Législatives : vers un nouveau record d'abstention pour un premier tour, entre 52,5% et 53% selon les sondages

Le spectre d'une abstention massive et redoutée se profile pour le premier tour des élections législatives, alors que les électeurs votent depuis 8 heures. Fait inédit, moins d'un électeur sur deux pourrait s'être rendu aux urnes à la fin du scrutin. Au-delà de 50% des plus de 48 millions d'électeurs, ce sont les abstentionnistes qui pourraient arbitrer le match par procuration de ce premier tour, entre le chef de l'Etat fraîchement réélu et Jean-Luc Mélenchon, désormais patron de la gauche. En filigrane, s'achève aussi la recomposition des partis politiques traditionnels qui peinent à faire renaître l'engagement démocratique et à convaincre, en pleine poussée de l'inflation.
(Crédits : ERIC GAILLARD)

[Article mis à jour dimanche 12 juin, à 17H30]

Alors qu'il y a cinq ans, moins de la moitié des électeurs (48%) s'était déplacée aux urnes pour le premier tour des élections législatives, la tendance se confirme à nouveau en 2022 dans un contexte de flambée des prix. A 17heures, le taux de participation était de 39,42%, selon les chiffres du ministère de l'intérieur, soit plus d'un point de moins qu'en 2017 (40,75%) ainsi qu'en 2012 (48,31%). Une nouvelle manifestation de la crise démocratique profonde que traverse la France, à quelques heures des premières estimations, apparaît à nouveau.

L'abstention doit atteindre dimanche un nouveau record pour un premier tour d'élections législatives, entre 52,5% et 53% selon les estimations de cinq instituts de sondage, plus d'un point de plus que le précédent record de 2017 (51,3%). Autrement dit, moins d'un Français sur deux pourrait ne pas s'être rendu aux urnes ce dimanche.

Surtout, des 48,7 millions de Français appelés aux urnes ce dimanche, Emmanuel Macron, réélu pour appliquer un programme qui doit contrer l'inflation, attend d'obtenir une majorité à l'Assemblée nationale. Mais en plus de la défiance envers les institutions, les extrêmes, de gauche comme de droite, comptent redessiner à leur avantage le paysage politique.

Pour l'heure, les départements en tête de cette participation sont le Lot (52,37%),les Pyrénées-Atlantiques (50,42%), la Haute-Vienne (48,81%). A l'inverse, les départements où l'on a le moins voté sont : la Seine-Saint-Denis (27,72%), le Val-d'Oise (32%) et la Moselle (32,41%). A Paris, le taux de participation atteint difficilement aussi 36,57% à 17 heures.

Sans majorité claire, le recours au 49-3

Si Emmanuel Macron n'obtenait qu'une majorité relative, il serait contraint de composer avec les autres groupes parlementaires pour faire approuver ses textes de loi.

"On anticipe un premier tour difficile, avec le risque d'une forte abstention, ce qui n'est jamais bon", déclarait cette semaine une source gouvernementale, alors que les instituts de sondages prédisent un taux d'abstention supérieur à 51,3%, le record enregistré au premier tour le 11 juin 2017.

La situation s'est déjà produite en 1988, après la réélection de François Mitterrand. Son Premier ministre Michel Rocard avait ensuite dû composer, laborieusement, des majorités éphémères pour chaque projet. Il avait aussi recouru souvent à l'article 49-3 de la Constitution, un procédé permettant de faire adopter sans vote un texte de loi, dont l'utilisation a depuis été restreinte.

Aussi, 14 membres du gouvernement fraîchement nommés sont candidats au risque de perdre leur ministère en cas de défaite. La Première ministre Elisabeth Borne, nommée à Matignon le 20 mai, est candidate dans le Calvados pour la première fois de sa carrière politique. Au total, près de 6.300 candidats briguent les 577 sièges (voir leur portrait-robot), soit 20% de moins qu'en 2017, du fait notamment de l'accord à gauche. La majorité absolue est fixée à 289 sièges.

