a quasiment doublé pour passer de 15% à 28%. Toute catégorie confondue, ce taux est passé de 19% à 25%. La multiplication des périodes de confinement, l'arrêt des petits boulots, la fermeture des universités et les difficultés d'insertion professionnelle ont sans aucun doute peser sur le moral de cette génération qui se sent parfois "sacrifiée". Au moment où le gouvernement s'oppose à l'extension du RSA aux jeunes de moins de 25%, cette augmentation du sentiment de pauvreté risque d'animer les débats. D'ailleurs, une majorité de la population française est désormais favorable à cette mesure selon le baromètre (54% en 2020 contre 47% en 2018). Interrogé sur ce sujet il y a quelques mois par La Tribune, le président du comité scientifique du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, Nicolas Duvoux avait expliqué cette opposition par la persistance de stéréotypes :

"Derrière ce refus, il y a une crainte et des suspicions à l'égard du comportement des jeunes. Les opposants avancent souvent l'argument de l'assistanat.  Il y a clairement des enjeux politiques, qui témoignent de l'ampleur des préjugés envers les pauvres, soupçonnés de profiter du système, préjugés particulièrement marqués à l'égard des jeunes."

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Seuls les jeunes se sentent plus pauvres en 2020

L'un des résultats les plus frappant de cette enquête menée depuis une vingtaine d'années est que ce sentiment de hausse de la pauvreté est seulement caractérisé chez les jeunes. Dans les autres catégories d'âge, cette proportion est relativement stable entre 2019 et 2020. Les 18-29 ans sont ainsi 26% à se déclarer pauvre en 2020 contre 20% en 2019. "Le sentiment de pauvreté est désormais plus répandu chez les jeunes que dans le reste de la population, alors qu'ils ne s'en distinguaient pas jusque-là" expliquent les statisticiens. ll faut rappeler que la situation des jeunes avant la pandémie était loin d'être enviable avec un taux de chômage bien supérieur à la moyenne nationale et une pauvreté largement plus présente que dans le reste de la population.

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Un sentiment de déclassement en hausse

Cette crise sanitaire a des répercussions importantes également dans le sentiment de déclassement qui frappe particulièrement les jeunes. Cette impression de décrochage augmente significativement (+14 points) pour passer de 22% en 2019 à 36% en 2020. "Les jeunes qui pensent que leur situation est pire que celle de leurs parents au même âge deviennent plus nombreux que ceux qui jugent que leur situation est meilleure que celle de la génération précédente" indiquent les auteurs de la note. La pandémie a grandement assombri leurs perspectives. Avant la crise, les 18-29 ans étaient les plus optimistes en proportion (68% en 2019). Ils ne sont plus que 51% à être confiants. C'est la proportion la plus faible depuis 2004 et c'est un niveau proche des plus de 60 ans qui sont habituellement les plus pessimistes ces dernières années.

Grégoire Normand
Commentaires 5
à écrit le 11/07/2021 à 14:33
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Sentiment ? Non, Réalité. S'il n'est pas question de laisser mourir les vieux, il faut aussi penser à laisser vivre les jeunes et donner à tous les moyens d'une vie décente, sinon, le retour de flammes risque d'être violent.

le 11/07/2021 à 14:54
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ah non ! comment on va payer nos croisieres si on taxe pas ces feignants. A leur age je travaillais 80 h/semaine apres etre sorti des tranchées en 1918 ;-)

à écrit le 11/07/2021 à 12:58
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Sauf que... quand vous discutez avec des jeunes, de n'importe quelle csp, pour la majorité d'entre eux, la précarité, la compétition intra-entrepises, la compétition sociale, sont des principes parfaitement admis et tout à fait normaux. Je ne sais...

le 11/07/2021 à 20:41
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C'est vrai ils l'ont validé mais c'est parce qu'ils sont bien informés également bien que nous à leur age. Ça me rappelle une discussion avec une amie mère d'un fils qui se consacre à l'économie circulaire, à la permaculture et au survivalisme à fond...

à écrit le 11/07/2021 à 11:57
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Le massacre sanitaire, déjà que les jeunes sont oubliés part le néolibéralisme qui ne cherche qu'à les exploiter et les jeter en plus on les a encore plus enfoncer pour sauver des vieux malades. C'est l'empire des faibles et des détraqués qui détruis...

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