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La recomposition des partis traditionnels

L'abstention aux législatives n'a fait que progresser depuis le scrutin de 1993, passant de 31% cette année-là à 51,3% en 2017. Elle touche en premier lieu les jeunes et les catégories populaires.

Depuis cinq ans, la gauche tente de se rassembler. L'alliance de gauche Nupes (LFI, PCF, PS et EELV) se présente au coude à coude dans les intentions de vote avec Ensemble!, coalition macroniste de LREM/Renaissance, du MoDem et d'Horizons. Mais au second tour dimanche 19 juin, les réserves de voix pourraient faire défaut à la Nupes pour aller chercher la victoire, à moins d'une mobilisation forte des abstentionnistes du premier tour.

Pointant le manque de crédibilité, selon lui, de la Nupes sur le plan économique, Emmanuel Macron réclame une majorité "forte et claire" afin de pouvoir mettre en oeuvre son programme. Face à lui, Jean-Luc Mélenchon se présente comme "le troisième homme", appelant les Français à l'élire "Premier ministre" par ce scrutin.

Après que Marine Le Pen a engrangé plus de 40% des voix au second tour de la présidentielle, le Rassemblement national est, selon les sondages, distancé par la Nupes et Ensemble! en vue des législatives. Il pourrait toutefois obtenir entre 20 et 40 députés, contre 8 élus en 2017, et ainsi constituer un groupe parlementaire pour la première fois depuis 1986.

Le RN espère des conquêtes

Le RN, fort en PACA et dans les Hauts-de-France, espère avoir des élus dans de nouvelles régions, comme le Grand Est, l'Occitanie, voire la Nouvelle-Aquitaine.

Dans ce camp, l'ex-candidat à la présidentielle Eric Zemmour nourrit lui aussi, dans le Var, l'espoir d'être élu député. Il pourrait être le seul de Reconquête!, son parti.

Le dernier clou pour LR ?

Enfin ces législatives s'annoncent à très haut risque pour la droite traditionnelle des Républicains (LR), pilier pendant des décennies de la vie politique française, mais loin du pouvoir depuis 2012, et dont la candidate Valérie Pécresse a obtenu moins de 5% des voix à la présidentielle.

Les bureaux de vote ouvriront leurs portes à 8 heures pour les refermer à 18h - ou 20h dans les grandes villes -, avant un second tour prévu dimanche prochain.

Si aucun candidat ne dépasse 50% des voix dans une circonscription, un second tour sera organisé entre les deux premiers impétrants et ceux ayant franchi la barre des 12,5% d'inscrits au premier tour.

(Avec agences)

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Commentaires 6
à écrit le 12/06/2022 à 20:57
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À part pour payer des taxes et des impôts ,les diverses décisions de politiques Françaises sont dirigées par Bruxelles dont son parlement est dirigé par Washington .Donc au pire on va payer et pour le reste on attendra les prochaines élections améric...

à écrit le 12/06/2022 à 17:43
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Rien de neuf sous le soleil de la dictature républicaine aux modes de scrutins viciés pour garantir les privilèges de quelques uns au détriment des tous les autres...

à écrit le 12/06/2022 à 17:36
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Rien n'est fait pour améliorer la Démocratie et c'est déjà un tort pour ceux qui sont au pouvoir! De plus, ils possèdent le privilège d'annoncer la participation et et les scores finaux!

à écrit le 12/06/2022 à 13:05
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la responsabilité est celle du pouvoir qui ignore les revendications du peuple et des elus qui si il ne respect pas les directives de son parti se retrouve mis a l'index voir exclu et ce n'est pas avec la proportionnel que les solutions serons ...

le 12/06/2022 à 16:38
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Le peuple a voté même ceux qui ont voté blanc ont voté donnant une prime au gagnant donc à Macron sinon ils n’ avaient qu à aller voter contre … quand à ceux qui ne sont pas allés voter .. qu ils assument leur responsabilité …et ne viennent pas pl...

à écrit le 12/06/2022 à 12:56
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Chouette ! c'est parfais pour les sortants ! donc pour notre maître..

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